A vos agendas ! Pour des raisons indépendantes de ma volonté je serai absente en juin (dates pas encore fixées), pour 5 semaines et je ne sais pas encore dans quelle mesure je pourrai utiliser l’ordinateur. Aussi, à la demande générale (malgré une réfractaire), il y aura deux sessions de plumes en mai, grâce à une âme charitable (qui tient à garder l’anonymat) qui collectera vos liens, me permettant ainsi de m’occuper des jeudis poésie qui tombent les mêmes semaines. Collectes les 4 et 18 mai pour des textes les 9 et 23 mai ! Alors heureux ? !
A 22 heures hier soir, j’avais les liens (plus ou moins) des 24 fauteurs de troubles suivants ! Par ordre d’arrivée des liens (plus ou moins) . Et 5 de plus ce matin. :
Monesille, Ghislaine53, Val-Grenouille59, LilouSoleil, Melle La Démone, Thiébault de Saint-Amand, Soène, Jacou33, Martine27, Modrone-Eeguab, Cériat, Pascal Bléval, Mélusine80, Les mots d’Isabelle, Astrid-Toinette, Réjanie, EmilieBerd, Fred Mili-Choupi, Carnets Paresseux. Bizak, Martine Littér’auteurs, Marlaguette, DimDamDom59, Célestine. Eva, Janick. PatchCath. Merquin. MarieJo64.
Mon texte fait suite à une série mettant en scène « Mademoiselle » et dont le premier texte a été écrit en mai 2011 pour Des mots, une histoire chez Olivia, d’autres ont suivi, là, ici, ou encore là. Le texte d’aujourd’hui est une forme d’épilogue même si Mademoiselle n’a pas encore dit son dernier mot…puisqu’elle m’est revenue quatre ans après !
LE VENT AVAIT POUSSÉ MADEMOISELLE…Se pouvait-il que la pente douce des jours glissât enfin entre les doigts fébriles des matins d’avril, eux qui se levaient tôt dans une débauche de ciels flamboyants et de parfums grisants exhalés par les lilas refleuris ? Se pouvait-il que les griffures des années passées qui avaient balafré ses questions sans y répondre aient pris un tramway pour ailleurs ? Lui permettant de savourer la gourmandise de l’instant quand l’espérance valse avec la brise légère, ramenant dans son sillage d’anciennes promesses perdues au large, à la proue d’un navire jamais revenu du Timor oriental, les cales chargées d’épices, d’or et de liqueurs ambrées.
Mademoiselle savourait son chocolat au soleil, assise sur les marches en pierre qui descendaient au ruisseau plissé de rides facétieuses, comme celles qui flottaient à la surface de son esprit exalté. L’envie de se tapir entre les verveines odorantes, d’écrire sur ces quatre dernières années la tenaillait. Écrire l’attente de cet amour disparu et toujours présent, velléité lancinante pour donner sens à ses errances et justifier sa nouvelle existence. Écrire son allergie au bitume parisien, pire que des sables mouvants, le travail dur, l’argent gagné pour retourner dans ce hameau proche de la lande où vibrait encore dans la mémoire des bruyères et des ajoncs l’écho de son amour pour Julien, faisant naître dans le ciel des étoiles filantes éphémères, mourantes sous la lune, au cimetière marin des poussières invisibles.Elle devait retourner là où tout avait commencé, se mesurer à l’endroit où se tenait autrefois la maison à la brocante aux fenêtres brisées aux verres ébréchés, royaume des courants d’air et terrain d’envol pour les oiseaux ; elle devait être rasée maintenant que la mère était morte . Écrire aussi l’autocensure accrochée à des pans de sa vie d’enfant, qui, en occultant le déplaisir avait maintenu l’espoir d’y revenir un jour, sans trembler. L’argent gagné à Paris n’avait pas allégé les fardeaux que la vieille femme lui avait infligés. L’odeur de la misère ne l’avait jamais quittée.
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Elle sourit en regardant sa petite Suzanne endormie, sa peluche coincée entre le pouce et la joue. Elle fit chauffer le lait chocolaté. Des volutes odorants s’échappèrent et réveillèrent la fillette qui s’assit d’un coup dans son lit. Elle se leva et se jeta au cou de sa mère, lâchant son doudou sur le carrelage.
« Mange toutes tes tartines Suzanne », dit Mademoiselle d’un ton sérieux, nous allons faire une longue promenade aujourd’hui…
– Où ça ?
– Sur la lande où j’ai grandi…
– Là où il y a ta vieille maison ?
– Oui, mais elle n’existe plus …
– Et tu me raconteras l’histoire du bateau qui n’est jamais revenu du très loin voyage à cause de la tempête ?
– Peut-être Suzie, peut-être…
Elles marchèrent longtemps en cueillant des fleurs sauvages mêlées aux bruyères. Mademoiselle sentait l’impatience de l’enfant au fur et à mesure qu’elles approchaient.
– Regarde maman, regarde c’est ta maison !Mademoiselle écarquilla les yeux de surprise. Un homme jeune, le cheveu blondi par le soleil, la peau creusée de sel et de sillons précoces, se tenait sur le pas d’une coquette porte repeinte en bleue. Les mains en éventail devant les yeux, il se protégeait des rayons obliques du couchant. Quand il reconnut Mademoiselle, il se précipita à sa rencontre. Il plongea ses yeux clairs presque transparents dans ceux de Suzanne et ils lui renvoyèrent un miroir. Aucune question n’était nécessaire.
C’est alors qu’une étincelle courut entre les bruyères autour de la maison aux volets bleus, un feu follet célébrait les retrouvailles des amants séparés et sous ce feu illuminant les herbes, ils sentirent un désir intact courir dans leurs veines et sur leur peau.
– On m’avait dit que… murmura-t-il en l’embrassant et en les broyant toutes deux contre sa large poitrine, Suzanne déjà accrochée à son cou, inquiète et pourtant béate.
– Chuuut, répondit Mademoiselle avant de lui donner un baiser pour y croire, juste y croire.
– Hé monsieur tu me fais mal !
– Ce n’est rien mon petit, ce n’est rien, c’est de l’amour qui se rattrape…
©Asphodèle – 25 avril 2015 – 683 mots.
Les 26 mots imposés étaient : Allergie, velléité, brise, espérance, étincelle, écrire, déplaisir, censure, enfant, gourmandise, première, tramway, rides, éphémère, envie, amour, voyage, peluche, chocolat, pair (animal ou verbe), envol, baiser , attendre ou attente, vibrer, volutes, valser.