Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard

Enard« La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube ». Ainsi s’ouvre ce court roman surprenant et plein de poésie ! Qui aurait imaginé que le grand Michel-Ange avait fait cette escapade chez le Grand Turc et conçu un pont qui enjambe la Corne d’Or ?

Nous sommes en mai 1506, Michelangelo Buonarotti n’a pas encore trente ans mais son David fait de lui un sculpteur reconnu. Il reste encore trois ans avant qu’il ne commence à peindre le plafond de la chapelle Sixtine. Il travaille à l’édifice du tombeau de Jules II, pape escroc qui ne le paye pas et le traite par-dessus la jambe. Aussi quand le sultan Bayazid (Bajazet) lui offre de passer derrière Léonard de Vinci pour construire ce pont, il s’enfuit de Rome comme un voleur, bien décidé à faire fortune autrement et à humilier le vieux Léonard. Lire la suite

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LECTURE COMMUNE de LE K de Dino Buzzati, on récapitule !

Lectures ensemble-James Jebusa ShannonNous étions trois au départ à vouloir lire ce livre, vivement conseillé par Eeguab-Modrone, avec Valentyne et en en parlant de ci, de là, en commentaires, puis avec les billets de Valentyne et Laure, il semble que nous soyons plus nombreux et c’est tant mieux !

Comme nos programmes étaient assez chargés avec les Fêtes, la date a été arrêtée au 31 janvier 2013, ce qui nous laisse un bon mois et demi ! Celles et ceux qui veulent nous rejoindre, levez le doigt et laissez le lien de votre blog en commentaires. J’inscrirai (mais vous aussi) les liens des participants, le jour de la parution de notre billet commun. Mais aussi dans ma Page Lectures Communes, sous la bannière.

Le K de Buzzatti

Et comme je trouve sympathique de parler d’un livre, pendant que nous le lisons, n’hésitez pas à communiquer entre vous et avec moi pendant cette lecture !!! 🙂 Si vous le souhaitez, bien entendu…

A ce jour j’ai noté mais j’ai dû en oublier : Valentyne, Eeguab, Laure, Jean-Charles et Morgouille ChroniquesLittéraires, Natiora, Noctenbule et ? Aidez-moi !!! J’en ai sous le béret mais je ne sais plus où donner de la tête !^^gif chat béret lylouanne tumblr

JANE EYRE de Charlotte Brontë

J’ai enfin terminé les 633 pages de cet autre monument de la littérature anglaise ! Après Wuthering Heights d’Emily, j’attendais beaucoup de la soeur aînée, je ne fus pas déçue ! Merci à Aymeline de m’avoir offert cet exemplaire…gothique !!! Lire la suite

CHIEN BLANC de Romain Gary

Folio , © 1970 – 220 pages.

Chaque lecture d’un livre de Romain Gary est une surprise. On tente d’y découvrir un homme qui à chaque fois s’éloigne un peu plus ou nous laisse apercevoir une nouvelle facette de sa personnalité complexe mais profondément humaine et intelligente. Car il parle avec l’intelligence du coeur et un humanisme chevillé au corps. Lire la suite

FLASH INFOS – Lectures communes annulées…

Annulées en ce qui me concerne bien sûr, mais comme certaines se sont inscrites ici, je me devais de vous prévenir. Désolée de ne pas pouvoir tenir mes engagements ce mois-ci, mais comme certaines le savent, Les plumes de l’été m’ont bien occupées l’été et j’ai pris du retard dans mes lectures, privilégiant  les partenariats et un peu, les lectures plaisir.

Aussi, je voulais confirmer à Delphine (là je n’ai pu me procurer le livre à temps) que je ne participe pas à la LC du 22 août pour Un sang d’aquarelle.

Je n’aurais pas le temps de finir Les Années d’Annie Ernaux pour le 20 août, dans deux jours. Syl. de Thé, Lectures et Macarons m’a fait savoir qu’elle ne pouvait pas non plus. Le 20 août étant le jour de parution des textes pour Les plumes, je propose à une (ou plusieurs) participante(s) à cette LC de reprendre les liens de celles qui sont inscrites pour les noter dans leur billet à paraître ce jour là. Anne, des mots et des Notes ; Miss Bouquin Aix, notre Super Librarian’s books et Sév des Chroniques assidûes et j’oublie sûrement quelqu’un…qu’il ou elle me pardonne !

