Un été à quatre mains de Gaëlle Josse

Montage personnel.

Recevoir un nouveau livre de Gaëlle Josse est une joie intime qui m’assure un moment de lecture privilégié, entre art(s) musicaux, peinture, ses domaines de prédilection, style poétique mais aussi envolée de l’imaginaire à partir de recherches et de déductions absolument crédibles et infiniment possibles… Comme elle le dit dans son avant-lire : « Chaque histoire de vie, chaque destin possède ses trous noirs, ses terres d’obscurité et de silence, ses creux et ses replis. On devine parfois qu’ils « bourdonnent d’essentiel » comme l’écrivait René Char. On devine qu’en leur secret, derrière le rideau, se sont joués des moments décisifs, dont les harmoniques continuent à irradier la vie, longtemps après. » (page10).

Je connaissais Schubert, sa célèbre « Truite », « Rosamonde » car mon père nous berçait de classique mais de Franz je ne connaissais rien et ce fut une découverte surprenante.

Une toute petite partie des classiques qui ont bercé mon enfance (un peu moins mon adolescence rock & roll) !

Ce sont quelques mois de la vie de Schubert, entre la fin du printemps jusqu’à l’automne 1824 que nous conte Gaëlle Josse. La possibilité d’un amour à portée de main, de coeur et d’âme et son impossibilité à se réaliser.

En 1824, Franz Schubert a déjà composé ses plus beaux morceaux mais reste un compositeur pauvre qui vit à Vienne avec ses amis une vie de bohème qui lui convient parfaitement, sauf ses échecs auprès de ceux qui font la pluie et le beau temps dans le monde musical. Autrement dit les critiques car ses pairs ont reconnu le génie en lui. Aussi quand il est invité à Zseliz, villégiature prisée de la campagne hongroise, chez la riche et haute aristocrate famille hongroise EsterHazy, comme maître de musique, pour la deuxième fois après 6 ans, les deux jeunes filles dont il a la charge ont bien grandi. L’aînée, Marie, 21 ans est déjà une mondaine comme sa mère sans réel intérêt pour Franz, alors que Caroline, âgée de 19 ans, lui a laissé un souvenir timide, portée par l’amour de la musique, par leur jeu à quatre mains pour lequel il a composé nombre de lieds et autres partitions qui sont passées depuis à la postérité. A l’époque il est hanté par « La belle meunière« .

Il n’a que 27 ans et mourra quatre ans plus tard, malade de la syphilis,  il est déjà empâté, transpirant, court sur pattes mais a une âme et une sensibilité de gentleman. Et surtout, il a besoin d’argent après les « bides » de son année 1823. « Sa musique à lui n’est qu’intériorité, tendresse, joie simple et mélancolie, mais il est difficile de renoncer à ces rêves de gloire qu’il vit les yeux ouverts, dans le secret de ses nuits… » (page 24). Aussi, les mécènes que sont les Esterhazy lui offrant le gîte, le couvert et une belle somme d’argent ne se refusent pas. Mais Franz conscient qu’il en a besoin place sa musique avant les mondanités et leurs hypocrisies. Sa musique seule compte, il est habité par elle, écrit sans cesse sur son papier à musique et trouve en Caroline un écho fait de grâce, de mystère et de talent  qui l’envoûte peu à peu. « Franz ne peut penser à une possible idylle avec elle. Leurs noces demeureront secrètes et spirituelles. La vie doit-elle toujours en aller ainsi ? De douleur en déception ? De tendre songe en cruelle réalité ? » (page 60).

Néanmoins, le coeur déchiré, alors qu’il repartira mi-octobre, heureux aussi de retrouver les joies de la liberté de sa vie viennoise, l’écharde est dans son coeur et ne va cesser de grandir puisqu’il composera ouvertement une oeuvre qui lui sera dédiée ainsi que toutes ses compositions à quatre mains. N’y a-t-il pas eu des signes qui ne trompent pas un coeur amoureux pendant cette parenthèse enchantée à Zseliz ? Des frôlements, une main qui s’attarde sur son poignet…mais aussi le vert, la « mauvaise couleur » à chaque fois qui le conforte dans son désespoir solitaire et son destin contrarié (aujourd’hui on dirait mauvais karma). Ou ne devrait-on pas préciser que le désespoir de se voir refuser ses pièces au profit d’auteurs à la mode  le plonge dans des abîmes de tristesse inconsolable.

En donnant vie à une possible histoire d’amour entre Franz et Caroline dont on ne sut jamais rien de la réciprocité, sauf que Caroline ne se maria que 20 ans plus tard et que son mariage fut déclaré nul à sa mort en 1851 ! N’est-ce pas pas un signe de plus qui a poussé Gaëlle Josse à broder sur cette histoire ? Sa plume est toujours aussi aérienne comme les quatre mains fiévreuses de Franz et Caroline au piano lors de cet été suspendu dans la chaleur estivale de Zseliz.  » À la fin de la leçon, Caroline se lève, remercie pour la leçon, prend congé sans un sourire. Franz croise un regard d’une insondable tristesse.Un appel muet qui lui déchire le coeur. » (page 80).

