NOCTURNE SUR LA FALAISE (suite)

maison sur la falaise n&b inquiétante

Ceci est la suite du texte de la semaine dernière que, vous pouvez relire ICI, si le coeur vous en dit !

La neige tombait doucement maintenant et Lina, délivrée du feu de la musique commença à trembler, pantelante comme après un orgasme, du moins ce qu’elle en avait lu, n’ayant encore jamais connu ce grand frisson dans les bras d’un amour.

Des peurs démoniaques, obscures se faufilaient dans le silence crayeux, oppressant et froid. Non elle n’était plus la déesse de ses rêves d’enfant ni la princesse que sa mère eût voulu qu’elle fut. Elle était orpheline, désemparée et sa vie dérivait au fil d’un temps liquide comme l’eau calme des fleuves d’hiver, ces eaux sombres avalées par les ombres abyssales des profondeurs comme ses mains qui se refermaient sur un vide inexorable. Elle avait beau essayer de se stimuler pour faire face aux contraintes qui l’attendaient, d’adopter un comportement seyant à une jeune fille qui vient de perdre ses parents, rien n’y faisait. Elle se réfugiait chaque jour un peu plus dans l’immatérialité des choses, dans des rêves encore si chauds qu’il lui était impossible de démêler les siens de ceux de ses parents, dans les projets qu’ils avaient écrits ensemble et qui à présent se défaisaient comme une bobine de fil roulant sur un plancher ciré. Comment expliquer aux hommes de l’administration qu’elle avait attendu le retour des étoiles pour venir réclamer son héritage ? Elle devrait aussi se nourrir quand les placards seraient vides . Qu’allaient-ils lui répondre, ces hommes assis à califourchon sur leurs certitudes immuables  ? Lui renvoyer leur morgue en faisant des acrobaties de papier en double exemplaire pour se donner de l’importance. Des jongleurs de l’inutile, voilà ce qu’ils étaient.

Elle jeta un châle sur ses trapèzes endoloris par le froid et sa sérénade nocturne en se dirigeant vers la maison, roide comme une statue d’albâtre figée par les ans et le chagrin des solitudes millénaires. Les bougies, allumées dans des photophores aux fenêtres la firent sourire un court instant. Elle était seule dans son palais immaculé aux murs suintant des souvenirs heureux des Noëls anciens ; c’était hier et elle confondait la réalité avec son imagination ! Elle devait être équilibriste pour continuer d’avancer sur ce fil étroit tendu au-dessus du rien, pour croire à sa propre histoire, pour laver le trouble qui montait en elle quand elle ne jouait pas au piano. D’ une large bande de sable, découverte par la marée montait les cris des mouettes. Écho strident des cordes brisées de son archet intérieur. Demain c’était Noël, qui viendrait le lui souhaiter ? Qui répondrait au silence de l’absence ? C’est alors qu’on frappa à la porte…

à suivre…

logodesmotsunehistoireLes 14 mots imposés recueillis chez Olivia pour Des mots, une histoire étaient :  orgasme, sensoriel (pas pu ni voulu le placer, à chaque fois il faisait tache, désolée) , stimuler, imagination, histoire, comportement, trouble, démoniaque, (à) califourchon, acrobatie, trapèze, équilibriste, jongleur, large.

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Les embaumés

just dance infinite-paradox tumblrDans les pleins appuyés de nos jours où coule la source de nos plus belles amours, nous ne voyons pas l’ombre descendre. De l’autre côté de la chambre flotte les déliés de l’histoire, entièrement dévoués à nos corps-à-corps. Emplis de nos mains et de senteurs mauves qui montent de la mer, là, juste derrière la maison, après le sous-bois.

Je t’entends soupirer de plaisir dans le petit matin, après avoir moulu le café en grains et que s’élève dans la maison l’arôme bienveillant de la cafetière italienne qui chante sur la flamme de la gazinière.
En hâte, je remets mon jupon pour respirer l’air de l’aube et danser nu-pieds sur le sable encore humide de la marée montante. Au retour, je cueillerai des brins de lavande pour la jeter entre nos draps, pour t’en mettre une tige entre les dents et que tu me fasses ta « gueule d’amour ». Tu vas loucher et me faire rire. Et dans ton rire à toi, j’entendrai le soulagement des amants repus.

Debout, je regarde le scintillement complice et éphémère de l’océan. Je sais au plus loin de la mémoire de mon âme, qu’à ce bonheur d’être, de respirer en m’étirant comme le font les chats pour mieux sentir la vie me passer sous la peau, je sais que le chaos des ombres viendra trop vite refermer les portes frémissantes de ces jours intemporels. Celui qui abolit les soucis et n’a pas de génie dans sa manche. Celui qui fait des couches amies, des tombeaux froids et gris où nous reposerons comme d’impuissantes momies.
Je glisse ma main soudain glacée sur mon ventre encore tiède des murmures de la nuit et je savoure pleinement la douleur heureuse de la joie qui éclate en étoiles dans mes yeux. Je le sais, nous nous envolerons mon amour, dans le rire clair d’un soir d’été ou dans le mouchoir froissé des regrets…

logodesmotsunehistoireC’était ma participation à l’atelier d‘Olivia « Des mots, une histoire » n° 105 ; les mots à placer étaient : soulagement, soupirer, souci, bois, source, senteur, génie, cafetière, grain, arôme, lavande, mauve, embaumer, momie.

