BONNE ANNÉE 2019 à tous…

Je vous avais promis quelques cartes postales ponctuelles et puis…et puis, le champ de mines qu’est devenu ma vie ne l’a pas permis.

Je me tiens encore debout, péniblement sur un fil incertain. Toute ma vie et ce qui en fait l’essence est incertain.

Vous me manquez, mon blog me manque, mes blas-blas me manquent mais la cohorte des jours, volcaniques et cendreux me paralyse. Il y a aussi une immense fatigue.

Je fais ma Cosette, j’en ai bien conscience mais je ne pouvais pas laisser le passage à la nouvelle année sur un silence de plus, un silence de trop.

Alors, soyez heureux, dansez, chantez, mangez, lisez, cueillez des fleurs, envoyez des cerfs-volants haut dans le ciel en regardant passer « les merveilleux nuages », savourez la VIE par tous les pores de votre peau, faites des folies et tout ce qui vous rend vivant…

Je vous souhaite une belle et merveilleuse année 2019.

Je vous embrasse.

Asphodèle

 

LES PLUMES de MINDOUNET !

Logo Plumes aspho 4 ème tiré du tumblr vanishingintocloudsBonjour à toutes et à tous (en zozotant comme Jupiter) 😉 ! Non, hélas, je ne reviens pas encore  mais ce coquin de Mindounet qui se faisait tirer l’oreille chaque fois qu’il y avait Plumes en a eu la nostalgie et a organisé une session sur son blog pour me faire plaisir (j’évite le mot « hommage », je vis encore hein !) et marquer également les sept années de son blog (OB et WP confondus). Vous imaginez mon émotion…(je deviens lacrymale en vieillissant) alors, je ne pouvais pas me défiler et j’ai écrit un texte avec les mots imposés qu’il avait recueillis, ces derniers devaient rimer avec Asphodèle et se terminer en « elle », « èle » ou « ele ». Nous avions de la marge… Soyez indulgents, vu le peu de temps dont je dispose pour moi,  c’est un premier jet et voilà bien longtemps que je ne m’étais prêtée à cet exercice. Mais cela m’a redonné envie de vous envoyer des cartes postales de temps en temps, vous me manquez et vous êtes si nombreux à me demander des nouvelles, alors à bientôt !..

Voici les 14 mots imposés :  aquarelle – voyelle – mirabelle – maternelle – stèle – éternel – bretelles – ribambelle -infidèle – dentelle – cannelle – passerelle – balancelle et ritournelle.

TEMPUS FUGIT

Au lendemain de la grande tempête, bien que ce fut l’été et la saison des mirabelles, la grosse horloge du clocher s’était détachée. Avant de tomber, les badauds l’avaient vu esquisser de gracieux mouvements dignes d’une balancelle-étoile de l’Opéra et Ô chance, elle avait chu dans la brouette du curé, remplie d’asphodèles fraîchement cueillies pour l’office du soir. S’en était suivie une course folle dans le village en pente jusqu’à la petite rivière bordée de nigelles inhabituelles en ce lieu. Elle était là, à moitié dans l’eau, l’arrière appuyé à une berge d’où s’envola une ribambelle d’oiseaux des marais.

a horloge dans eau n&b sépiaDe l’autre côté, la jeune fille au prénom de voyelles, Yayae, venue se baigner nue loin des regards indiscrets avait vite remis son jupon de dentelle en entendant la terre vibrer sous l’eau, son coeur battait plus vite  et quel ne fut pas son étonnement en voyant débouler l’étrange chargement entre les ajoncs avant de finir sa course comme on le sait.

L’horloge maintenant arrêtée la faisait s’interroger sur le Temps, cette aquarelle aux couleurs fondues qui s’entremêlent avant de se figer.

Elle remonta ses cheveux qui sentaient encore la cannelle des baisers de son amoureux, rajusta son bustier à fines bretelles en fredonnant une ritournelle venue d’un temps qu’elle n’avait pas connu. Elle enjamba la jolie passerelle de bois d’un pas hésitant au fur et à mesure qu’elle s’approchait du tableau incongru qui soulevait tant de questions en elle . L’horloge avait-elle rendu son âme au Temps ? Ou, était-ce Temps qui contemplait son reflet mouvant dans l’eau bruissante de la mémoire des rivières ? Puisqu’à l’égal des hommes une pendule pouvait mourir. Pourquoi le Temps éternel et cruel donnait-il à voir chaque jour, chaque minute, des vies qui s’éteignaient pendant que d’autres arrivaient entre les cuisses maternelles, sans savoir les bienheureux qu’ils passaient une porte écrivant déjà l’heure à laquelle elle se refermerait sur eux. Juste un chuintement dans le vent. Voilà ce que je suis, songeait Yayae. Le Temps, cet infidèle ne connaissait ni hier ni aujourd’hui ni demain.