La dimension musicale, historique, le décor de Vienne côté bohème et de Zseliz qui est une démonstration de profusion des richesses brossent aussi un tableau de l’époque qui s’avère passionnant. Je ne dis pas tout, bien que dans l’avant-lire Gaëlle Josse ne laisse aucune place au « suspense », si c’est ce que vous cherchez, passez votre chemin mais malgré cela, on se prend à espérer, à rêver que…peut-être…au dernier moment Frantz enlèverait la sage Caroline à son milieu luxueux…

J’ai lu tous les livres de Gaëlle Josse et avec celui-ci, j’ai l’impression (qui n’engage que moi) que son oeuvre est comme un puzzle inachevé (et inachevable ?) dont elle reconstitue un morceau à chaque livre en parcourant des chemins à la fois familiers et vierges qu’elle s’évertue à rassembler, recoudre. Mais chaque romancière n’est-elle pas un peu la couturière de son âme ? Et je ne peux qu’espérer que le puzzle est loin d’être achevé et que d’autres broderies aussi fines nous attendent…

Merci à Gaëlle pour cet envoi gracieux et fort apprécié. Une lecture que je vous conseille, si comme moi, vous aimez l’Histoire, la musique mais aussi et surtout la petite histoire qui fait la différence…

« Un été à quatre mains » de Gaëlle Josse aux éditions HD ateliers Henry Dougier, sorti le 23 mars 2017.87 pages (trop vite lues). 8,90€. Un très bel objet-livre, ce qui ne gâche rien !

Et pour finir une « Fantaisie pour piano, à quatre mains » qui a dû résonner au-delà des hautes fenêtres du petit palace qu’était la demeure des Esterhazy, soufflant sur la campagne surchauffée de Zseliz ses notes mélancoliques dont les harmoniques résonnent encore au-delà du temps…

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CE QU’IL M’EN RESTE …

a-pinces-0-linges-logo1EDIT DU 14/09/2016 : logo corrigé entre deux orages pour supprimer la grosse « fôte » ! (Merci Aifelle, Anne et SophieKop !)

Bon, on ne va pas épiloguer et se confondre en gémissements mais il ne vous aura pas échappé qu’outre virer blog de cuisine (Merci EstelleCalim) ou d’humeurs, je ne publiais plus beaucoup de billets de lectures depuis plus d’un an… Aussi ai-je décidé de créer cette rubrique « Ce qu’il m’en reste », pour des livres lus il y a un an, deux ans, 6 mois, peu importe en fait,  avec une économie de mots qui devrait plaire aux plus pressés (Soène pourquoi tu tousses ?) ! Et comme la rentrée littéraire ne m’a pas encore émue, malgré quelques repérages intéressants dont mon cher Marcus Malte et le dernier Gaëlle Josse (non moins chère), je vous parlerai de lectures plus anciennes pour lesquelles je n’ai pas pris de notes et là on verra vraiment ce qui a survécu au temps malgré l’enthousiasme immédiat…ou pas.

Si l’idée vous séduit, rien ne vous empêche de reprendre le logo  et… l’idée !

A bientôt pour les premiers souvenirs ! D’un livre américain intitulé « L’étoile d’argent » de Jeannette Walls !

LA CITÉ DES JARRES d’Arnaldur Indridason

IMG_2462C’est fait ! J’ai enfin découvert Erlendur, le flic fétiche d’Arnaldur Indridason qui a séduit tant de blogueuses avant moi, on me le vantait depuis quatre ans, en me conseillant vivement de « commencer dans l’ordre » car les personnages évoluent. Effectivement, j’ai lu le premier « La cité des jarres » qui date quand même de 2000 (2005 en VF). Englouti en même pas un week-end, c’est vous dire si les 327 pages sont addictives. D’ailleurs j’ai regretté de ne pas avoir La femme en vert (le second), je me serais jetée dessus…

Mais qu’a donc Erlendur pour déchaîner les lectrices, et les lecteurs si j’ai bien compris en lisant quelques avis masculins ? C’est un homme qui doit approcher de la petite cinquantaine, vous savez cet âge incertain vers cinquante ans où les hommes qui, n’ayant pas encore fini leur crise de la quarantaine entament déjà, à titre préventif, celle de la cinquantaine. Pour notre plus grand bonheur. C’est un homme taciturne, divorcé, fumeur compulsif malgré sa douleur dans la poitrine qui lui fait croire que l’infarctus va le faucher en plein vol. Mais il n’est pas alcoolique. Un taiseux aussi, quand il suit son idée, au grand dam de ses collègues. Un solitaire qui vit avec sa fille droguée, Eva Lin,  qui essaie de décrocher de l’héroïne sous l’oeil blasé de son père (en apparence). Il ne voit plus son fils depuis des années. Vu comme ça, vous me direz, oui, bof, le flic classique de polar… Ben non, car sous ces apparences, se cache un autre Erlendur, tout en sensibilité et surtout d’une intelligence redoutable, sans que ça semble incroyable (dans le sens de pas crédible) au lecteur. Un homme de chair et de sang doublé d’un flic consciencieux, méthodique surtout.