LA BARRIÈRE

gif mer ressac headlikeanorange tumblrDerrière la barrière invisible, je regarde furtivement les gens autour de moi, propulsée dans un monde qui semble ne plus tourner rond, étouffant dans cet espace clos et insane où tombent comme la pluie des hallebardes de larmes enfouies sous le fer des cuirasses humaines.
Pas de grilles, pas de barbelés mais autant de prisonniers enfermés dans un corps déjà mort, aussi creux qu’une boîte de conserve vide. Qui dégouline de trop de chair ou d’os à vif. Les blessures se voient, éclatent à la lumière chaude du jour, dans ce zoo non dissimulé à la vue des passants. Chacun y entre ou en sort dans une indifférence mêlée de crainte ou en réprimant un frémissement d’horreur. L’arc-en-ciel des poètes ne descend jamais au bas de ces murs sales et gris ni à l’horizon de ces hommes rompus par la vie. Ils titubent, ivres d’alcool, s’accrochant à la main d’une femme lourde d’une grossesse qu’on ne sait si elle est désirée tant les visages sont lugubres. Je me dis qu’il n’y aura pas de bisounours dans le berceau du bébé, juste un sein las où il tètera de l’amertume au  lait d’une mère dépassée par une dépression post-partum et qui, entre deux nausées essaiera de trouver le repos. Ecoeurant, mais l’homme ne finira jamais de se reproduire en croyant assurer sa survie.

Derrière la barrière, les moins atteints relèvent la tête, font semblant de ne pas voir, se disent qu’ils ne font pas partie de cette zone indéfinissable où la frontière entre la vie et la mort vous suspend à un précipice perpétuel. Entre vertige et désespoir. L’âge est aboli quand la chair est triste, qu’elle redevient peau écorchée sur des os rongés par le temps et les souffrances. Je reste debout, tétanisée, évitant de regarder la femme qui ne respire que par une seule narine. J’ai envie de pleurer, alors j’invoque le dieu de la mer, s’il existe… Lui qui dirige le mouvement des marées, pourquoi laisse-t-il ceux-là, pourrir sur le sable asséché par une éternelle marée basse ? Qu’il gonfle la vague qui déferle trop loin de la grève, qu’il souffle  dedans pour qu’en noyant la plage, elle emporte avec elle ces poissons agonisants.  Regarde leurs cris d’effroi ! Ils débordent de leurs yeux et avec eux, leur incapacité à dire d’où ils reviennent, quand ils savent s’ils sont revenus…

Alors oui, dieu de la mer, viens les arracher au sable des galets qui leur brûle la peau, ils se sont déjà effacés du monde, on a perdu leurs empreintes, brûlées à la température trop haute d’un dernier volcan en éruption. Vas-y, gonfle la vague de toutes les forces du vent et qu’il emmène avec lui le murmure inaudible de leurs derniers soupirs… Peut-être alors, verra-t-on des cerfs-volants danser au-dessus des vagues, heureux comme ces âmes qui rencontrent la joie au détour d’un nuage…

Je n’ai pas utilisé météo ! Vous me pardonnerez…

logodesmotsunehistoireC’était ma participation à l’atelier 105 « Des mots, une Histoire » d‘Olivia, les mots imposés étaient : arc-en-ciel – (bisounours) – hallebarde – fer – conserve – écoeurant – nausée – grossesse – dépression – repos – météo – température – chaude – horizon.

Cent mille chevaux d’argent…

cheval vlanc peinture licorne image du net© photo : clic dessus

Cent mille chevaux d’argent galopaient à l’horizon redevenu poussière. Des flammes hautes éclairaient le ciel de la nuit finissante. Était-ce le présage annoncé par la vieille Izia  : « Un nuage  noir d’hommes en colère s’abattra sur les jardins d’été et ils croqueront bien plus que les fruits de vos pêchers. Ce jour-là, l’écume des plages transformera en cendres l’eau claire de vos fontaines. »

Sarah ne put réprimer un frisson. Frissonaient elles aussi les feuilles tendres des arbres à l’empyrée des cîmes étoilées de la forêt. Les gens du voisinage se terraient quelque part, appliquant instinctivement la loi du silence, celle qui ne s’apprend pas quand on est nés ici. Au milieu de ces terres perdues perchées sur des rochers étouffés d’arbres broussailleux qui surplombent la mer.

Comme les chèvres agiles de la région, elle sautait d’un rocher à l’autre vers  la grotte cachée par des épineux. Simon avait eu la même idée qu’elle. Tant mieux. Ils n’aimaient pas l’étroitesse des maisons du villages, des ruelles et la promiscuité qui allait avec. Ils avaient grandi avec pour seules limites la mer et le ciel alentour, trouvant plus de ronces dans leur éducation que de roses politesses.

Une pulsion venue de sa mémoire ancestrale la fit se jeter brusquement au sol. Le bruit des sabots faisait trembler la terre. La grotte, à dix pas devant elle, semblait inacessible ; elle se mit de côté, alourdie par son ventre rond qu’elle caressa machinalement. Tous les sens en éveil, elle sentit une larme rouler sur sa joue hâlée par le soleil en même temps que se dessinait dans le ciel le visage ridé de la vieille Izia. Elle voyait les lèvres de sa grand-mère remuer sur de muettes paroles mais les mots résonnèrent dans l’espace qui sentait les chairs carbonisées mêlées à l’odeur âcre de la poudre des fusils :  » Cela fait trop d’années que nous enterrons nos fils et, quand les filles survivent à cette prison barbelée de faim et de misère, les cavaliers du Nord les enlèvent pour satisfaire les désirs du Tyran qui a volé les clés du Royaume depuis cinquante ans. Résiste Sarah ! Tu n’es qu’à la surface de la vie, va plus loin, pour nous, pour tous ceux qui sont morts. Pars avec Simon et reviens quand la paix sera signée. Notre dignité ne suffira pas à nourrir ton fils ! Va ma fille ! » Sous la chappe désespérante de peur qui la clouait au sol, elle sourit à la complicité de la vieille dame morte depuis deux ans. Elle continuait de ramper en silence vers leur refuge quand elle vit un cheval, perdu et désemparé sans son cavalier, excité par le vent du Sud qui rend fou. Elle leva la main pour l’arrêter. Ce cheval était-il un autre signe, celui qui allait les libérer et les emmener plus loin ?