Quand une vie s’éteint, il ne reste qu’un  blanc de silence vide sur une horloge arrêtée quelque part dans une rivière ou au-dessus de la stèle d’un tombeau.
Seuls les chants des vivants scandent la mouvance des heures habitées de nos rires ou de nos larmes…

 

 

 

 

 

Allons donc voir chez Mind les liens vers les textes des autres participants !

Poème tiré de l’anthologie féminine « D’ici et d’ailleurs », signé Jeanine Baude.

Je profite d’un « trou » dans mon emploi du temps pour vous rejoindre, pour taper ce poème  et participer au « printempoétisons » de Gwénaëlle. Poème sans titre comme la plupart de ceux de cette « Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines », intitulée « Pas ici, pas d’ailleurs » un énooorme recueil de plus de trois cents pages offert par Martine (Comment ça ? 😉 ) pour mon anniversaire et que j’ai beaucoup lu et relu…au fil des jours et des humeurs… Lire la suite

L’ARDEUR d’Anna de Noailles pour Le Printemps des poètes chez Gwénaëlle

Citation

Malgré mon absence et mes silences, je lis et surtout de la poésie car elle a un pouvoir de réconfort et de consolation indicibles. Alors pour être raccord avec le thème « L’Ardeur » de la 20ème édition du Printemps des Poètes, je vous offre ce poème d’Anna de Noailles qui sait de quoi elle parle…Je rejoins Gwénaëlle et son « PRINTEMPOETISONS », clic ICI,  qui associe poèmes et oeuvres d’art faites par elle-même ainsi qu’Emilie Berd qui participe également.

L’ardeur

Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu’à l’extase
La force vive ou la langueur.

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie ;

S’en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l’âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent.

Que le coeur s’éclaire ou se voile,
Qu’il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles…

Anna de Noailles, Le coeur innombrable

Une année chasse l’autre et le temps continue son tic-tac…

Je ne passe pas souvent mais je ne voulais pas que vous pensiez que j’avais la peste, que le chagrin était contagieux ou qu’il fallait y réfléchir à deux fois avant de me parler ! Alors, oui, je ne commence pas 2018 dans un délire d’espoirs et de (fausse) joie propres à ce moment de l’année. Lire la suite

Et hop on retourne en cuisine (aussi) pour le mois américain ! Muffins aux myrtilles pour tout le monde !

Y’a pas à dire c’est la rentrée, il faut reprendre les bonnes habitudes, taper ses recettes, prendre des photos, comme si ça ne suffisait pas de cuisiner ! Mais pour les « Gourmandises de Syl » que ne ferions-nous pas ?

Alors j’ai deux recettes à vous proposer mais puisque c’est le mois américain, on va se contenter des muffins aux myrtilles réalisés d’après une recette de mon cher Bernard, du blog « La cuisine de Bernard » donc, si vous voulez vous prendre la tête, si vous voulez la réaliser avec la précision d’un métronome et avec SES ingrédients, je vous conseille de suivre ce lien, sinon, ma version a été appréciée par Mindounet et la Douce, ils en ont réchappé, aussi pensé-je qu’on peut aussi la faire comme ça… Pour ceux qui ne le sauraient pas encore  : Mindounet = myrtilles, il faut faire au moins un dessert qui en comporte ! Alors Bernard est une excellente référence mais il faut tout peser, avoir un thermomètre, bref, j’ai un peu mélangé et je ne trouvais plus mon thermomètre (quand c’est rangé, je m’y perds), donc je me suis adaptée… Lire la suite

Jeudi poésie de septembre 2017, vert, encore vert…

Nous reprenons les bonnes habitudes, moi surtout avec une reprise en poésie, doucement mais avec toujours  autant de plaisir ! J’ai écrit ce texte (je n’ai pas la prétention d’être poète ès rimes, ès pieds et autres iambes), inspiré par un autre d’Eeguab, sur l’Ecrivaquier, il y a déjà quelques temps et je l’avais gardé pour un de nos jeudis. Soyez indulgents, la rime est souvent bancale mais l’esprit y est… Lire la suite

RETOUR…sans fanfares ni trompettes !