Pour Les faux-monnayeurs d’André Gide, il en sera certainement de même, mais George a répertorié cette LC sur son blog.

Merci de votre compréhension. Je ne peux pas, décemment participer en ayant survolé ces livres ou en les ayant lus à tout berzingue ! En septembre, tout rentre dans l’ordre… Promis !

OLE FANTÔMETTE de Georges Chaulet

Mes lectures communes

Editions Hachette,© 1975 et 1990, Illustration : Josette Stéfani. Enfin, une lecture commune avec SYL. !

Visiblement, quand je compare avec mes autres « Bibliothèque Rose », celui-ci est la version 1990, et, vu la date du copyright,  j’ai réalisé que je n’en avais jamais lu ! Aucun souvenir à ce point là, ce n’était pas possible, alors que je me souviens de Belle et Sébastien (lu à 6 ans)! J’ai donc pris une heure pour savourer cette madeleine de Proust (pas pour moi) et franchement, quand ce n’est pas une madeleine et qu’on a passé l’âge, c’est moyen ! Correct mais moyen !

Fantômette, Françoise dans la vraie vie est une justicière masquée la nuit (souvent la nuit) qui met à mal les projets de deux ressortissants du Caramba, membres d’un groupuscule terroriste : « Les Rastaquouéros » qui veulent assassiner le Président de leur pays, Pastis Sanzo (ouaich, ces jeux de mots et autres blagues « carambar, » il y en a tout le livre!). Ça pimente…

Ce Pastiz Sanzo  a eu la mauvaise idée (excellente idée d’ailleurs) de grâcier un taureau lors d’une corrida et veut faire abolir cette coutume dans les pays où la tauromachie existe. Il entame donc son voyage par l’Espagne, où une statue grandeur nature de la bête doit être exposée, statue en ferraille réalisée par le célèèèèbre Aristide Raudim, à Patatasfritas, superbe ville que tout le monde connaît ! Avertie du complot Fantômette a justement une maaagnifique opportunité de partir au pays des castagnettes avec l’oncle de son amie Ficelle qui, ça tombe bien, fait partie des élèves de Raudim. Et Boulotte bien sûr qui passe son temps à s’empiffrer (à part manger, on ne voit pas ce qu’elle fait là, elle ne sert ni dessert l’intrigue !). Course contre la montre, Fantômette gagne, le taureau n’explosera pas au milieu de la foule et l’autruche du zoo d’une ville voisine, non plus. Il se trouve que l’un des meneurs agité est un agent infiltré de la police !  La morale est sauve puisque Fantômette au lieu de laisser mourir le méchant sous les piétinements de taureaux en folie, va demander, que dis-je, implorer pour que le vilain  soit jugé. Une conscience politique à cet âge, c’est rare mais qui s’en plaindrait ?

J’ai aimé moyennement, on ne s’ennuie pas (enfin en se mettant à la place d’une gamine de dix ans), les références aux années 80 sont nombreuses, ne serait-ce que la composition de la sculpture qui n’est pas sans rappeler les oeuvres de César, le thème éternel de la suppression ou non des corridas, l’implication sociale des jeunes filles. Il fallait aussi et déjà une blonde, nous avons l’amie Ficelle qui ne retient jamais les bons mots et emploie innovation, inoculation pour inauguration (entre autres), collectionne les chaussettes de couleurs différentes, joue volontiers (ou ne joue pas) à  la blonde écervelée-mais-pas-si-bête ( un peu Eve Angéli quand même).