L’histoire en bref (si tant est que ce billet ait quelque chose de bref) :

Cela commence par un crime  « typiquement islandais« , c’est-à-dire pas de quoi fouetter un chat, puisque la victime, un vieil homme dans les soixante-dix ans, Holberg a été tué d’un coup de cendrier. Mais ce sont trois mots écrits à la hâte sur une feuille posée en évidence sur les lieux du crime qui vont interpeller Erlendur, flanqué de son adjoint gradé (Erlendur ne l’est pas, on apprend qu’il n’est jamais monté en grade mais que son expérience du terrain en fait un homme craint et respecté), son adjoint nommé Si-machin-Oli (je ne retiens déjà pas les doubles prénoms français alors les noms islandais, bonjour !) (Sigurdur Oli il me semble). Un Oli très classe à côté d’Erlendur tout chiffonné. Et c’est là que se met en marche « la mécanique » Erlendur alors que nous ne saurons pas tout de suite ce qu’il y avait d’écrit sur cette feuille (haaa suspense !) : il part sur des pistes improbables, n’hésitant pas à remonter quarante ans en arrière, à remuer la boue marécageuse (au sens propre comme au figuré) des victimes, qu’elles soient présumées coupables ou encore innocentes. Ses adjoints dont Oli mais aussi une femme, vive, bavarde et futée (ça change des taiseux, prénommée Elinborg le suivent aveuglément, sans trop demander, de toute façon pas le temps, ils le croient à un endroit, il est déjà ailleurs.

Entre-temps, quand il lui arrive de rentrer chez lui avec de la junk food ou un plat micro-ondable inmangeable, il croise sa fille, Eva Lin, droguée jusqu’aux yeux, décharnée mais qui a décidé de s’en sortir pour cause d’embryon qui pousse dans son ventre et le désir secret et inavoué de faire de son père un grand-père. Les relations entre ces deux-là sont passionnantes, on passe d’une quasi indifférence au début, voire une lassitude désenchantée, (celle des parents ayant des enfants drogués) à des situations explosives où certaines vérités vont éclater violemment et la complicité retrouvée, pas à pas, mais avec l’amour qu’ils se portent au-delà de leurs défauts respectifs. Erlendur, le brut de pomme est émouvant quand sa carapace se craquèle ! Que c’est bon quand l’homme se réveille après des pages de non-dits, de silences de plomb et de nuits qui ne semblent jamais finir sur Reykjavik et ses habitants  ! Il lui arrive plus souvent de dormir tout habillé qu’en pyjama et son petit air froissé lui donne un côté attendrissant qui n’est pas pour me déplaire même si je préfère le côtoyer sur papier que dans la vraie vie !

Reykjavik en hiver.

Reykjavik en hiver.

Je ne vais pas vous raconter l’enquête ce serait une hérésie tant les diverses avancées s’apparentent à des rebondissement qui en font tout le sel. Juste vous dire que partir de ce crime banal pour arriver à une thèse sur le génome humain croisé avec la généalogie, encore une spécificité islandaise  (qui a fait grand bruit en 1999), en passant par la découverte de ce qu’était « la cité des jarres » est absolument stupéfiant. On apprend p.172 seulement ce que recelait la Cité des jarres, donc à plus de la moitié du livre, ce qui me fait encore dire que les quatrièmes de couverture des éditions Points en disent toujours (beaucoup) trop (ce n’est pas la première fois que je note ce détail).

L’action se situe à Reykjavik et dans ses grandes banlieues pour ne pas dire campagnes, il nous parle aussi d’autres endroits d’Islande, celle des geysers, des fjords, des sources, des volcans, de la nature sauvage et hostile, une balade que j’ai beaucoup aimée. On pourrait croire que l’enquête n’est qu’un prétexte pour nous brosser un tableau de l’Islande d’hier et d’aujourd’hui, mais non, Erlendur EST l’enquête, il ne vit que par elle, pour elle, avec elle tant que son idée n’a pas abouti sur une piste plausible, dût-il remuer les bas fonds, plonger dans des passés sordides et ne pas dormir plusieurs jours de suite ! Cette alchimie doublée d’une construction parfaite rend la lecture fluide et surtout sans répit malgré la lenteur toute relative propre aux écrivains du Grand Nord. On n’a pas affaire aux énervés texans décérébrés qui dégainent leur Glock avant de savoir s’ils tirent sur une canette de bière ou un cerveau humain. La deuxième partie est le contrepoint parfait de la première, un sans fautes jusqu’au dénouement amené avec soin, pas bâclé comme dans la plupart des polars américains de dernière génération. Et l’amour me direz-vous ? On ne peut pas affirmer qu’Erlendur ait une libido échevelée vu le style de vie qu’il mène mais à la faveur d’une rencontre avec une pétulante professeur d’université il retrouvera des couleurs, furtives certes,  mais on se prend à rêver qu’il y a du potentiel sous le costume froissé ! À suivre : j’espère dans les autres opus. Je précise que l’action se déroule en automne sous une pluie glacée et quasi permanente : frileux s’abstenir ou prévoir un plaid pour savourer avec une bonne tasse de thé/café/chocolat chaud.

