C’était une très mauvaise idée que d’avoir reporté le SWAP de Printemps au 11 mai, je n’avais pas vu que ça tombait une semaine de « Plumes », on a frôlé le bug mais tout est rentré dans l’ordre… Ou presque ! Dame Mauve m’a, à juste titre, fait remarquer qu’il y avait 20 mots alors que je n’en voyais que 17 !!! Bref. Je vais prendre une (ou un) assistant(e) ! D’ailleurs, je remercie Syl. qui se décarcasse pour moi quand elle le peut ! (quand elle ne me fait pas partir des billets avant l’heure) (fou rire pour elle et suées pour moi) … Alors mon texte est un peu trop long, je n’ai pas eu le temps de le retravailler pour « synthétiser » : j’espère que vous ne m’en voudrez pas…
Par ordre d’arrivée des liens, ont participé et je les en remercie : Dame Mauve, Biancat, Martine27, Jacou33, Marlaguette, , Modrone-Eeguab, Nunzi, Valentyne, Martine Littér’auteurs, Pascal Bléval, Marie Felices (ex Miss Nefer), Cériat, Célestine, Filamots, Janick, Jean-Charles, Les Sorcières (Marie), Adrienne. Evalire et sa soeur Momo. Dimdamdom59. Et Astrid (mardi 13 au matin). Et Josette, notre marraine suisse octogénaire qui pourrait en remontrer à des plus jeunes (je dis ça pour moi^^) !!! Gwendoline, le 4 juin 2014, en retard certes mais si vous repassez par là n’hésitez pas à aller y jeter un oeil !
Les 20 mots imposés étaient : changement, incrédulité ou incrédule, papillon, régénérer, chenille, évolution, climat, déguiser, magie, transformation, grossesse, adolescence, éclosion, cafard, majestueux, amour, travesti, éperdu, éphémère, envol.
Mon texte ci-dessous fait écho à cette histoire commencée en juillet 2013, par textes indépendants les uns des autres mais reliés tout de même. Le 1, le 2, le 3 et le 4. Je laisse parler ici Anastasia, l’héroïne…
UN NOM DE VENT, DE PLUIE ET DE SOLEILS MÊLÉS…
Je m’appelle Anastasia. Vous me connaissez si vous avez suivi mes galops, mes errances de papillon affolé pour retrouver Diego, devenu mutique, enfermé dans un deuil inconsolable. Mais je l’aime. Quand ses haillons travestis de malheur ne lui serviront plus à se déguiser, qu’il ne croulera plus sous le poids du chagrin, qu’il sortira de la montagne où il panse ses plaies d’animal blessé alors je sais que s’élèveront dans les airs les chants rythmés de nos fêtes à venir.
Tous deux nous sommes nés d’un peuple de vent et de musique, ancestral et nomade. Notre patrie, c’est le monde, celui-là même qui nous repousse souvent dans les marges, à la périphérie des villes qui nous vomissent. Nous le leur rendons bien en les évitant elles et les cafards qui y vivent en maîtres. Il y règne un tel climat que la haine, la violence sont les seules réponses aux changements qu’ils attendent en vain. Ces cités et leur supposée magie artificielle ne remplaceront jamais l’authenticité des chemins de traverse que nous empruntons, de la boue collée à nos semelles, aux sabots de nos chevaux et à nos pieds nus l’été. Le soleil, le froid du givre l’hiver sculptent nos visages levés vers un ciel sans frontières. Sans bannière. Sans étendard d’appartenance. De nos racines lointaines de l’Est de l’Europe me restent la blondeur et des yeux transparents. Comme ceux d’Izia, ma grand-mère qui a protégé la chenille indocile que j’étais, avant de s’en aller mourir selon nos coutumes. Elle m’a transmis le Livre des Veuves pour m’aider à comprendre ce que l’éclosion d’une femme en devenir entraine comme bouleversements. Je suis restée souvent incrédule devant tant de mystères. Elle explique aussi dans la partie réservée aux plantes comment éviter les grossesses indésirées afin que nous ne mourions pas dans les antres puantes des faiseuses d’ange. J’ai lu aussi un chapitre intitulé Phénix qui raconte comment nous régénérer après les souffrances. C’est à ce moment là que j’ai senti l’amorce d’une transformation s’opérer en moi, longtemps après avoir lu les dernières lignes. Les mots de ce livre me désarçonnent un instant mais j’y bois l’eau de mon existence en suspens.
L’hiver est fini et mon cheval a trouvé seul le chemin d’une rivière, en bas des montagnes que je ne me résous pas à quitter, parce que l’ombre de Diego y flotte partout. C’est une sorte de gave nonchalant avec des plages de galets et quelques bancs de sable entre les rochers où l’eau murmure en sinuant. Je me suis assise sur l’un deux, mon visage offert au soleil de mai et quand je ferme les yeux, je vois des points rouges, bleus qui me rappellent le feu d’artifice qui embrase mon ventre quand je pense à lui.
Dans le jour finissant, des ombres bleues dansent sur l’eau de la rivière et je me laisse aller au bonheur de cet instant fragile, éclaboussé d’éclats transparents aux couleurs de l’arc-en-ciel. J’ai en tête les chants de Pablo à la guitare et les larmes que tire Angel de son violon. Mon coeur éperdu et solitaire frémit devant l’envol majestueux d’un oiseau au plumage argenté. Grâce à l’éphémère beauté du monde qui m’entoure je me laisse happer par ce vide empli des silences qui un à un s’échappent de ma gorge en un cri muet.
Maintenant que j’ai franchi le seuil de l’adolescence, maintenant que je deviens femme, vais-je rester encore longtemps sur les rebords de la vie ? Mon destin n’est pas celui d’une pleureuse, je ne vais plus verser de larmes aussi brûlantes que stériles sur une chimère au nom de l’amour. Quel amour d’ailleurs ? Celui qui métamorphose ? Celui dont on parle et qui cliquète comme le bruit des verrous refermés des portes des prisons ? Mon instinct me tient un autre langage, il sait le parfum des saisons, il renifle l’air comme les bêtes le font quand elles sentent un danger. L’amour est invisible, comme l’air, insaisissable et volatil. Est-ce ce rayon de jour qui passe à travers le trou d’une serrure ? Est-ce cette vague immense au moment où elle s’enroule sur elle-même ? Ou encore le léger mouvement des feuilles qui ondoient à la moindre brise ? Des voix lointaines me répondent mais elle sont si basses qu’elles emportent trop vite leurs secrets. Alors je sais maintenant d’où viendra le charme. Il aura le parfum de ce soir de printemps qui s’achève avec les ors reflétés à l’infini dans les méandres de l’eau transparente, il aura les contours d’un visage espéré et la plénitude qui m’emplira dès que je m’assoupirai, repue dans la chaleur de ces bras là… Anastasia ne signifie-t-il pas résurrection ?
à suivre…©Asphodèle –