Vous l’aurez compris, les gentils sont gentils, les méchants sont méchants et les gourmands, gourmands ! Il y a une gentille morale, pas plus bête que celle d’autres livres issus de cette littérature, même si je préfère avouons-le, la Littérature Jeunesse. Mais à tout prendre, laissons les enfants lire ces livres plutôt que rien ! Je ne sais pas s’ils se retrouveront dans ce monde sans ordinateur ni portable, où les filles écoutent le transistor, lisent la presse du matin (pas Voilou et Oups) et achètent des cartes postales pour leurs amis au lieu d’envoyer des mails ou des sms. Mais il n’y a pas de raison ! La transmission c’est fait pour qui ? En ce qui me concerne je vais m’arrêter là dans ma « réexploration » des classiques du genre, j’ai mon quota de bons sentiments pour l’année, je suis une bad-girl moi !!! Ce livre comptait pour le Challenge Club des Cinq de George…avec Une jumelle bien cachottière lu il y a 1 mois maintenant.


LA BALLADE DE L’IMPOSSIBLE de Haruki Murakami

Une mélancolie poignante et vibrante semble s’être déposée sur ce livre,   poussière d’ombres et de lumières mêlées. Sombre par la présence de la mort qui envahit le héros (et l’auteur) dès les premières pages, nous signifiant qu’elle sera aussi un personnage à part entière du récit ; sombre par les amours impossibles, remémorées vingt ans après et qui  confirment  que le temps de cet amour a fui ailleurs et ne repassera pas par l’histoire, ne la refera pas non plus. Elle restera à jamais suspendue, telle la dernière feuille rouge et silencieuse sur un arbre d’automne qui se refuse à tomber, alors que plus aucune sève ne la nourrit.  L’obscurité reste toutefois, par éclipses, lumineuse comme ces clichés qui ont saisi l’âme, le geste, l’instant fugace plutôt que la pose à jamais figée. Et c’est dans cet instant de grâce que nous disparaissons sous ces pages légères et lourdes dans une musicalité incomparable, celle de l’imaginaire de l’auteur qui donne à cette mini autobiographie les accents d’un conte infiniment triste malgré des pointes d’humour nous assurant que la vie continue autour de l’absurde.

L’HISTOIRE

Lors d’un voyage en avion qui l’amène à Hambourg, Watanabe entend Norvegian Wood, la célèbre chanson des Beatles (chanson qui est le titre original du livre) et qui le propulse violemment vingt ans en arrière à Tôkyô sur les traces détaillées d’un passé qu’il croyait oublié. 1969. Avec  Naoko et Kizuki, ils forment un trio d’amis inséparables. Naoko et Kizuki s’aiment depuis l’enfance. Ce dernier va se suicider et bien sûr leur vie va s’en trouver bouleversée. Ils quittent Kobé pour Tôkyô et mettront un an avant de se revoir. Il a commencé sans conviction des études d’histoire du théâtre et elle a quitté le lycée chrétien, privé et très cher pour s’installer seule tout en suivant ses cours à l’université. Lui, échoue dans un foyer pour garçons d’une austérité quasi militaire malgré le laisser aller de la majorité des occupants… Sur fond de manifestations contre l’impérialisme nos deux héros vont se rapprocher pendant cette période estudiantine, elle ne l’aime pas, sa névrose confine à l’autisme mais ils passent leurs dimanches à faire d’interminables balades dans Tôkyô, l’ombre de la mort toujours présente entre eux et en eux, ils ressemblent à deux solitudes incapables de communiquer vraiment, surtout elle qui ne sait pas mettre de mots sur les choses, qui le laisse se perdre « dans ses grands yeux limpides » qui parlent pour elle. Elle lui demandera une requête, une seule avant de disparaître encore : « Mais maintenant je comprends. Finalement, je crois que seuls les pensées et les souvenirs incomplets peuvent venir se loger dans des phrases, qui par définition, sont incomplètes. Et je crois qu’au fur et à mesure que mes souvenirs concernant Naoko se sont estompés, je l’ai de mieux en mieux comprise. maintenant, je comprends pourquoi elle m’a demandé de l’oublier. Sans doute le savait-elle aussi. Que le souvenir que j’avais d’elle finirait par disparaître. C’est justement pour cela qu’elle a insisté. « Ne m’oublie jamais. Souviens-toi que j’ai existé ».