Keflavik - Islande - Endroit qui a son importance dans le livre...

Keflavik – Islande – Endroit qui a son importance dans le livre…

Après ce billet interminable qui vous a j’espère bien traduit ma montée dans les tours à l’occasion de cette lecture, dois-je préciser que c’est un coup de coeur et que je vous la recommande chaudement ! D’ailleurs, comme je regrette d’avoir attendu quatre ans… (soupir).coup_de_coeur_d'asphodèleJe ne recense pas ceux qui l’ont lu, je pense que c’est le cas des trois quarts de la blogo mais parmi les fans, de mémoire, je peux citer mon amie Somaja  qui me l’a offert cet été et je la remercie chaudement, Syl. Sharon,et Aifelle qui lit son Indridason tous les ans, du moins dès qu’il en sort un si j’ai bien compris !logo challenge à tous prix

Il a obtenu le Prix Clé de verre et  Le Prix mystère de la Crique 2006, il compte pour mon challenge « à Tous Prix« 

arnaldur indridasonQuant à Arnaldur Indridason, pour en savoir plus sur lui, c’est par ici !

Où lisons-nous ? Un tag pour le dire… un livre, un lieu !

Syl m’a taguée, un tag intéressant certes,  mais j’avoue que cela m’a pris du temps car si je garde le souvenir des pays où j’ai vécus, celui des livres lus, j’ai toujours l’impression que l’endroit où je lis le plus (où j’ai toujours lu) est…ma chambre, mon cocon, mon havre de silence. Mais en cherchant bien, quelques anecdotes sur ces lieux qui correspondent davantage à des périodes de lecture de tel ou tel style, quand ce n’est pas un auteur…

Mon premier souvenir, à 6 ans, mon premier livre, Belle et Sébastien, dont j’ai retrouvé la couverture originale, avant d’enchaîner sur la Comtesse de Ségur… et je lisais par terre, au milieu de ma chambre, incapable de lâcher le livre avant de l’avoir fini, ils ne duraient qu’un après-midi, mes parents m’en ont beaucoup offerts à cette époque, j’en avais des cartons entiers (disparus dans les déménagements)…

L'exemplaire de ma maman retrouvé par miracle !

L’exemplaire de ma maman retrouvé par miracle !

belle & sébastien

 

 

 

 

 

Puis, départ au Maroc, j’ai 9 ans et je me prends de passion pour Les misérables de Victor Hugo, surtout pour Cosette qui me fait pleurer toutes les larmes de mon corps, toutes mes poupées s’appellent Cosette et je les sauve de l’orphelinat comme de tous les Thénardier de la terre…

Le livre était illustré et je me souviens parfaitement de cette couverture !

Le livre était illustré et je me souviens parfaitement de cette couverture !

Puis arrivent mes 13-14 ans qui se passent dans un collège banlieusard sinistre (après le Maroc vous pensez bien) de Châtenay-Malabry où je passe le plus clair de mon temps sur la pelouse à écouter des chevelus gratter leur guitare tout en dévorant Barjavel, surtout La Nuit des temps (puis Ravages) qui me transporte loin de ce quotidien déprimant…Barjavel la nuit des tempsSur cette pelouse, j’ai aussi lu Des fleurs pour Algernon, une boîte de kleenex à côté de moi et quelques classiques qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable…

A 15 ans, virage à 180°, mon père est muté au Gabon et je rejoins une pension de jeunes filles à Saint-Germain-en-Laye (Lycée Claude Debussy) où là commence la frénésie livresque !  Les lumières dans le dortoir étant coupées à 22h, je vais lire dans les douches-toilettes pas chauffées sous mon duvet et quelques écharpes. C’est le temps de Madame Bovary, Le Rouge et le Noir entre deux Pearl Buck pour me détendre. Je la lirai jusqu’à mes 17 ans, entre deux. Vent d’est, vent d’Ouest, Une terre chinoise, Pivoine (j’ai pris chinois en 3ème langue) et j’ai besoin d’apprendre sur la Chine (entre deux Confucius, Lao-Tseu et j’en passe !)… Mais aussi la littérature espagnole, la rencontre avec Federico Garcia Lorca et le chanteur Paco Ibanez qui l’a mis en musique.

Prix Nobel et prix Pulitzer, quand même !

Prix Nobel et prix Pulitzer, quand même !

En première, je découvre Baudelaire, Rimbaud, Eluard qui vont marquer à jamais ce que j’aime dans l’écriture : la poésie ! Mais en terminale, deux livres ont changé ma vie ou devrais-je dire un auteur puisque c’est Camus qui va m’occuper toute l’année. D’abord avec Noces, merveilleux et le Mythe de Sisyphe qui a changé ma vision du monde pour longtemps.a Noces de Camus suivi de l'étéLà aussi, la couverture de l’exemplaire que j’ai lu…

Je l'ai encore dans ma bibliothèque...