Sa vue se brouillait à présent, une douleur lui traversa le ventre et elle retomba sur le dos, ses yeux clairs accrochés aux dernières étoiles comme le souffle qui l’abandonnait cherchait l’air empuanti. Une dernière fois, elle tenta d’appeler Simon mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle comprit et se laissa aller dans le néant ; le liquide chaud qui coulait  entre ses cuisses était du sang…

plumedesmotsunehistoire2Ma participation à la 100ème de Des mots, une histoire d‘Olivia, les 18 mots à placer étaient : désir, pulsion, résister, prison, promiscuité, voisinage, désespérant, politique, correct, politesse, éducation, limites, frissonner, chair, croquer, pêcher, jardin, empyrée.

Une asphodèle chez le marabout !

curieuses ana-rosa tumblrOu l’art d’avoir tout essayé ! A bout de souffle depuis janvier , après avoir consulté quatre fois deux ophtalmologistes différents, et après avoir épuisé la pharmacopée existante sur le marché, me voilà décidée à « essayer » le guérisseur du village qui paraît-il « soigne tout » ! A défaut de pouvoir m’offrir des vacances sur une goélette XIXème dans une rade ensoleillée… Je précise que le presbytère dudit village a fermé cet été, les exorcismes se pratiquent donc…ailleurs !

Il n’est pas remboursé par la Sécu mais on laisse ce que « l’on veut » ; Je me rassure en me disant que je n’ai pas affaire à un individu louche, son nom  m’est  venu aux oreilles, je ne mets pas les pieds dans l’antre du diable. J’avais rendez-vous lundi dernier à 16 heures.

Il m’accueille chaleureusement, m’observe du coin de l’oeil (moi aussi) et me fait entrer, non pas dans un salon douillet mais… au fond de son garage, en sous-sol où il s’est aménagé un « bureau » aveugle qui m’oppresse immédiatement : quand je ne vois pas de fenêtre je panique. Il me fait asseoir sur une chaise au milieu de la pièce et me prie, gentiment mais fermement de dé-croi-ser les jambes, pour ne pas empêcher les énergies de circuler. C’est un réflexe mais chaque fois que je vais recroiser les jambes pendant la séance, il me donnera un petit coup de pied dans le mollet (oui oui, comme aux chiens pas sages). Il est assis face à moi sur un tabouret et pendant que son pendule tourne à tout berzingue (un peu aidé par sa main qui tremblote), il commence à débiter la liste de mes maux, à savoir le premier : « Tu es envoûtée » !!!! Waouh ! Je me retiens d’éclater de rire et je lui dis que je ne crois PAS à la sorcellerie et autres con*** de ce genre. Il continue à me scanner et, à l’écouter je suis pratiquement en état de mort clinique ! Je retiens mon fou-rire et le laisse continuer. Je me sens coincée.

Les choses sérieuses commencent : il se lève et s’agite autour de moi comme un hélicoptère patrouillant une zone de combat. Il murmure des borborygmes dans sa barbe ponctués de grands signes de croix (diable, c’est si grave ?), implorant je ne sais quels dieux de chasser LE MAL de mon corps martyrisé ! Baissant les yeux pour qu’il ne voie pas mon fou-rire retenu,  j’avoue qu’à ce stade, j’ai fait mine de me lever pour prendre congé et rire un bon coup mais tss tsss !, CE N’EST PAS FINI, IL FAUT CE QUI FAUT (sic). C’est bon, je ne suis pas sourde ! Le haussement de voix me fait me rasseoir. Je suis une fleur coupée, j’ai besoin d’eau (sic bis) ! Plus précisement, il entreprend de me « recharger » le plexus solaire ( pourquoi ai-je l’impression d’être une batterie morte ?) complètement « à plat »…et… comme par hasard sa main droite vient se caler sous mon sein gauche (hé ho c’est l’oeil qui est malade). Je toussote et je lui explique que, dans mon souvenir, le plexus solaire se trouve ENTRE LES SEINS. Il soupire, remet sa main au bon endroit et continue de souffler comme un cheval en bout de course. Il décide de me masser le dos qui ne lui semble pas très « droit » (tu m’étonnes ! Imaginez un double S). Le problème est qu’il m’astique (style avec la raclette sur son pare-brise gelé un matin d’hiver). Ho ho ! Je calme sa joie, faudrait pas qu’il me re-casse quelque chose. Bien. Il arrive à la tête, me fait des tours de passe-passe devant l’oeil, dignes d’une danseuse indienne et, rebelote, il se met à m’astiquer le cuir chevelu ! Woo Woo, doucement je lui dis… Il ajoute qu’il n’a pas qu’un seul tour dans sa manche (clin d’oeil appuyé) et me demande si je me sens mieux ? Gloups ! J’essaie de me relever sans tanguer, je sens bien que j’ai la queue de cheval de travers et la frange dans tous les sens mais je fais face, digne, oui tout va bien !! Sourire, je vais rentrer, hein, allez, on va en rester là tous les deux…

Mais que nenni ! Mon marabout est un homme prévenant, il se propose de me raccompagner devant ma porte ! Ce doit être ça cette histoire de chevalier des temps modernes ! Sauf que ça n’a pas marché et je ne complèterai pas cette séance par une autre comme il me l’a suggéré !!! Ciao Marabouto ! Que vais-je devenir ?