Il ira de liaisons faciles en rencontres amicales un peu déjantées, il lira beaucoup, du John Updike, du Scott Fitzgerald (dont Murakami a traduit les oeuvres en japonais) et qui revient souvent dans le livre, du Raymond Chandler (dont il dira à sa mort en 1987 qu’il a été un de ses maîtres à penser mais aussi un ami). Autant de lectures « pas à la mode de l’époque » mais qui lui permettent de rester seul le plus souvent possible et de se démarquer du troupeau. La névrose de Naoko s’aggrave et elle part en maison de repos (on ne dit pas asile ou encore hôpital psychiatrique). Sa rencontre et sa liaison avec la pétillante, fantasque et délurée Midori ne lui font pas oublier Naoko avec qui il a eu une aventure d’une nuit avant qu’elle ne disparaisse à nouveau. Naoko qui veut garder le souvenir intact, ne pas continuer, car elle semble vouée à l’impossible, refermée à jamais sur des blessures indélébiles et surtout faite pour  la mort et son irrémédiabilité. Elle est fragile comme un brin de paille, elle cherche le contact pour mieux le fuir : « A la fin de l’automne, quand le vent froid se mit à souffler sur la ville, elle vint se blottir de temps en temps contre moi. Je sentais son souffle, à travers l’épais tissu de mon duffle-coat (…) Ce n’était pas mon bras qu’elle cherchait, mais un bras. Ce n’était pas ma chaleur qu’elle cherchait, mais une chaleur. J’étais gêné de n’être que moi. »

 

Mais c’est aussi une rencontre avec Tôkyô qu’il arpente souvent la nuit avec son ami Nagasawa, son Gatsby Le Magnifique où ils traînent dans les boîtes de jazz (autre passion de Murakami qui a lui même tenu un club de jazz pendant huit ans). De rencontres avec des filles qui finissent au love hotel, la description par le menu des plats qu’il mange (qu’il soit seul ou accompagné) : des concombres en bâton et des éperlans trempés dans la sauce miso, les anguilles, le sukiyaki qu’il prépare à Naoko dans sa maison de repos (il m’est arrivé de regretter de n’avoir pas de bar à sushis à proximité pendant ma lecture !) et le whisky qu’il descend plutôt bien, entre deux cocas. Ce portrait du japon occidentalisé (d’autant que le livre date de 1987) est accolé aux lectures et musiques anglo-saxonnes (Mile Davis, les Beatles, Les Doors ou Bill Evans entre autres), nous démontrant que le pays des geishas et de la réussite individuelle était en pleine mutation dans ces années là. Le détail des quartiers évoqués régalera certainement ceux qui connaissent Tôkyô. La sensualité et la sexualité parfois crues mais jamais vulgaires nous rappellent tout de même que nous sommes au pays des célèbres estampes. Mais toujours avec beaucoup de grâce, de « normalité » face à ce sujet que notre culture judéo-chrétienne censurerait dare-dare ! Alors ? répondra-t-il à l’amour de Midori ? L’ambiguité des sentiments entretenus avec Naoko va-t-elle se démêler ? En sachant que sur les six personnages présents au début du roman, trois vont mourir…

MON AVIS

Ce livre d’apprentissage de la vie, de l’amour et de la mort est d’une puissance narrative époustouflante. En quelques mots simples, calligraphiés d’une plume légère, comme pour un idéogramme où il faut exécuter le caractère sans lever la main, ce roman sensible où la glace côtoie les flammes dans un style simple, fluide comme l’eau des fontaines d’un jardin zen nous envoûte toujours un peu plus jusqu’à la fin où un dernier rebondissement ne nous conforte pas dans l’image d’un happy end.  L’exploration subtile que Murakami nous offre de l’âme humaine, des sentiments contradictoires qui la déchire,  nous laisse le coeur au bord des larmes, des larmes qui ne coulent pas, nouées qu’elles sont par la force infinie des sentiments. La mélancolie s’accroche longtemps après au petit nuage sur lequel nous flottons et dont nous ne voulons pas redescendre…happés que nous sommes par des dissonances travaillées et qui en deviennent  harmonieuses et intemporelles.

SUR L’AUTEUR

Né le 12 janvier 1949, il a dès 1979, obtenu le prix Gunzo pour son premier roman (à 20 ans) « Ecoute le chant du vent ». Ecrivain, traducteur (de Francis Scott Fitzgerald entre autres) essayiste, je vous conseille d’aller, si vous voulez en savoir plus ! A savoir que son dernier roman, très attendu, IQ84 « a mini-bending ode to 1984 de Georges Orwell » sortira le 25 octobre 2011.