Le retour septembrien. C’était au programme que je m’étais fixé, il le faut maintenant que mes journées s’écoulent à ma guise (enfin presque), si on ne tient pas compte de la folie paperassière qui cherche à me noyer depuis mai, avec retards sans arrêt, crises de stress et la tête farcie ! Je vous épargne aussi le « vidage » de la maison qui est loin d’être fini, mes changements de déco pour me réapproprier l’endroit a minima, faire en sorte qu’il soit vivable tout simplement. Et c’est beaucoup moins facile que je ne le pensais. Lire la suite

Quelle journée mes aïeux !

Non, je ne perds pas encore la tête malgré mon passage à la case « seniors » (quand on peut vraiment bénéficier de la carte s’entend) et mon blog n’est pas devenu un journal intime (quoique) , pas encore de billet livresque aujourd’hui, ce sera pour septembre comme prévu,  mais un mot pour remercier Mindounet le Mafieux, officiellement rebaptisé Grand Prêtre par moi, pour avoir fait de mon anniversaire (que je voulais un non-évènement le plus discret possible)…un tsunami qui m’a fait défaillir et plus encore… Et Soène qui a fait un billet (en plus du reste), non mais c’est trop, les deux comploteurs… De vrais Muppets tous les deux ! Et la Comtesse…je ne dis rien mais je n’en pense pas moins ! Lire la suite

Le jeudi poésie avec Les papillons bleus de Jacques Viallebesset

Logo du jeudi poésie pour présentation d’un poète.

Il fallait que je vous le dise : l’Agenda Ironique ce mois-ci installé chez L’Ecrevisse Turbulente, rencontre un succès grandissant, avec des participations de qualité qui me réjouissent. Il  a été aussi, pour moi, matière à m’esclaffer cette semaine, quand deux participantes emportées dans le feu de leur conversation ont parlé des jeudis poésie d’Asphodèle, ajoutant pour l’une que ce nom  lui évoquait « les salons du siècle passé et même du siècle d’avant » !!! Inutile de vous dire qu’outre le fou-rire qui ne me lâche pas depuis quand j’entends « salon », je pense pampres et cotonnades fleuries, parfum d’iris et de violettes, gibus et crinolines froufroutantes ! Dodo m’ayant demandé un doigt d’angustura, je vais penser à concocter un goûter très XIXème d’ici peu pour nos délires poétiques ! Merci aux deux jeunes filles en fleurs qui ont rebaptisé ce jeudi en « salon du siècle dernier et même de celui d’avant » d’avoir fait ma semaine ! 😆

Un peu comme ça non ?

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L’AZEMMOUR – Pour l’Agenda Ironique d’avril avec Martine !

Mieux vaut tard que jamais, je suis sur le fil, puisque c’est le dernier jour pour remettre nos copies, alors, n’ayant pas eu le temps de remanier la mienne, je vous la livre telle que écrite le 9 avril, un soir, d’une traite… J’eus aimé m’y attarder davantage et compter mes mots en « ude » mais ce sera comme ça !!!

Les consignes en bref : raconter un voyage, avec nom des escales etc (voir chez notre turbulente Ecrevisse les détails) et y ajouter un dizaine de mots avec le suffixe « ude »… Pas plus de 1000 mots (j’ai bon). Allez, en route, l’équipage vous attend à bord !

L’AZEMMOUR

Je devais avoir cinq ans la première fois que j’ai pris le bateau. Un bateau qui reliait Alger à Marseille, le Sidi-Ferruch je crois. J’ai des photos devant cet immense bâtiment qui semblerait minuscule aujourd’hui face aux usines à touristes charriés par des croisiéristes sans âme. Je serai honnête, je n’ai aucun souvenir de cette traversée, aucun souvenir direct. Néanmoins,  depuis cette enfance bourlingueuse, j’ai toujours envie de monter à bord quand je vois un voilier, un chalutier, un vieux gréement ou un cargo.  Quand notre regard s’est abîmé une fois, une seule fois au-delà de la ligne infinissable de l’horizon, cette envie d’aller vers lui, de le dépasser ou de voir ce qu’il y a au-delà ne nous quitte plus. C’est ce qui m’est arrivé et ne me lâche jamais.