P.S. : cherche ophtalmologue compétent, si  vous en connaissez un, laissez-moi ses coordonnées ! Merci !

plumedesmotsunehistoire2J’en ai profité pour participer à « Des Mots, une Histoire » N° 92″ d’Olivia. Les mots imposés étaient : pendant, oreilles, congé, salon, baissant, coupés, presbytère, compléter, goélette, fleur, précisément, implorer, manche, sourds, individu, patrouiller, comme, devenir.

Les dates des Plumes de Noël ! Pour les survivants ! Même pas peur !

LOGO PLUMES2, lylouanne tumblr comBon je prends un risque en programmant ce billet mais WP n’assure pas la préservation des blogs en cas de fin du monde ! Faut pas charrier non plus ! Vu que les survivants deviendront des martyrs, nous vivons dans un monde cruel ! Ce pauvre maya qui n’a pas fini son calendrier avait peut-être tout simplement mal aux pieds ! Je ne suis pas vraiment qualifiée pour divaguer sur ces spéculations douteuses qui à coup sûr vont causer quelques accidents, aussi je vous propose de vous donner le calendrier des Plumes à thème (bien moins dangereux que le Maya), puisque Olivia (gif papillon bleu tinkerbell tumblr prend des vacances bien méritées. Exactement ! Et elle a bien raison ! Retour de « Des Mots, Une Histoire « le 7 janvier. Avec notre papillon bleu ! Elle est pas belle ma trouvaille ? (Olivia, c’est pour toi !)^^

En attendant, mon émerveillement sera décuplé s’il reste quelques participants à cet atelier, vu les circonstances… En plus (comme si on avait besoin de ça), le jour de la collecte tombe le jour du réveillon, et là je vous le dis tout net,  j’ai un chapon à farcir et des huîtres chaudes à préparer, donc comme je me suis dit que je ne serais certainement pas la seule, je vous propose d’avancer la collecte à dimanche 23, de 6h30 à 21 heures, je ferai un billet juste après pour que vous ayez la liste de mots et la publication des textes, elle, reste toujours le SAMEDI , ce qui, malgré les agapes, vous laisse un peu plus de temps ! Nous ferons pareil pour le dimanche 30 janvier ! J’espère que ça vous va ? Publication les samedis 29 décembre et  samedi 5 janvier 2013 ! Nous pourrons nous faire la bise pour la nouvelle année, en bonus !

Dimanche, je vous donnerai le thème et vous me laisserez en commentaires le mot qu’il vous inspire ! Si de nouveaux participants, sont intéressés, le règlement est ICI !

plumedesmotsunehistoire2Bon, j’ai quand même réussi à placer les mots du dernier atelier d’Olivia, n°86 qui étaient : préservation, pieds, trouvaille, émerveillement, exactement, qualifier, charrier, monde, martyrs.

VERTIGE

gif vertige sewingscars tumblr comL’abîme la contemplait et sur les rebords ourlés des larmes de sa vie, le vertige la gagnait, glissant, soyeux comme les robes mousseuses des femmes vertueuses qui meurent, racornies de chagrin en attendant un homme qui ne revient jamais. Dans le geste ample et déplié d’un temps où elles n’ont été que filles avant que d’être vieilles. La peur sur le visage, masque voilé de deuil des attentes impossibles.

Les hasards des nuits de juin, sous les tilleuls des printemps passés n’avaient été que des préludes inachevés, lui gelant les mains, la précipitant un peu plus vers ce vertige sans nom. Elle ne serait jamais grosse. Son ventre ne portait pas les traces de plis, là où les enfants se sont nichés un jour. Le téléphone ne sonnait plus depuis longtemps.

Aujourd’hui elle était venue dire adieu à l’abîme qui la cernait de gris, elle ne rentrerait pas au chaud de sa maison. Les yeux fixés sur les collines à l’horizon, une dernière fois. Là-bas, il lui semblait que les héros n’étaient jamais fatigués, n’étaient jamais là non plus quand on avait besoin d’eux, occupés à trinquer à de nouveaux hasards. Les héros sont cruels quand ils s’en sont allés. Pour cet oubli que la neige recouvrait, pour ce silence insupportable, elle se laissait glisser dans le vide…

plumedesmotsunehistoire2C’était ma participation à « Des mots, une histoire », édition 85 de l’atelier d‘Olivia. Les mots imposés étaient : racornir, grosse, prélude, vertueux, hasard, dire, peur, ferronnerie, téléphone, tilleul, abîme, fils (fille), héros. Je n’ai pas utilisé ferronnerie, désolée !

La fille sans joie…

Il était une fois une fillevirginale femme christmas4u tumblr. Il y a longtemps. Elle portait le prénom du conte préféré de mon enfance, « Paul et Virginie ». Virginie et l’image blanche qui colle avec : virginal, virginité, vierge. Sauf que… Sans aller jusqu’à lui donner le bon Dieu sans confession, à vingt ans son teint frais carillonnait mais derrière le visage trop fardé,  dans les ravines du rimmel noir qui coulait sur ses joues pâles, on essuyait parfois des traces d’enfance.  Vite refermées sous ses paupières lourdes de sommeil. J’étais loin d’imaginer à cette époque qu’un feu destructeur la consumait de l’intérieur. Je refusais de voir, jusqu’à ce jour où…