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LA DÉLICATESSE de David Foenkinos

Comment rester « délicate » avec ce livre tant aimé par beaucoup et encensé en général, quand on est resté pas tout à fait à la porte, mais quand on y est pas vraiment entré non plus ? Il n’a pas eu de chance, il est passé aprés  Romain Gary et  Annie Ernaux ! On va dire ça…

  L’HISTOIRE

C’est l’histoire d’un homme, François,  qui rencontre une femme dans un bar ; cette femme  a le bon goût de s’appeler Nathalie (oui les Nathalie ont beaucoup de potentiel(s) selon les critères de l’auteur !) et elle a la délicatesse de commander un… jus d’abricot, si elle avait commandé autre chose elle ne serait pas devenue l’épouse de François. Coup de foudre, mariage avec vie rêvée des anges et là, boum ! Pas de chance, François a un accident de jogging très bête, comme souvent les accidents,  nous fait un coma de deux pages et il meurt à la trente sixième page… au chapitre 14 ! Une histoire fraîche qui avait bien commencé et qui fait pchittt !  Mais le livre de deux cents dix pages comporte cent dix sept chapitres ! Bon le dernier est composé d’une seule ligne, c’est sûr… ça facilite. Lire la suite

FLASH INFOS : dernières LC, mise à jour…

Suite à l’exhumation de mes vieilleries hier, quelques lectures communes sont fixées, d’autres modifiées ou en attente, je vous propose les trois titres retenus et les dates (quand il y a date !!) et vous pouvez, bien entendu,  laisser un commentaire si vous êtes intéressés !

Avec Martial, la lecture commune du 14 juillet 2011 a changé, c’ est : Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable de Romain Gary.  Quelqu’un veut se joindre à nous ?

Pour le 15 octobre 2011, Syl. de Thé, lectures et macarons, Martial, le vagabond des étoiles et moi nous lirons Les  Nouvelles Histoires Extraordinaires d’Edgar Allan Poe. Qui qu’en veut ?

 

 

Et enfin, Les Faux Monnayeurs d’André Gide avec George, des Livres de George Sand et moi, et Aymeline d’Arieste, la date de fin août avait été évoquée, si Dame de Nohant voulait bien nous le confirmer, vers le 30 août ou plus tard si empêchements…Ma chère George, quand tu veux !!

LECTURES COMMUNES…récapépète !

Un petit récapitulatif de certaines lectures communes, dont Les chaussures italiennes de Henning Mankell, prévue pour le 10 septembre 2011 (ouf à un jour près, quel anniversaire…), initialement avec Anne, De poche en poche, puis sont venues (hip hip hip ) s’ajouter Somaja des Mille et une pages de Somaja, Valou des quotidiennes de Valou et nous attendons la réponse de Val bouquine… Si d’autres sont intéressé(es), elle peuvent ou ils peuvent, d’ailleurs, s’incrire chez Anne, ou ici, dans les commentaires de la page réservée à cet effet.

Il reste des places pour Clair de femme de Romain Gary, prévue le 5 juin 2011 avec Martial, notre vagabond des étoiles.

 

Mais aussi pour Les Années d’Annie Ernaux fixée au 20 août avec Anne, Des mots et des notes.

Et d’autres encore que vous pouvez consulter sur la page, Ici lectures communes !

Merci de votre attention !

LES DÉFERLANTES de Claudie Gallay

LECTURE COMMUNE AVEC Anne (des mots et des notes),  et  Anne (de poche en poche).

Lecture commune qui m’a « pesé » mais je n’ai pas abandonné, n’aimant pas donner un mauvais avis sur un livre sans avoir pris le soin de le lire jusqu’au bout, ne serait-ce que par respect pour l’auteure.