Et puis, à la deuxième longue traversée, Marseille-Casablanca, j’avais 3 ans de plus et là mes souvenirs sont d’une nettitude précise. J’en garde un éblouissement qui a dû participer à ce que je suis devenue par la suite. Que suis-je devenue d’ailleurs ? Parfois je me cherche sans me trouver, je ne me reconnais pas dans la glace (c’est la vieillitude diront les mauvaises langues) mais pas seulement. C’est le roulis qui manque sous mes pas, ce doux balancement qui provoque des nausitudes à beaucoup, me berce et m’emporte ailleurs.

Je vais vous raconter une histoire. A bord de l’Azemmour, nom du paquebot qui nous emmenait mes parents, mon frère et moi vers le Maroc pour quatre ans, c’était la vie des croisières d’antan, comme on en lit dans les livres du siècle dernier et de celui d’avant. La veille de l’arrivée (la traversée ne durait que deux jours et une nuit), le capitaine donnait un bal et bien sûr les enfants n’étaient pas conviés. La Méditerranée ce soir-là était aussi calme qu’un lac suisse. Seulement mon horloge interne n’était pas suisse du tout et je commençais à trépigner pour aller à ce bal quand je vis ma mère enfiler sa plus belle robe. J’étais insomniaque depuis la naissance et ma mère savait que si elle voulait la paix il faudrait m’assommer. Ce qu’elle fit, en me faisant ingurgiter une bonne grosse cuillérée de Théralène (oui j’entends les cris d’orfraie, non ma mère n’était pas indigne je vous rassure). Et moi qui n’étais jamais malade ni en bateau, en avion ou en voiture, j’ai rendu tripes et boyaux cette nuit-là ! Culpabilisant ma mère avec la cruauté des enfants sûrs de leur bon droit (et lui gâchant le bal au passage mais j’estimais que c’était bien fait !). C’est ainsi que pour le dernier jour à bord, juste avant l’arrivée, j’eus le droit de faire ce que bon me semblait sur ce paquebot aux mille cachettes. Rendue à ma solitude d’enfant intrépide, je descendis à la salle des machines où glougloutait le ventre du bateau et ceux qui veillaient à notre sécuritude. Un coup d’œil aux turbines fumantes et hop j’étais déjà repartie, ce n’était pas dans mes rêvitudes. Je croisai le capitaine qui ne put s’empêcher de me chanter « Isabelle si le roi savait ça » et je lui rétorquai que je n’avais pas pu mettre ma robe de dentelles puisque le bal était interdit aux princesses comme moi ! Interloqué, le vieux loup de mer tira une bouffée de sa pipe en corne en se raclant la gorge et me tapota gentiment les cheveux avec dans son regard quelque chose qui semblait dire « attends de grandir un peu jeune fille »… Ivre de vexitude, je continuai ma balade jusqu’à la proue, mon graal, mon fantasme absolu depuis que j’avais lu La petite sirène d’Andersen ! Je me rêvais en figure de proue, mystérieuse, fatale évidemment et inaccessible bien entendu.