Un matin d’hiver blanc comme neige, je débarquai chez elle, décidée à renouer les fils distendus d’une amitié adolescente. Je pensai l’emmener courir au Bois de Vincennes tout proche. Que dire de mon effarement quand j’ouvris la porte non fermée à clé, après avoir sonné et attendu sur le palier, confusément inquiète. Ses rondeurs déjà molles s’étalaient sur le canapé troué par des mégots oubliés. Le Bois ne devait pas avoir la même résonance pour elle, pensai-je en regardant le spectacle triste des cendriers qui débordaient, les bouteilles vides éparses, ici et là sous la table du salon. Avachie et somnolente, il lui restait sur le visage, comme une marque indélébile, le poids des sanglots étouffés laissés par des passants anonymes au creux de son épaule ou entre ses seins.  Elle faisait pitié. Je détournai la tête pour éviter son regard vide et fiévreux, je détournai les yeux du néant vertigineux qu’elle était devenue. Comment l’enfance peut-elle se perdre ainsi ? Oublier les rêves de conquêtes pour se coucher sur le paillasson où s’essuient les larmes des défaites ? Nous n’étions plus reliées par cette complicité qui un an plus tôt seulement, à la même période, nous faisait marcher main dans la main vers les amphis turbulents de la fac. Nous deux, c’était déjà du passé. Ou dès le départ, une simple erreur d’estimation, un malentendu ?

Figée à l’entrée de la pièce, je vis son bras flasque ramper vers la table basse et s’emparer avidement d’un verre encore plein des miasmes de la veille. Elle rit en me découvrant, elle rit avec dans la gorge, cette hilarité sans joie des coupables à bout d’arguments pour se disculper. Elle se roulait dans la fange en espérant se relever, la dignité intacte. Rien de ce que je pouvais dire n’atteindrait la vacuité assumée de son coeur, là où la chaleur n’avait fait que passer. Elle ne pouvait ni mentir ni biaiser avec moi,  était-ce mieux pour sa conscience ? S’il lui en restait une… Elle avait ouvert les bras à la déchéance et à sa petite soeur décadence, elle était libre après tout d’inviter qui elle voulait. Il n’était pas question de nécessité, de problème d’argent ou de survie dans son cas mais de choix consenti. Une tache rouge sur la robe de son prénom immaculé.

En retrouvant l’air au-dehors, je respirai à pleins poumons. Je me sentis sale comme si d’avoir été un jour l’amie de cette fille m’éclaboussait par ricochets. Une sensation de cauchemar me fit frissonner en plein soleil. Je m’essuyai les mains sur mon mouchoir parfumé pour oublier…pour oublier quoi ? L’odeur irrespirable de l’amour frelaté qui entachait les jupons blancs des Virginie, ces pauvres petites filles abandonnées par les étoiles et qui frémissent  dans les bras impersonnels de la mort. Parce qu’elles croient toujours qu’il s’agit d’amour…

plumedesmotsunehistoire2Ma participation à l’atelier d’écriture d’Olivia, « Des Mots, Une Histoire » dont c’était la 84ème édition. Les 17 mots imposés étaient :
cauchemar – ou – conquête – problème – frais – objet – mais – hilarité – jour – relier – fois – rester – glacé – mieux – période – fac (faculté) – deux.

Et déambuler…

J’ai longtemps marché seule la nuit, dans les rues d’une ville familière dont je connaissais le moindre pavé. Elle scintillait sous le vent froid d’hiver et suspendait du givre au rebord des fenêtres. J’ai croisé l’étrange faune noctambule qui me frôlait, méfiante et susceptible de se savoir épiée.

J’entrais en apnée dans les bars animés où de puissants ténors refaisaient le monde sans pardonner les offenses que Dieu ou Diable leur avaient infligées. La harangue pâteuse comme vérification de leur pouvoir illusoire sur la poignée d’humains réunis là par hasard. Beaucoup de neige collait à leurs chaussures, telle un morceau de mémoire froide oubliée par le temps. Ils mentaient ou inventaient ou racontaient souvent, pour ne pas dire toujours, les mêmes dérives, les mêmes blessures en riant aux mêmes canulars. Enroulée dans ma cape sombre (qui ne soulevait pas l’admiration des foules), mon circuit variait d’une nuit à l’autre. Les tournois perdus d’avance et les joutes oratoires enflammées réchauffaient alors la banquise où mon coeur vivait en exil. Jusqu’à ce que l’un ou l’autre, ivre d’alcool et de mots sans suite perde au passage les derniers remparts d’une dignité déjà vacillante. Le temps s’arrêtait au fond des bouteilles vides et leurs lèvres saignaient de boire à des verres ébréchés.

Quand le matin blanchissait au dehors, sous un ciel chargé de désillusions, les visages creux se refermaient, les silhouettes chancelaient, fantômatiques, jetant à l’aube indifférente quelques bribes de rêves éclatés sur des miroirs brisés. Emménager de plain-pied dans la réalité ravive les tremblements tapis dans l’ombre des coeurs fragiles, ceux-là mêmes qui vont se coucher quand se lèvent les peurs obscures d’une nouvelle journée impossible à affronter.

Je ne suis jamais passée deux fois au même endroit, de peur de ressembler aux visages d’apocalypse qui me faisaient frémir. Aujourd’hui, alors que quelques sillons se sont creusés autour de mes yeux, qu’un pli soucieux barre mon front en souvenir des tempêtes passées, je me demande ce que penserait la jeune fille si elle me croisait un soir de pluie, ses hauts talons claquant sur le bitume de la ville endormie…

C’était ma participation à la 80ème session de « Des mots, une Histoire« , d’Olivia. Les 16 mots à placer étaient : Apnée, admiration, tournoi, vérification, pardonner, mentir, circuit, chaussures, canular, susceptible, emménager, satiné, banquise, cape, scintiller, pavé.