Ce livre avait tout pour me plaire : le titre, le phare, La Hague, ce bout du monde du Cotentin mais je suis restée à la porte, y entrant huit jours après sans perdre le fil tant les redites nous permettent de suivre cette sombre histoire sans risque de nous égarer.  Ce roman est un cliché, tout comme les personnages caricaturés plus que dépeints : Lambert, l’étranger qui ressurgit 40 ans après pour expliquer le naufrage de sa famille ; Lili, la tenancière du bistrot où on boit, où on mange, tout en observant la faune locale et surtout on y « ragote » à longueur de journée, cinquantenaire acariâtre, qui s’occuppe de la Mère (la sienne) après avoir fui la maison du père, Théo,  ancien gardien du phare et ornithologue en retraite que la narratrice vient remplacer dans ce travail mais aussi Père de Lili et ex-mari de la Mère, qui ont toutes deux quitté la maison familiale car il a toujours été amoureux de Nan ; les colocataires de la narratrice : Raphaël, le sculpteur illuminé et talentueux, sa soeur, Morgane trentenaire appétissante en mal d’amour et mal fringuée, punkette déshinibée ne se baladant jamais sans son rat ; Max, amoureux de Morgane, innocent du village qui retape un bateau et en sait beaucoup plus long qu’il n’en dit ;  Monsieur Anselme, vieux garçon affété, obsédé par Prévert, enfant du pays, et qui perpétue sa mémoire, La Cigogne, petite fille triste au bec-de-lièvre, qui circule, silencieuse et amoureuse de Max entre tous ces adultes…et Nan (Florette de son vrai nom), une folle magnifique qui erre sur la grève les jours de tempête, attendant que la mer lui rende le corps de Michel, son fils adoptif disparu,  en portant ces jours là d’amples robes noires où sont brodées à l’intérieur le nom des enfants qu’elle a élevés au Refuge, orphelinat de fortune. Elle coud les linceuls des morts et inspire beaucoup Raphaël qui sculpte des femmes au ventre creux… 

Dans cette atmosphère lourde de non-dits, elle qui souffre et se complait dans sa douleur, qui ne veut surtout pas arrêter de souffrir car après la douleur c’est « le vide », spectatrice de sa vie, elle devient actrice de celle des autres. Mais là où elle aurait pu recueillir des indices en 5 jours, elle en met dix, ne nous épargnant aucun petit détail qui dilue les jolis passages dans une logorrhée insupportable.  Elle distille à chaque page des sentiments sur son amour perdu chaque fois qu’un geste, une odeur le lui rappelle. Elle questionne Théo, le vieux gardien du phare, taiseux, qui ne vit plus que pour ses chats et ses regrets de ne pas avoir épousé Nan qu’il a toujours aimé. A la page 160, le « secret » s’évente et qu’elles sont loooongues les 400 dernières pages… Tout en continuant à voir Lambert de ci de là. De lui ramener un indice glané par hasard… et se perdant dans des détails, des descriptions interminables qui n’ajoutent rien au roman. Tout se terminera bien pour les principaux héros, moins bien pour ceux qui continueront à remâcher leurs aigreurs et leurs rancunes aussi tenaces que le varech accroché aux rochers et deux s’en sortiront grâce à la rédemption et au pardon.

L’histoire commence avec l’arrivée de Lambert, le jour de la grande tempête qui vient chercher des réponses au naufrage du voilier de ses parents et à la disparition de son frère cadet (jamais retrouvé) quarante ans plus tard.  Elle ne déferle hélas que pendant les 20 premières pages…cette tempête. On comprend tout de suite que l’ornithologue (elle n’a pas de nom la narratrice, sauf au milieu du livre où Lambert l’appellera une seule fois La Ténébreuse) a un penchant immédiat pour lui, alors qu’elle est venue tenter d’oublier son grand amour mort d’une longue maladie et dont elle  nous distille à chaque page, un peu plus de leur histoire. Tous ces personnages sont liés par un secret « terrible », « monstrueux », une chaîne aux maillons rouillés par la haine, la rancoeur, les mensonges, les silences et la mesquinerie.  A l’image de leur vie qui, quarante ans plus tôt s’est brisée en se refermant sur ce secret. La Ténébreuse va se passionner d’un coup d’un seul pour la quête de Lambert (l’enquête), ancien flic cinquantenaire en rupture de ban, visiblement, et essayer de faire parler Théo, qui ne concède à parler que d’oiseaux et de ses chats, lui faire avouer s’il a éteint le phare dix minutes, le jour du naufrage des parents de Lambert. Tout le monde sait et se tait. La narratrice se réfugie à la Griffue où elle demeure, un ancien hôtel qui avance dans la mer, reconverti en appartements. Là, elle se laisse aller à sa douleur qui étouffe peu à peu le lecteur. Il existe bien sûr des douleurs indécentes, l’auteure en supprimant 300 pages aurait pu en restituer la violence avec pudeur, mais la plume de Claudie Gallay ne flamboie pas, elle ressemble aux lumières pastel du Cotentin, virant trop peu souvent à l’écarlate sauf quand elle passe des soirées arrosées de whisky et de grands crus avec Lambert.