Je l’ai encore dans ma bibliothèque…

Lectures (toujours) dans mon box du dortoir ou dans les toilettes-douches…

À 19 ans, mon Deug chinois validé, je m’envole pour la Nouvelle-Calédonie (Galéa, 26 à 30 heures de vol, ça vaccine^^) et là va commencer ma période SF ! Je ne lis pas à la plage, le sable, le monoï, le vent, très peu pour moi ! Mais je lis sur mon balcon face à la mer, en regardant les petits bateaux blancs de plaisance s’évader vers un îlot paradisiaque ! Et c’est Silverberg (mon chouchou), Frank Herbert (et Dune), Asimov, Bradbury…a silverberg a caledonie baie orphelinat

A l’occasion d’un voyage en France, dans une chambre d’hôtel de Juan-Les-Pins, je découvre Fitzgerald avec Tendre est la nuit : coup de foudre, le décor s’y prête, je lis allongée sur la moquette de la chambre au soleil et j’enchaîne sur Gatsby, en me disant que j’ai dû avoir une vie antérieure à cette époque. Ce n’est que bien plus tard que j’approfondirai mes recherches sur le couple (en 2007 avec Alabama Song, lu 3 fois, de Gilles Leroy qui questionne…)

Retour à Paris, métro, beaucoup, deux heures par jour puis 4 h ! J’enchaîne les polars et notamment tous les P. Cornwell, mais aussi crise orientaliste avec des Christian Jacq (j’assume), Tahar Ben Jelloun, et d’autres que j’oublie…a Cornwell post mortemMais depuis, de l’eau a encore coulé sous les ponts, j’ai découvert Laurent Gaudé, Marcus Malte, Sylvie Germain, Gaëlle Josse, Philippe Claudel, des auteurs du nord, des anglais, des américains et vous voulez que je vous dise ? Peu importe où je lis, du moment que je lise et que je me souvienne de la trace que le livre a laissé en moi…

Et je tague : Somaja, Natiora, Aifelle ? (à tout hasard), Galéa (une deuxième fois pour qu’elle se sente aimée),  Mind The Gap (qui nous impose des jeux tordus et se planque dès qu’il voit un tag qui ne lui plaît qu’à moitié), Jean-Charles, Béa ma Comète, Philisine, Valentyne , Soène, Eeguab, ClaudiaLucia , Nathalie, Valérie de Val-m-les-livres,  RP 89, et tous ceux que j’oublie et que j’aime pourtant mais mémoire défaillante… Pardon !

Je tiens aussi à m’excuser pour les nombreux commentaires qui gisent sans réponse, depuis samedi dernier pour certains, je m’emploie à y répondre aujourd’hui, mille excuses mais j’ai été bousculée cette semaine !

Je vous souhaite un bon dimanche !

LA LUMIÈRE DES ÉTOILES MORTES de John Banville

BanvilleVous pensiez que ce blog était moribond ? Vous n’aviez pas tort. Je viens le réanimer avec un livre de la rentrée littéraire qui est presque un coup de coeur ! Presque… mais il m’a tenue en haleine cet été et dans les circonstances de lecture qui étaient les miennes, je lui en sais gré.

LE PITCH :

Un acteur vieillissant, la soixantaine tristounette, Alex se voit proposer un grand rôle dans un film intitulé « L’invention du passé » avec une célèbre actrice Dawn Davenport qui a l’âge qu’aurait Cass, sa fille si elle ne s’était suicidée dix ans plus tôt. Mais ceci est l’arrière- plan du livre, tout comme son présent avec sa femme Lydia, leurs difficultés à communiquer depuis le suicide de Cass… La focale est braquée sur la mémoire et sur l’histoire d’amour incroyable qu’il vécut à l’âge de quinze ans avec Madame Gray, trente-cinq ans, mariée et mère de son meilleur ami Billy. Présent et passé s’entremêlent de façon subtile sans jamais s’entrechoquer, sans jamais nous perdre surtout et la pudeur du ton, la beauté poétique du style en font une histoire émouvante, majestueuse pour ne pas dire magistrale.

CE QUE J’EN AI PENSÉ :

La mémoire et ce que nous en faisons est au centre de la réflexion de l’auteur, il en fait une proie qu’il traque méthodiquement, en quête du moindre détail de ce qui se passa pendant les cinq mois que dura son aventure avec Madame Gray : « Je n’arrive pas à me souvenir des traits de la femme à vélo avec assez de netteté pour pouvoir affirmer que c’est bien elle qui m’a fourni ma première vision de Vénus Domestica, même si je me cramponne à cette éventualité avec une nostalgie têtue ». Amélie Nothomb a la nostalgie heureuse, Banville, lui, l’a têtue. A partir de là, il va nous retracer les émois de cette première expérience amoureuse avec ses affres et ses flamboyances. Nous assistons à l’éclosion de l’homme qu’il est devenu (ni meilleur ni pire qu’un autre) et combien cette histoire a déterminé des traits de caractère, des « acquis » qui sont restés intacts malgré les quarante ans enfuis, à l’image du souvenir de Madame Gray… L’histoire se passe dans les années 1950 et j’ai la quasi certitude que les jeunes de quinze ans de cette époque avaient une maturité autre que celle de ceux d’aujourd’hui, c’est évident et c’est pour cela qu’il n’y a rien de choquant, du moins à mes yeux (et grâce à la façon dont c’est raconté). Madame Gray reste mystérieuse une grande partie du livre, on s’interroge sur ce qui la pousse dans les bras d’un garçon de l’âge de son fils mais on ne peut s’empêcher d’éprouver de la tendresse pour cette amante juvénile et fougueuse malgré ses trente-cinq ans. Ce qui m’a accroché et ému dans ce livre (passé l’étonnement premier de l’âge du narrateur) c’est la pudeur, le ton de confidence émue et sa prise de conscience du scandale qu’a pu susciter pareille aventure à l’époque, si tant est qu’elle se soit autant ébruitée que sa mémoire le lui suggère…

