Voici un recueil que j’ai lu à sa sortie, fin août-début septembre, que m’a offert Mind The Gap (l’animal connaît bien mes goûts !) et que je ne me lasse pas de lire et de relire comme souvent mes ouvrages de poésie.Ce sont des textes en prose, un peu à l’image de La patience des buffles sous la pluie de David Thomas (dans un autre genre). Je vous en parle plus longuement (mais pas trop non plus), à la fin de ce billet. Je n’ai pas choisi le titre éponyme du recueil mais un autre…Quand vous verrez la photo du livre d’où dépassent plein de post-it, vous comprendrez le mal que j’ai eu à faire un choix !
Ont poétisé avec moi aujourd’hui… beaucoup moins de monde qu’il y a 15 jours, on dirait que ça vous plaît finalement d’écrire un poème, on va remettre ça l’année prochaine ou même en décembre si ça vous tente ! :
1 – Soène : version française d’Imagine de John Lennon
2 – Même les sorcières lisent : Le mois mouillé d’Henri Bataille
3 – EmilieBerd : Il fait froid de Victor Hugo
4 – ClaudiaLucia : Jean-Michel Maulpoix et Andrée Chédid
5 – Sandrion : un poème de Jean Racine
6- Et la douce PatchCath qui n’avait pas laissé son lien jeudi ! 😥 avec La sieste de Victor Hugo !………
UN COUP DE VENT GLACÉQuelque chose comme un coup de vent glacé dans une maison aux fenêtres closes. Souffle froid qui gonfle le rideau. Qui traverse le ventre. Qui plonge en tourbillons dans le noir du crâne. Et puis tout qui retombe. Quelqu’un parti trop tôt. On ne le connaissait pas. Sinon ce fut cyclone. Mais c’est bien suffisant déjà, pour ne pas oublier qu’un jour ou l’autre. Et plutôt un jour que l’autre d’ailleurs, vu la chance qu’on a. L’écho du vide qui résonne à l’intérieur. Qui nous rappelle la combustion lente et certaine du papier d’Arménie. Un coup de vent glacé. Tourbillonnante jusqu’à terre. La petite fumée de nos vies.
Thomas Vinau, extrait du recueil Bleu de travail, 80 pages.
Éditions La Fosse aux ours – 1 place Jutard – 69003 Lyon. ©2015.
Ce dernier ouvrage de Thomas Vinau ressemble à ce que j’ai déjà lu de lui et je vous en ai beaucoup parlé, ICI (Nos cheveux blanchiront avec nos yeux), ICI ou encore LÀ (Juste après la Pluie). Ici, le parti pris du texte en prose ajoute un souffle nouveau. Le poète nous dit à sa façon qu’il ne suffit pas d’écrire en vers pour faire de la poésie et Thomas Vinau est poète jusqu’au bout des ongles, c’est son appartenance intime au monde, sa façon de vivre, son « bleu de travail ». Modeste aussi quand il parle de « ces textes de rien, de faim et de soif ». « Il faut chaque jour plonger ses mains dans le cambouis, se coltiner un peu au rien, aux petites beautés ratées ». C’est un travail aussi, d’être poète ! Mais j’y ai senti autre chose, une maturité peut-être comme si l’éternel adolescent, en s’approchant de la quarantaine, laissait sa flûte au collège pour jouer du trombone, plus jazzy mais aussi plus mélancolique. Comme en témoigne le poème ci-dessus. Une conscience plus aigüe de l’évanescence des êtres et des choses.
S’il a fait du rien et du « minuscule » (Juste après la pluie) son credo, il est généreux, offre ses poèmes à ses amis ou à une certaine Émilie (son bonheur du jour et son carburant). Il savoure l’instant qui passe, il aime le matin, presser l’interrupteur et que jaillissent les couleurs pendant que l’odeur du café lui monte aux narines. Il ne pourrait vivre sans la poésie, elle transcende ses joies et ses peines, elle est sa soif inassouvie. Et tant mieux pour nous ! Le jour où le poète n’a plus ni faim, ni soif, il se vide de sa substance, de sa raison d’être et …d’écrire.
Amis de la poésie, ou pas, vous aimerez ces textes qui parlent de vous, du quotidien, du travail, « des amis, des amours, des emmerdes » avec cette sensibilité musicale, délicate propre à Thomas Vinau. Merci encore Mindounet pour ce cadeau qui m’est cher !