POURQUOI JE N’AI PAS AIMÉ

Tout d’abord à cause du style insupportable de Jacques-a-dit. Pas une phrase, pas une réplique qui ne se finisse par, il a dit, elle a dit, j’ai dit. Un exemple ? Toutes les pages si vous voulez, allez un deux, bien énervants :  » Tiens, te v’là  ! elle a dit. (…) C’était déjà comme ça avant, il a dit » (…) »J’ai vieilli il a dit. »(p.76-77) Et ainsi de suite. Que ce style grammaticalement incorrect, plaise à certains, soit, moi je m’y suis heurtée comme aux rochers tranchants sur lesquels l’héroïne pose les pieds chaque jour. Le talent ne se mesure pas au kilomètre non plus, aussi quand ce genre de digression « inutile » au texte vient en hacher encore le cours, je vous laisse apprécier page 426 : « J’ai regardé mon visage. J’ai fait couler l’eau. Il y avait un savon dans une coupe. C’était un petit savon blanc, de forme rectangulaire, Ph neutre. Ce n’était pas une coupe spéciale savon (ici, dans ce sens, spécial  ne prend pas d' »e » à la fin), un peu d’eau stagnait au fond. Le savon avait trempé dedans. Il était mou. Quand je l’ai pris, je l’ai gardé dans ma main. Impossible à reposer ». Passionnant non ? Je vous épargne la page où les menstrues reviennent ni celles où le blouson de Lambert est un second rôle permanent (ah ce blouson, sa madeleine de Proust certainement). La sensibilité oui, pas la sensiblerie. Et je le répète, il y a allègrement 300 pages superflues. Je souhaite le meilleur à Claudie Gallay, qu’elle continue d’écrire ses rêves tristes si tel est son choix,  mais qu’elle essaie d’offrir du rêve à ses lecteurs, tout simplement !

je laisse le soin à mes co-lectrices de parler de l’auteure, je n’en ai même pas envie !!

DES BLEUS A L’AME DE Françoise Sagan

Ma participation  à la lecture commune avec Delphine (moi) et Anne.

Et de trois ! Texte déjà paru chez Delphine (moi) ci-dessus…

C’est peut-être le livre le plus anxiogène et profond de l’auteure à cette époque donnée de son existence.

Dix-huit ans ont passé depuis Bonjour Tristesse et Sagan a 37 ans, le même âge que ses deux héros, Eléonore et Sébastien, qu’elle a fait revenir de leur Château en Suède, pas tout à fait par hasard…Livre écrit à l’ombre d’elle-même, penchée sur ses abîmes d’où elle tente de remonter. Elle y mettra un an avec une interruption de six mois dans l’écriture.

Au début, la forme du livre qui alterne un chapitre sur deux, le roman et ses confessions acides et douces-amères déstabilise le lecteur. « La petite musique » est grippée et elle-même tousse beaucoup pour retrouver « l’envie de » et échapper à l’ennui, son pire ennemi.

Sagan va nous raconter l’intimité avec ses héros en nous confiant l’intime de Françoise. Sagan est malmenée de tous côtés et veut réhabiliter Françoise. Et c’est dans le dernier chapitre, en rejoignant ses héros, qu’elle laissera enfin partir pour les rendre à leur douce vie de château, qu’elle retrouvera dans ce geste, on le devine, un équilibre provisoire car rien n’est jamais définitif avec elle, sauf la mort dont elle nous donne sa vision dès la page 6 : « La mort, je la vois de velours, gantée, noire et en tout cas, irrémédiable, absolue (…). Ma mort, c’est le moindre mal ».