Il n’y avait personne . Les gens étaient bien trop occupés à traîner leur langueur de lendemain de bal sur les transats du pont, sirotant une eau gazeuse réputée reconstituante et les plus atteints avaient recommencé les cocktails que le barman agitait dans son shaker avec la grâcitude des professionnels. Un piano lointain jouait des airs de jazz auxquels je n’étais pas insensible mais qui ne correspondaient pas au volcan qui bouillonnait dans mon esprit exalté . Il m’eût fallu un grand air d’Opéra que ma tante la diva  soprano de l’Opéra-Comique aurait chanté rien que pour moi : Carmen, La Norma, ah oui la Norma ! Drapée dans mon châle léger, mes cheveux embroussaillés aux quatre  ventitudes, j’avançai vers la proue, telle Phèdre vers son destin, enfin, à l’époque on va dire la petite sirène, l’air de la Norma en tête sur fond de mauvais jazz et… damned…je trébuchai sur un tas de cordes. Pourquoi donc y-a-t-il toujours des tas de corditudes mal intentionnées à bord des plus beaux bateaux ? Dans les films on ne les voit jamais, sauf quand ça sert à une manœuvre du héros comme Hemingway sur son rafiot ! Bref, je fis un vol plané…jusqu’à la proue et je n’avais rien de la belle mystérieuse dont j’aurais voulu être l’incarnitude à cet instant précis où le soleil au zénith laissait deviner les murs immaculés de Casa la blanche. J’en oubliais mon rôle de dramaturgitude et yeux grands ouverts, je réalisais que l’horizon venait à moi, qu’il y avait des palmiers et des maisons blanches dispersées sur des collines comme je n’en avais encore jamais vues. Est-ce que ça me rappelait l’Algérie de ma petite enfance ? Je ne sais pas. L’émotion qui me claquait les joues comme la brise qui venait de se lever me traversait de part en part, j’arrivais à « l’horizon ». La gamine de huit ans que j’étais alors venait de réaliser qu’il y a toujours un port au bout du voyage, qu’on l’attende ou pas, qu’il corresponde ou pas à ce que l’on en attendait, il est là, vivant, chargé d’odeurs inconnues. Pour moi ce fut un mélange d’épices, de fuel, de jasmin et  d’oranges amères que je n’ai jamais oublié…1000 mots,
©Asphodèle , le 9 avril 2017.

Joyeuses Pâques !

Pas de recettes aujourd’hui, ma journée d’hier (et d’avant-hier) s’est passée au téléphone avec mon opérateur téléphonique puisque je change de smartphone et passer de la Pomme au Coréen n’est pas sans rebondissements puisque ma carte SIM n’est TOUJOURS pas déverrouillée ou elle l’est mais plus de réseau depuis samedi matin 11h, alors je suis avec deux appareils inutiles ! La poisse continue ! Malgré un parapluie agressif pour parer aux mauvais coups (du sort) !Et comme je dois rattraper mon retard aujourd’hui, je vous offre mes souhaits de gaieté, gavez-vous de chocolats, c’est le moment ou jamais et prenez soin de vous !Que les cloches soient avec vous, sans pluie, ce serait mieux !  😀Je vous souhaite un bon dimanche et un lundi de Pâques reposant, digeste surtout ! 😉

Allez quelques images fleuries du jardin…jungle comme dirait mon amie Lili !

Le jeudi-poésie vert (et printanier), d’avril 2017.

Logo des jeudis poésie pour ceux qui écrivent…

Mars fut long et pluvieux, j’ai sauté un jeudi (comme ça m’est déjà arrivé), aussi je suis ravie de vous retrouver en ce début avril ensoleillé, bouillonnants de sève printanière, la plume fourmillante d’inspiration !

Ont poétisé ce jeudi, nombreux, les fidèles de toujours :

CEUX QUI ONT ÉCRIT UN POÈME ou UN/DES HAÏKU(S) :

1 – Carnets Paresseux arrive (courbaturé) sur les bosses de ses « Trois baleines d’avril » !
2 – Jacou nous offre aussi un « Pré Vert », de son cru, en hommage à Prévert, vous l’avez deviné !
3 – Val, qui a remis une selle à sa Jument Verte s’interroge sur son futur moyen de transport ? Puisque c’est « Bateau ou papillon » ?
4 – Modrone-Eeguab-Edualc nous offre « trois haïkus voyageurs« ….
5 – Eléonore, la douce, nous revient avec « Quelques vers silencieux »
6 – EmilieBerd, que Mindounet avait sauvagement déshabillée (ICI), a remis sa cornette et nous emmène sur le chemin de la « Profession de foi » !
7 – Soène , en haïku (mais habillée), a fondu devant le charme d’une « Violette » urbaine.
8 – SYL. s’échappe dans la campagne à la poursuite de « La mûre et l’enfant »…
9 – Célestine (hé oui tout arrive, même en retard 😉 ) empoigne la vie « À bras le coeur », comme elle sait si bien…
10 – Asphodèle ci-dessous : un haïku (EXIL) et un poème : FEINTES DE PRINTEMPS.

CELLES QUI PRÉSENTENT UN POÈME :

1 -Martine , « prévertissime » en ce mois d’avril qui célèbre les quarante ans de la mort de l’auteur nous emmène dans le « Futuralisme » de ce cher Jacques Prévert. (Extrait du recueil « Choses et autres »). Publié la semaine dernière également mais comme on ne se lasse pas de la poésie…
2 – Claudialucia nous présente une photographe-poète,  Nia Dadle, « Entre photographie et poésie »
3 – Sharon & Nunzi nous offrent le 26ème sonnet des Regrets de Joachim du Bellay.