Quand il parle de son présent difficile avec sa femme Lydia, c’est Cass, qui revient toujours, en filigrane mais obsédante, dans un jeu de miroirs, réfléchissant ce qu’il vécut lui à l’âge où elle mourut. Avec les interrogations douloureuses qu’elle a laissées en se suicidant. Les correspondances qu’il trouve chez Dawn, l’actrice avec qui il va tourner cette « invention du passé ». Car pour lui le passé ne s’invente pas, ne meurt pas avec les disparus, ils se ré-invente peut-être dans la restitution de certains détails mais il laisse au coeur des éclats de verre suffisamment coupants pour ne pas oublier. « Il parlait maintenant de la lumière des étoiles mortes qui parcourt un million (…) de miles avant de nous atteindre (…), si bien que partout où nous posons notre regard, partout, c’est le passé que nous contemplons ». Le passé, pour Alex, demeure un « présent lumineux » où les morts s’animent sans provoquer tristesse ou morbidité. Bien au contraire.

Les dernières pages lèvent le voile sur les « motivations » de Madame Gray et nous la rendent  encore plus fragile qu’elle n’était au moment des faits évoqués. Je n’en fais pas  un coup de coeur car malgré la beauté du texte, je n’ai pas réussi à m’identifier à un seul des personnages, ce qui ne m’a pas empêché de les aimer. J’ai été suffisamment fascinée par cette plongée dans la mémoire, mouvante comme les sables du même nom, cette mémoire qui permet aussi de redonner sens, vie et lumière à ce qui n’est plus en justifiant ce qui est. Pour continuer d’avancer, même dans les tunnels les plus sombres. « Les morts sont ma matière noire, ils comblent imperceptiblement les vides du monde ». Un beau et grand livre porté par une écriture juste, sensible, poétique où la lumière des étoiles continue de scintiller bien après que le livre ne soit refermé…

SUR L’AUTEUR :Banville John

Romancier, journaliste et scénariste, né le 8 décembre 1945 à Wexford en Irlande, John Banville est considéré comme un des auteurs majeurs de langue anglaise. Depuis 1971, il a obtenu plusieurs prix littéraires dont le Booker pour son roman « La Mer ». Il est aussi connu sous le pseudo de Benjamin Black pour huit romans policiers dont trois sont traduits en français. Pour ceux que ça intéresse, voir sa bibliographie, sa filmographie également (et de plus amples détails), ICI.

Des avis élogieux également chez L’Irrégulière, Titine, Nadael. Si j’en oublie, dites-le moi, j’ajouterais votre lien ! D’ailleurs Titine qui connaît bien l’auteur nous a précisé dans son billet qu’il s’agissait du dernier opus d’une trilogie. Pour ceux qui veulent en apprendre plus sur Cass (notamment), et sur les personnages « secondaires » de ce livre, c’est bon à savoir…

Merci aux Editions Robert Laffont pour ce partenariat « choisi » et positif.

La lumière des étoiles mortes de John Banville –  Traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch – 346 p.- Editions Robert Laffont, collections PΔVILLONS,dirigée par Maggie Doyle et Jean-Claude Zylberstein.

EDIT DU 4 SEPTEMBRE 2014 : Bien que ce ne soit pas un coup de coeur intégral (oui comme les casques du même nom, vous savez), je l’entre au Non-Challenge de Galéa dans son rayon « pépites » car c’en est une : un mois après sa lecture, la réflexion de l’auteur sur le temps et la mémoire me poursuit toujours et ça c’est « pépitable » !!!Logo Galéa non challenge 2014-2015

Il entre également dans mon challenge « à Tous Prix » avec le renommé prix espagnol : prix Prince des Asturies 2014 et dans le Challenge Amoureux de l’Irrégulière dans la catégorie « amours de jeunesse » (je viens de l’inventer mais ce n’est pas grave)…logo challengeamoureux4

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N’OUBLIE PAS LES OISEAUX de Murielle Magellan

Magellan couv'J’avais dit que je reviendrai avec le muguet, ce dernier étant très en avance, me revoici plus tôt que prévu avec ce livre lu depuis…janvier ! Je m’excuse auprès de Cécile Ruelle pour avoir tardé à rédiger cette chronique.