Dans la partie roman, très brève, Eléonore et Sébastien, trop beaux et trop blonds, frère et sœur siamois jusqu’à l’osmose la plus troublante, inaccessibles au commun des mortels, ignorant et méprisant jusqu’à la notion de travail, incarnent une époque révolue. Désargentés et entretenus, ils donnent de leurs personnes à tour de rôle pour survivre. Ils sont gais, légers et mélancoliques, ils écument les soirées mondaines, jusqu’à l’amant de trop, celui d’Eléonore qui causera le suicide de leur meilleur ami. Et là, terminée l’escapade parisienne : un hasard bienvenu leur permettra de rentrer en Suède. Ils avaient des « principes » ces aristocrates bohémiens ! On sent Sagan à la fois triste et libérée de les quitter (car elle aime ses personnages), ce qui permettra à Françoise de tourner une page de sa vie.

Dans les chapitres-confessions, elle explique pourquoi « eux », héros de Château en Suède. Elle décrypte dès le début comment il lui faut leur donner vie à ces personnages, leur « faire faire quelque chose » qui tienne debout, elle prend le lecteur à témoin, elle tape du poing sur la table : elle en a marre d’être reconnue uniquement pour ses frasques, ses accidents de « tôle froissée », ses problèmes avec le fisc et cette société post-soixante-huit qui commence à devenir « correcte » l’ennuie profondément. La critique l’assassine, systématiquement, elle commencera ce livre en mars 1971, le lâchera pendant 6 mois avant de le terminer en avril 1972 et d’égratigner au passage d’une plume mordante ce qui lui fait mal ; la politique aussi y a droit : elle en a une prescience inouïe quant à son avenir : « Et tous ces crétins qui s’occupent du « peuple », qui parlent du « peuple, avec quelle touchante maladresse dans leur redingote de gauche, épuisante à la fin dans ce souci qu’elle nous donne, à nous qui haïssons la droite, de les défendre, d’empêcher qu’un fou furieux (ou un calme) n’en fasse vraiment -de cette misérable redingote- une loque impossible à mettre ».

Elle ne sort plus, refusant délibérément les invitations en tant « que Sagan », « La Sagan, comme ils disent en Italie ». Elle avoue quand même, que « ce masque » sous lequel on la réduit (vitesse, alcool, boîtes de nuit, mariages, divorces, Ferrari) lui a bien servi car il correspond à des évidences de sa nature profonde : « La vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui vous perd et donc vous permet de vous trouver ». Mais qu’il n’est pas incompatible d’être un écrivain sérieux avec toutes les affres que cela comporte (la solitude, la page blanche), de s’engager pour des causes justes ET d’avoir choisi le mode de vie tant décrié qui lui convenait. « Elle avait du recul donc de l’avance sur lui » fera-t-elle dire à Eléonore, petite phrase révélatrice de son propre cheminement…

Et comme dans chacun de ses livres que j’ai lus jusqu’à présent, elle reprend le titre, l’extrait de la p.89, n’est ni plus beau, ni plus déterminant qu’un autre mais reflète superbement l’atmosphère délétère du livre :« Ce ne sont pas les plages qui se dévident dans des décors de rêve, ce n’est pas le Club Méditerranée, ce ne sont pas les copains, c’est quelque chose de fragile, de précieux que l’on saccage délibérément ces temps-ci et que les chrétiens appellent « l’âme ». (…). Et cette âme, si nous n’y prenons pas garde, nous la retrouverons un jour devant nous, essoufflée, demandant grâce et pleine de bleus… Et ces bleus, sans doute, nous ne les aurons pas volés ».

Nous connaissons la suite, mais le passage où elle s’imagine en 2010, avec 74 ans au compteur et des petits-enfants ennuyeux, nous rappelle qu’elle nous a quittés bien trop tôt, qu’elle aurait fait une grand-mère « exquise», que ses lecteurs assidus attendraient impatiemment la sortie du « dernier Sagan » au lieu de ressentir cette infinie tristesse quand on ferme le livre en se disant: « Elle n’est plus là et elle nous manque »…