***

Je commence par le haïku

EXIL

Sombre périple
De l’exil non désiré,
Bateau naufragé.

Et un poème  sur l’arrivée du printemps, quand on n’y croit pas encore tout à fait…

FEINTES DE PRINTEMPS Entends-tu toi aussi mon ami
la musique souterraine
de la terre qui s’éveille en charivari
tout au long de la plaine ?IMG_0744.JPG

Sens-tu, à l’aube, le parfum des roses
encore lointain, imperceptible
que l’on devine en toutes choses
qui disent l’indescriptible ?

Caresses-tu de ta main si douce
le satin des anémones et des crocus
comme si le chant de la source
descendait en roulant avec les cumulus ?

Vois-tu ce ciel gris là où tu es ?
La brume qui ne veut pas céder,
la pluie qui s’obstine à ruisseler
donne aux fleurs du jardin
la mélancolie des répudiées.Vierges effarouchées par le matin,
sans grâce avec la moue du chagrin.

Écoute et chéris les souvenirs silencieux
qui ont encore du jus de cerise aux lèvres ;
Souffle sur la fleur de pissenlit avec cette fièvre
qui  amène la flamme à  tes yeux…

Et fais un voeu : celui de m’aimer après la fin.
Au-delà de la faim ,
Au-delà de la soif…
En ces jours où la vie te coiffe
au poteau et te cloue dans la main
un baiser sans lendemain…

©Asphodèle – Avril 2017

Un été à quatre mains de Gaëlle Josse

Montage personnel.

Recevoir un nouveau livre de Gaëlle Josse est une joie intime qui m’assure un moment de lecture privilégié, entre art(s) musicaux, peinture, ses domaines de prédilection, style poétique mais aussi envolée de l’imaginaire à partir de recherches et de déductions absolument crédibles et infiniment possibles… Comme elle le dit dans son avant-lire : « Chaque histoire de vie, chaque destin possède ses trous noirs, ses terres d’obscurité et de silence, ses creux et ses replis. On devine parfois qu’ils « bourdonnent d’essentiel » comme l’écrivait René Char. On devine qu’en leur secret, derrière le rideau, se sont joués des moments décisifs, dont les harmoniques continuent à irradier la vie, longtemps après. » (page10).

Je connaissais Schubert, sa célèbre « Truite », « Rosamonde » car mon père nous berçait de classique mais de Franz je ne connaissais rien et ce fut une découverte surprenante.

Une toute petite partie des classiques qui ont bercé mon enfance (un peu moins mon adolescence rock & roll) !

Ce sont quelques mois de la vie de Schubert, entre la fin du printemps jusqu’à l’automne 1824 que nous conte Gaëlle Josse. La possibilité d’un amour à portée de main, de coeur et d’âme et son impossibilité à se réaliser.

En 1824, Franz Schubert a déjà composé ses plus beaux morceaux mais reste un compositeur pauvre qui vit à Vienne avec ses amis une vie de bohème qui lui convient parfaitement, sauf ses échecs auprès de ceux qui font la pluie et le beau temps dans le monde musical. Autrement dit les critiques car ses pairs ont reconnu le génie en lui. Aussi quand il est invité à Zseliz, villégiature prisée de la campagne hongroise, chez la riche et haute aristocrate famille hongroise EsterHazy, comme maître de musique, pour la deuxième fois après 6 ans, les deux jeunes filles dont il a la charge ont bien grandi. L’aînée, Marie, 21 ans est déjà une mondaine comme sa mère sans réel intérêt pour Franz, alors que Caroline, âgée de 19 ans, lui a laissé un souvenir timide, portée par l’amour de la musique, par leur jeu à quatre mains pour lequel il a composé nombre de lieds et autres partitions qui sont passées depuis à la postérité. A l’époque il est hanté par « La belle meunière« .

