Ceci est la suite du texte de la semaine dernière que, vous pouvez relire ICI, si le coeur vous en dit !
La neige tombait doucement maintenant et Lina, délivrée du feu de la musique commença à trembler, pantelante comme après un orgasme, du moins ce qu’elle en avait lu, n’ayant encore jamais connu ce grand frisson dans les bras d’un amour.
Des peurs démoniaques, obscures se faufilaient dans le silence crayeux, oppressant et froid. Non elle n’était plus la déesse de ses rêves d’enfant ni la princesse que sa mère eût voulu qu’elle fut. Elle était orpheline, désemparée et sa vie dérivait au fil d’un temps liquide comme l’eau calme des fleuves d’hiver, ces eaux sombres avalées par les ombres abyssales des profondeurs comme ses mains qui se refermaient sur un vide inexorable. Elle avait beau essayer de se stimuler pour faire face aux contraintes qui l’attendaient, d’adopter un comportement seyant à une jeune fille qui vient de perdre ses parents, rien n’y faisait. Elle se réfugiait chaque jour un peu plus dans l’immatérialité des choses, dans des rêves encore si chauds qu’il lui était impossible de démêler les siens de ceux de ses parents, dans les projets qu’ils avaient écrits ensemble et qui à présent se défaisaient comme une bobine de fil roulant sur un plancher ciré. Comment expliquer aux hommes de l’administration qu’elle avait attendu le retour des étoiles pour venir réclamer son héritage ? Elle devrait aussi se nourrir quand les placards seraient vides . Qu’allaient-ils lui répondre, ces hommes assis à califourchon sur leurs certitudes immuables ? Lui renvoyer leur morgue en faisant des acrobaties de papier en double exemplaire pour se donner de l’importance. Des jongleurs de l’inutile, voilà ce qu’ils étaient.
Elle jeta un châle sur ses trapèzes endoloris par le froid et sa sérénade nocturne en se dirigeant vers la maison, roide comme une statue d’albâtre figée par les ans et le chagrin des solitudes millénaires. Les bougies, allumées dans des photophores aux fenêtres la firent sourire un court instant. Elle était seule dans son palais immaculé aux murs suintant des souvenirs heureux des Noëls anciens ; c’était hier et elle confondait la réalité avec son imagination ! Elle devait être équilibriste pour continuer d’avancer sur ce fil étroit tendu au-dessus du rien, pour croire à sa propre histoire, pour laver le trouble qui montait en elle quand elle ne jouait pas au piano. D’ une large bande de sable, découverte par la marée montait les cris des mouettes. Écho strident des cordes brisées de son archet intérieur. Demain c’était Noël, qui viendrait le lui souhaiter ? Qui répondrait au silence de l’absence ? C’est alors qu’on frappa à la porte…
à suivre…
Les 14 mots imposés recueillis chez Olivia pour Des mots, une histoire étaient : orgasme,
sensoriel (pas pu ni voulu le placer, à chaque fois il faisait tache, désolée) , stimuler, imagination, histoire, comportement, trouble, démoniaque, (à) califourchon, acrobatie, trapèze, équilibriste, jongleur, large.