Sois sage…

Un vieux blues enroué s’élevait dans la pénombre jaunie de la nuit. Elle était là, pour une nuitée encore, comme à l’hôtel, chez elle et déjà ailleurs. A chaque fois, elle remontait des profondeurs sans bruit, sans prévenir, le sourire défait et le regard vitreux de ceux qui ne voient plus mais écoutent, aux aguets. Elle ne s’abandonnait jamais à la chaleur d’un massage. Résistante et tenace. Une épice violente, brasillante sur la peau laiteuse d’un téton en fleur. Un zouk incongru dans le silence marmoréen qui baigne la chambre.

Je la sais et je la sens, comme les escargots avec la pluie, parés de leur inutile coquille antichoc sous les feuilles rougies des érables d’automne.  Bigre ! C’est à toi que je parle chère Douleur qui sinue sournoise dans la communauté fragile des blessés. Je hais  ta rancune  qui mord les chairs déjà meurtries et cadenasse nos cris derrière des barreaux invisibles. L’air n’est pas ventilé sous ton haleine poisseuse qui semble rouler des siècles de vomissure.

Dans les lits semblables aux larmes du blues, tu modules ta voix et te fais sirène le temps d’un répit avant que ne résonne le choc de la prochaine détonation. Le bruit glacé du barillet s’imprime à jamais dans ma mémoire. Tu nous replies sur nous-mêmes à l’infini du mal, à la porte de l’âme s’abandonne encore ce vieux blues. Évanoui…

C’était ma participation à « Des mots, une histoire n°77 d’Olivia, les 20 mots imposés étaient : nuitée, zouk, cadenasser,blues, ventiler, vitreux, bigre, communauté, épice, s’abandonner, pénombre, antichoc, téton, rancune, massage, détonation, rouler, évanoui.

Une si longue histoire…

© Dominique Sanda.

Derrière le jardin joyeusement désordonné où couraient follement des arches de roses autour d’invisibles arceaux, on devinait le court de tennis au bruit sourd et monotone des balles. D’où je me tenais, en surplomb sur le balcon du premier étage, mes jumelles  sur le nez, je parcourais nonchalamment le paysage lorsque je vis plus nettement la femme qui jouait avec Maxime. Elle me rappelait une actrice oubliée aujourd’hui, La Sanda disait-on à l’époque, si belle dans un film sur le Jardin des Finzi quelque chose… Vous savez la mémoire à mon âge n’a pas l’avantage ! Une beauté mystérieuse au regard conquérant et impénétrable. Elle me fit une impression bizarre. Instinctivement, je serrai le médaillon qui ne me quittait jamais, caché sous mes chandails en laine l’hiver ou mes dentelles plus légères l’été. Impossible ! Qui était-elle pour Maxime ? Elle disparut de la ligne de vision de mes jumelles et mes pensées me ramenèrent vers d’autres jardins, un autre sérail, vers Bagatelle, une autre époque… Lire la suite

PREMIER RENDEZ-VOUS !

Les grappes blondes des raisins ployaient, impertinentes et gorgées de soleil sous le ciel de septembre. Je suis entrée dans la vigne, comme dans un cimetière, contrariée et muette, étrangère à cette inspiration soudaine que semble avoir la nature quand brûlent les derniers feux de l’été, quand les vergers rendent leurs fruits à la terre, épuisée d’être moissonnée.

Un instinct avisé me conseillait d’éviter les péripéties, de repartir en sens inverse, surtout ne pas ouvrir cette parenthèse sensible que je ne pourrais refermer. A l’inverse de la terre, mes forces étaient encore vives, j’allais à contre-temps, le remontant dans le sens inverse de ses aiguilles, jouant du violon sans archet en proie à l’euphorie qui embrume les bonheurs naissants… Une aporie de plus pour ajouter un trait de charbon à la longue liste de mes erreurs, pourquoi pas ? Adossé à un pêcher, tu me regardais approcher, un sourire biaisé au coin des lèvres. Et quelque chose de gonflé dans l’attitude qui me faisait penser à la fourmi qui vient de gober une mouche… Que ne l’ai-je remarqué à temps ? Tu n’as pourtant rien d’un gigolo mon pauvre Jean-Charles mais tes exagérations éperdues de la semaine dernière ont eu raison de ma patience légendaire. Ce droit de réponse, aussi délicat qu’un éclat de majolique, tu l’auras remarqué, s’avérait nécessaire et salvateur ! Tu m’as emmurée dans les clichés de ton imagination mythomaniaque, il fallait que je sorte de ce temple en stuc et en toc que tu as érigé et où je m’adonnerais à toutes sortes de turpitudes insensées ! En fait c’est encore pire ! Mais je ne t’en dirai pas plus, juste que je ne suis pas encore assez cougar pour me jeter sur les petits garçons effondrés sous leurs châteaux de sable, à égale distance des étoiles allumées dans leurs yeux et de celles contre lesquelles je m’allonge pour oublier ta plume ! Il va te falloir changer d’encrier et cesser de confondre vitriol et miel d’acacia ! Je compte sur tes talents d’éloquence pour rétablir la vérité, je sais que tes arrières-boutiques regorgent de bonne volonté, les vitrines, nous le savons, ne sont que de superficiels pis-aller…Et tu sais ce que je fais des vitrines moches ??? Je les casse !!!

Ça c’est fait ! :mrgreen: Après les Plumes, point de répit avec un zouave pareil, c’était donc ma participation à l’atelier d’Olivia qui vient de rouvrir ses portes ! Allez-y voir, la déco a changé et elle est toujours aussi souriante ! Pour ce « Des mots, une histoire » 72, les 21 mots imposés étaient : distance, parenthèse, éperdu, instinct, emmurer, aporie, gigolo, archet, charbon, force, exagération, rentrée, inspiration, euphorie, sensible, attitude, majolique, étranger, péripétie, raisins, impertinent.