Il n’a que 27 ans et mourra quatre ans plus tard, malade de la syphilis,  il est déjà empâté, transpirant, court sur pattes mais a une âme et une sensibilité de gentleman. Et surtout, il a besoin d’argent après les « bides » de son année 1823. « Sa musique à lui n’est qu’intériorité, tendresse, joie simple et mélancolie, mais il est difficile de renoncer à ces rêves de gloire qu’il vit les yeux ouverts, dans le secret de ses nuits… » (page 24). Aussi, les mécènes que sont les Esterhazy lui offrant le gîte, le couvert et une belle somme d’argent ne se refusent pas. Mais Franz conscient qu’il en a besoin place sa musique avant les mondanités et leurs hypocrisies. Sa musique seule compte, il est habité par elle, écrit sans cesse sur son papier à musique et trouve en Caroline un écho fait de grâce, de mystère et de talent  qui l’envoûte peu à peu. « Franz ne peut penser à une possible idylle avec elle. Leurs noces demeureront secrètes et spirituelles. La vie doit-elle toujours en aller ainsi ? De douleur en déception ? De tendre songe en cruelle réalité ? » (page 60).

Néanmoins, le coeur déchiré, alors qu’il repartira mi-octobre, heureux aussi de retrouver les joies de la liberté de sa vie viennoise, l’écharde est dans son coeur et ne va cesser de grandir puisqu’il composera ouvertement une oeuvre qui lui sera dédiée ainsi que toutes ses compositions à quatre mains. N’y a-t-il pas eu des signes qui ne trompent pas un coeur amoureux pendant cette parenthèse enchantée à Zseliz ? Des frôlements, une main qui s’attarde sur son poignet…mais aussi le vert, la « mauvaise couleur » à chaque fois qui le conforte dans son désespoir solitaire et son destin contrarié (aujourd’hui on dirait mauvais karma). Ou ne devrait-on pas préciser que le désespoir de se voir refuser ses pièces au profit d’auteurs à la mode  le plonge dans des abîmes de tristesse inconsolable.

En donnant vie à une possible histoire d’amour entre Franz et Caroline dont on ne sut jamais rien de la réciprocité, sauf que Caroline ne se maria que 20 ans plus tard et que son mariage fut déclaré nul à sa mort en 1851 ! N’est-ce pas pas un signe de plus qui a poussé Gaëlle Josse à broder sur cette histoire ? Sa plume est toujours aussi aérienne comme les quatre mains fiévreuses de Franz et Caroline au piano lors de cet été suspendu dans la chaleur estivale de Zseliz.  » À la fin de la leçon, Caroline se lève, remercie pour la leçon, prend congé sans un sourire. Franz croise un regard d’une insondable tristesse.Un appel muet qui lui déchire le coeur. » (page 80).

La dimension musicale, historique, le décor de Vienne côté bohème et de Zseliz qui est une démonstration de profusion des richesses brossent aussi un tableau de l’époque qui s’avère passionnant. Je ne dis pas tout, bien que dans l’avant-lire Gaëlle Josse ne laisse aucune place au « suspense », si c’est ce que vous cherchez, passez votre chemin mais malgré cela, on se prend à espérer, à rêver que…peut-être…au dernier moment Frantz enlèverait la sage Caroline à son milieu luxueux…

J’ai lu tous les livres de Gaëlle Josse et avec celui-ci, j’ai l’impression (qui n’engage que moi) que son oeuvre est comme un puzzle inachevé (et inachevable ?) dont elle reconstitue un morceau à chaque livre en parcourant des chemins à la fois familiers et vierges qu’elle s’évertue à rassembler, recoudre. Mais chaque romancière n’est-elle pas un peu la couturière de son âme ? Et je ne peux qu’espérer que le puzzle est loin d’être achevé et que d’autres broderies aussi fines nous attendent…

Merci à Gaëlle pour cet envoi gracieux et fort apprécié. Une lecture que je vous conseille, si comme moi, vous aimez l’Histoire, la musique mais aussi et surtout la petite histoire qui fait la différence…

« Un été à quatre mains » de Gaëlle Josse aux éditions HD ateliers Henry Dougier, sorti le 23 mars 2017.87 pages (trop vite lues). 8,90€. Un très bel objet-livre, ce qui ne gâche rien !

Et pour finir une « Fantaisie pour piano, à quatre mains » qui a dû résonner au-delà des hautes fenêtres du petit palace qu’était la demeure des Esterhazy, soufflant sur la campagne surchauffée de Zseliz ses notes mélancoliques dont les harmoniques résonnent encore au-delà du temps…