« C’est l’histoire d’un amour« …on croirait entendre la chanson mais non, ce sont les mots de l’auteure qui précise :  » C’est parce que cette histoire est vraie en tout point -à d’infimes détails près- que la romancière que je suis a voulu la raconter. Pour en extraire la réalité romanesque,  et la restituer, la partager, dans sa nudité, sa beauté, sa cruauté et sa douceur » . Lire la suite

Une lecture à l’aveugle, ça vous dit ? Question posée par Jérôme !

logo jérôme lecture a l'aveugleRécemment notre ami Jérôme ou « blogueur-chouchou-de-ces-dames » a reçu un livre mystère, (clic sur le lien pour voir l’expérience en live) dont les couverture, titre, ou tout renseignement figurant dans les pages de début et de fin avaient été masqués. Il a joué le jeu, n’a pas entré une phrase du livre sur Goo**e pour savoir de qui il s’agissait et l’expérience s’est avérée géniale ! Il se trouve que nous sommes trente à vouloir connaître le grand frisson procuré par le livre-mystère, un vrai phénomène ! Lire la suite

Les Tops (et les flops) de mon année 2013, petit retour en arrière…

En reprenant mon carnet où je consigne chaque lecture par mois, j’ai redécouvert certains livres qui ont été des coups de coeur ou du moins de beaux moments de lecture, très peu de flops finalement comparativement à l’an dernier. J’ai lu 61 livres dont une BD et un album (non chroniqué à ce jour). Il faudra que je compare avec mon bilan de l’an dernier mais je dois être dans ma « moyenne » !  En sachant que j’ai eu une panne en juin qui a fait chuter ladite moyenne et que novembre et décembre n’ont pas été très actifs pour d’autres raisons…gif pieds dansent hampshire tumblrAnd the winners are …Voici les dix livres qui ont marqué mon année, me faisant tourbillonner de plaisir,  par ordre de lecture dans le temps, on a tendance à ne se souvenir que des plus récents…

1) Best love Rosie de Nuala O’Faolain, un livre qui m’a profondément touchée et la découverte d’une auteure disparue trop tôt, une belle plume et des réflexions pleines de justesse et d’émotion. Aussi parce que je me suis identifiée à cette cinquantenaire à la fois désenchantée et pleine de vie…

2) La plus que vive de Christian Bobin, un livre qui transforme le deuil en joie, une grâce illuminée propre à Bobin. Une rencontre avec cet auteur hors normes.

3) Elle, par bonheur et toujours nue de Guy Goffette, un auteur d’une infinie délicatesse qui rend un hommage magnifique à Martha, la muse du peintre Bonnard et par ricochet à Bonnard lui-même. Un livre de lumières et de clairs-obscurs sous fond de passion amoureuse.

4) Maine et Les Débutantes de J. Courtney Sullivan, je mets ses deux livres car ce sont deux lectures marquantes par une jeune auteure américaine avec qui il va falloir compter.

5) Nos vies désaccordées de Gaëlle Josse, parce que ce livre m’a redonné goût à la lecture, il a donc compté à sa façon et j’ai apprécié la plume de l’auteure toute en finesse.

6) Les âmes grises de Philippe Claudel parce que Philippe Claudel et que c’est sûrement le meilleur que j’ai lu de lui avec Meuse l’oubli, il fait partie avec Laurent Gaudé et Sylvie Germain de mon top 3 des auteurs français contemporains.

7) Tobie des Marais de Sylvie Germain : MA révélation de l’année surtout quand, comme ici, elle mêle légendes et fantastique, le résultat est fabuleux !

8)La porte des Enfers de Laurent Gaudé, un livre très noir mais d’une construction parfaite et un style là aussi inimitable !

9) Instinct Primaire de Pia Petersen, pour le message qu’il véhicule, pas pour le style mais un livre qu’on n’oublie pas une semaine après…

10) En nous la vie des morts de Lorette Nobécourt, là aussi une découverte si forte qu’elle a provoqué ma panne de lecture !!! Je ne pouvais plus rien lire après ça !

11) Oui je sais je dépasse mais c’est certainement mon plus gros coup de coeur de l’année et tadam, il s’agit du premier livre de Sylvie Germain que je viens de finir et là, je n’irai pas par quatre chemins, pour moi c’est son chef d’oeuvre , j’ai cité Le livre des nuits ! Je m’en remets difficilement, je vous en parle début janvier.

Il serait dommage de laisser de côté les polars car certains m’ont fait passer d’excellents moments même s’ils marquent moins qu’un livre classique, ils jouent un rôle non négligeable dans ma vie de lectrice :

1) tous les Johan Theorin, cet auteur suédois qui situe ses romans (les trois que j’ai lus) sur l’île d’Öland en Suède, faisant de cette île un personnage à part entière qui donne aux romans, en fonction de la saison une atmosphère mystérieuse et enchanteresse.

2) Délivrance de Jussi Adler-Ölsen, un pavé que j’ai dévoré et qui nous en apprend sur la vie contemporaine au Danemark, il conjugue bien le deux en un ! Sans parler de l’humour qui fait mouche !