Le crépuscule du manoir…

Les bras languides de l’été s’ouvraient sur Sylvia, immobiles sous la canicule implacable. Debout, toute habillée dans le bassin aux nymphéas, près de l’étang poissonneux, elle ferma les yeux avant de se laisser glisser sous l’eau. Le monde du silence qui régnait là-dessous fit s’escamper les derniers bourdonnements d’abeille qui zigzaguaient dans son esprit. Essoufflée, elle remonta à la surface. Le manoir lui apparut alors dans toute la splendeur du crépuscule, bouton d’or perché au-dessus des champs avoisinants. Elle entendait au loin les musiciens jouer d’anciennes valses sur leurs archets enflammés. Et les abeilles se remirent à bourdonner… Lire la suite

Le rendez-vous du lavoir…

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Sur les pierres du vieux lavoir, Jeanne posa son visage en écoutant ruisseler l’eau en contrebas. Le soir descendait à présent, le ciel virait au bleu et elle eût aimé appuyer de toutes ses forces pour enfoncer plus vite la tête du soleil derrière la colline. Qu’il fit sombre. Qu’on ne vit pas ses larmes  heurter le silence des pierres. Les lavandières étaient parties depuis longtemps dans un envol joyeux de jupes froissées et de rires en cascade. L’odeur du savon flottait encore sur la mousse, trop forte, masquant celle de la terre abandonnée sous les feuilles.

Paul n’était pas venu au rendez-vous. Chaque minute qui passait la plongeait dans une vertigineuse incertitude. Pourquoi, lui, toujours en avance, bien qu’il eût toujours été le cancre de la classe, à la traîne mais…si beau,  s’était-il dérobé ? Pas question de sexe entre eux : une de Valmore n’offrait pas son bouton armorié  au fils de l’intendant, la tradition fut-elle surannée… Hier, dans le pavillon de chasse, il lui avait fièrement montré son uniforme d’infanterie ainsi que la liste du matériel envoyé par l’armée. La guerre l’attendait disait-il pour faire de lui un héros, son héros. Après ça, les de Valmore accrocheraient humblement leur particule à la pointe de sa baïonnette ensanglantée ! Après tout il était fort comme un turc et rusé comme un apache. Reviendrait-il seulement ? Jeanne s’assit au bord du bassin, lissant la mousseline de sa longue  robe blanche, corolle de dentelles alanguie comme un nénuphar. Elle jeta son chapeau de paille inutile au vent du soir et en contemplant son reflet dans les eaux sombres du lavoir, elle eût l’extrême conscience de la vanité de son existence. Elle aimait Paul, il fallait qu’elle connût le goût de sa peau avant son départ, qu’elle rencontrât sa chair et l’ivresse dont on parlait dans les livres interdits qu’elle lisait en cachette…

Soudain, les cloches des églises avoisinantes se mirent à sonner ; un glas retentissant et lugubre faisait fuir les oiseaux. La première guerre mondiale entrait dans leur vie en carillonnant. Sous le choc, elle croisa ses mains blanches contre sa poitrine et s’apprêtait à courir pour rentrer chez elle quand elle vit une ombre haute siffloter sur le chemin. Sous la lune qui montait entre les arbres, impénétrable et complice, Jeanne sourit en dégrafant le bouton de son col et sut que le rendez-vous du lavoir s’inscrirait à jamais dans sa chair et dans la pierre…

C’était ma participation à l’atelier d’Olivia pour « des mots, une histoire » n°69. Les mots imposés étaient : turc/turque – liste – avance – choc – minute – cancre – sexe – extrême – conscience – ruisseler – baïonnette – envol – suranné – apache – lune.

LE TEMPS GOGUENARD…

© Salvador Dali – 1931

A l’orée d’un âge qui s’enfonce déjà dans la nuit, ton visage s’est flouté avec les années. Pire que sur une photo jaunissante, le temps, méthodiquement s’est chargé d’en grignoter les contours comme les vagues gomment les bordures des falaises dentelées. Tu étais devenu mon confident éternel, tu m’avais emprisonnée à jamais dans un vêtement de deuil même si je m’habillais de blanc. Mon humeur alors versatile était devenue uniforme, recluse dans une forteresse capitonnée où les bruits de l’extérieur ne me faisaient ni bien ni mal. Surtout les stridences des sonnettes tirées par ceux qui se grisent d’amour. Ce sentiment mis à toutes les sauces du malmenage. Il reste une manne inépuisable pour les psys en tous genres ; il réanime à point nommé les manchettes ennuyées des journaux. Dès qu’arrive l’été, les pipoles de la planète s’habillent léger, suivi par de blondes hétaïres, gloussant sur commande avant de rouler sous la table, noyées de vodka-coke. Mais je m’égare mon amour. Reprenons. Le temps, ce petit salopard m’arrache jusqu’au souvenir du malheur ! Ce flou qui s’obstine n’est-il pas plus terrifiant que la netteté du cliché ? Il faut dire que l’odeur du bonheur est plus légère, plus volatile que celle des charniers.

Mais je n’ai pas voulu incarner la nostalgie à moi toute seule. Ressembler à ce courant d’air qui s’était engouffré pour balayer ce qui restait de nous et me surprendre à mâcher du vide. Rester béante  à panser mes cloques. A en devenir démagogue pour m’arranger avec ma bonne conscience (la mauvaise a fait pschitt toute seule !). Ce n’était plus une saine occupation mais un délitement sans issue. Mes illusions brisées sur les murs froids du silence jamais ne reviendraient… Et quand j’aperçois encore ton regard qui s’éloigne, je sais que les yeux de l’absence auront toujours la couleur des tiens, coulés dans le bronze de ma peau.

Ce que j’ai fait n’est pas trahir je pense. Tant d’années ont passé. Tu comprends ? Lui… Il est autre. Il est présent. Il aime. Il est vivant…

C’était ma participation à l’atelier d‘Olivia, « des mots, une histoire ». Les mots imposés étaient : versatile – hétaïre – uniforme – vêtement – cloque – jaunissant – démagogue – manne – goguenard – tablette – illusion – forteresse – confident – griser – manchette – occupation – orée – sonnette.

Je n’ai pas utilisé tablette, désolée !

DIVAGATIONS EN TERRASSE…

A peine assise à la terrasse du café elle avait commandé un double bloody Mary (sans céleri merci !), profitant du soleil revenu après les orages plombants des derniers jours. Elle claqua la langue avant de siroter l’antidote au poison qui s’était incrusté dans  sa vie depuis un mois. Si elle avait pu trafiquer les calendriers en plus de vivre sous anesthésie générale, elle eût écrit des quatrains enflammés au Dieu de la Justice Amoureuse ! Comment ? Ça n’existait pas ? Eh bien, hop, elle en mettait un sur le piédestal de son Panthéon personnel, à la droite de ses incertitudes et à la gauche de son cœur ratatiné ! Qu’est-ce qu’il a ce mec à me regarder comme si j’étais une traînée en rut ? Oui je bois sec et alors ? Finalement il est craquant avec ses yeux de chien battu (écrabouillé plutôt) et ses mocassins à pompons (Hallucinant ! Qui met encore des mocassins à pompons… vraiment ?). Il se leva pour lui demander du feu et elle sortit son briquet à amadou (qui a encore un briquet à amadou de nos jours ?) en rougissant légèrement, juste pour lui donner bonne mine, pas de quoi en tirer des conclusions… Lire la suite

Lettre à l’absent…

Photo, clic ICI.

A toi ,

Tu n’es pas dans ton assiette en ce moment. Les mots de ta dernière lettre manquaient d’insouciance et de spontanéité. Je sais que tu as encore cette fille dans la peau et tes silences butés sont moins hermétiques que tu ne le crois… Je la vois danser malgré moi entre les lignes du labyrinthe où tu te perds inexorablement. Ariane n’est pas là pour te prêter son fil et tes espoirs s’envolent à chaque jour qui se referme sur la nuit. Ces nuits d’absence où seule la lune indifférente pose son regard sur toi. Il me semble, de loin, entendre tes sanglots retenus, le son de ta voix devenue basse depuis qu’elle t’a quitté. Il me semble encore voir le sang battre plus vite près de ta tempe chaque fois que tu prononces son prénom. Qui résonne dans l’absence. Qui te casse en deux au-dessus du vide. Qui t’engloutit dans des abîmes d’où tu reviens brisé, pantelant, le regard lourd de points d’interrogations…ceux qui se sont plantés dans la confiance que tu avais en toi, ceux que tu ne peux plus arracher. Tu lui cherches et lui trouves des excuses faciles pour justifier ta tristesse. Pour moi elle n’en a aucune et tu sais pourquoi. Tu pourras repasser la scène de crime au peigne fin, tu n’y trouveras pas les coïncidences qui sont pourtant sous ton nez ! Tu ne veux pas les voir. Tu veux garder le souvenir de son parfum léger de bergamote, celui de ses yeux clairs qui vibraient comme les trilles des oiseaux un matin de printemps. L’odeur du café et du pain grillé dans la maison, vos rires et vos baisers enlacés dans l’immédiateté fébrile où vous chaviriez ensemble.

À présent, le froid, le silence et la pluie qui roule inlassablement sur la vitre opaque de ton coeur alimentent ton désespoir autant que ton immense déception. Je sais tout cela. Bien sûr que j’aimerais que tu rétablisses la connexion avec le monde des vivants dont je fais partie. J’ai mal mais j’apprends à te pardonner. Ma dignité m’empêche de t’attendre, parce que je n’ai pas la beauté du diable et mes yeux ne ressemblent pas à une eau pure. De toutes les créations de la terre, tu es celle qui m’a permis de toucher les étoiles, tu m’as fait me sentir vivante. Je ne t’attendrai plus parce que je t’aime, surtout parce que je t’aime…

Ta femme.

C’était ma participation à des mots, une histoire 62, chez Olivia. Pour les règles du jeu c’est ICI. les mots à placer étaient : immédiateté , assiette, création, café, peau, trille, absence, bergamote, confiance, peigne, hermétique, insouciance, facile, tristesse, sourire, diable, déception, labyrinthe, sang, coïncidence, chavirer, connexion.

Un rêve sage de Saturnales…

Dans la nuit de lundi à mardi, un rêve étrange a ensoleillé ma nuit. Je ne pouvais pas le garder pour moi d’autant que vous êtes nombreuses à y avoir figuré… Celles dont je connais le visage et celles que j’imagine… Nous étions une dizaine environ et sous la férule bienveillante d’Eiluned, nous venions de monter un club Jane Austen. Pour saluer l’évènement, voilà que nous décidâmes d’organiser une soirée costumée  XIXème siècle et ce, dans les règles de l’art… Lire la suite

NE BOUGE PLUS !

 Un aboiement furieux me déchire les tympans. Dans le noir, à l’aveuglette, je cherche à éteindre le réveil… Boum ! « Et zut, zut ! » L’ampoule de la lampe, en tombant vient d’émettre un grésillement final et le réveil qui s’est remis à sonner, ajoute son grain de sel à la cacophonie. Lire la suite