3) Gros coup de Ken Bruen, un auteur découvert grâce à Sharon qui en a d’ailleurs fait un challenge tellement elle est fan ! Un couple de flics (série des R & B) totalement déjantés et incorrects au possible mais qu’est-ce que ça fait du bien de sortir de l’asepsie qui s’empare des polars après avoir été des endroits où les flics étaient systématiquement alcooliques et dépressifs, là c’est alcool et baston mais ça déménage !

4) et le petit dernier : Les apparences de Gillian Flynn qui m’a scotchée du début à la fin ! Un livre machiavélique !

gif chat tire la langue soènePour les flops : juste  trois dont deux polars :

1) Une chance de trop d’Harlan Coben, que je voulais lire avant d’aller à Quais du Polar à Lyon mais bof bof et bof ! De l’hémoglobine, voire de la cervelle rose toutes les deux pages, c’est un peu facile et quant au style ou à la traduction, c’est pire que moyen.

2) Genesis de Karin Skaughter, et comme l’ai dit à l’époque dans mon billet, une auteure que j’aurais aimé aimer mais non, là quand le glauque se fait vulgaire, je ne peux pas ! J’avais reçu Broken en SP, je n’ai pas pu le finir !

3) Les revenants de Laura Kasischke qui a été vraiment une grosse déception. Un livre trop long qui use et abuse des clichés des campus américains ! Déception d’autant plus forte que j’avais adoré Un oiseau blanc dans le blizzard quelques mois plus tôt, et j’avais vraiment envie de la relire ! Je pense que les formats longs ne lui conviennent pas mais ce n’est que mon avis…

Comme toujours dans ce type de bilan, il faut faire des choix, pas toujours faciles mais je n’ai retenu que ceux qui m’ont marquée et pas forcément les coups de coeur du moment qui ça arrive, passent très vite…

Dans la semaine, je ferai un bilan du blog avec requêtes drôles à gogo, là je vais vous laisser respirer et vous souhaiter un joyeux réveillon ! 🙂gif vieille horloge lettresdanslesmots tumblr

PETITES SCÈNES CAPITALES de Sylvie Germain

photomania_30396652Je pensais que ces scènes seraient indépendantes les unes des autres, un peu comme des nouvelles mais non, il s’agit de la vie de Lili-Barbara, de ses quatre ans à un âge avancé. Mais si elles suivent l’ordre chronologique, dans une construction absolument magistrale, elles pourraient se lire dans le désordre que nous comprendrions…

Ces petites scènes capitales sont des instantanés des blessures et des rares bonheurs qui ont façonnés Lili, qui lui ont permis aussi de devenir Barbara à quinze ans mais sans jamais pouvoir occulter l’immense place prise par Lili.

La première scène nous parle de la mort de la mère de Lili et de sa réaction panique puisqu’elle ne sait pas ce qu’est la mort, elle pressent seulement que les choses vont changer et elle se précipite sur la balançoire pour s’étourdir en volant haut, toujours plus haut dans l’espoir de faire disparaître la boule qui s’est formée dans sa gorge. Ce n’est que plus tard qu’elle dira :  » Fanny ma mère maman, l’immatérielle, son intime inconnue dont elle rêve parfois, fantôme du paquebot qu’elle a vu un jour émerger de la brume  au son d’un râle formidable pareil à un mugissement de taureau qui n’en finirait pas de mourir, de refuser de mourir. »  (p.54). Mais il faut compter aussi avec les personnages secondaires, les frères et soeurs qui ont malléés Lili, ont aidé à la pétrir d’incertitudes même si au fil des ans, elle a appris à se contenter des réponses qu’on a bien voulu lui donner… Car au fil des pages, nous comprenons que ce sont les morts qui ont marqués Lili au fer rouge de l’incompréhension. La mort, ce grand mystère inexplicable et surtout inexpliqué par les adultes, eux-même empêtrés dans les conventions du deuil et leur propre chagrin. Comment dans ces conditions accepter du jour au lendemain le remariage du père avec une femme affublée de trois enfants ? Comment trouver sa place dans cette fratrie et surtout se distinguer, traquer dans le regard de ce père-bouée de sauvetage une reconnaissance qui ne vient pas…des confidences qu’il taira longtemps.

La vie, la mort, les interrogations existentielles et mystiques, voilà le coeur de ce livre…capital ! Parce que  » La liberté, comme l’amour, a un coût, celui de l’intranquillité, ni l’un ni l’autre ne sont jamais acquis » (p.204).

Bien que la fin n’en soit pas une, comment finir le récit d’une vie qui continue, le style recherché et éblouissant de Sylvie Germain m’a conquise une fois de plus et si j’ai préféré Tobie des marais car il y a une part de fantastique, absente ici, la plume de l’auteure  nous envole sur cette balançoire qui figure en couverture et nous ne redescendons (à regret) qu’une fois la dernière page tournée et j’ai envie de dire « à bientôt Madame Germain », j’ai cinq livres de vous sur mes étagères et je n’ai qu’une hâte, me plonger très vite dans votre univers de grâce et de beauté  servi par un style inimitable, douloureux souvent, lumineux toujours…

Lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire organisés par Price Minister et le valeureux Oliver que je remercie ! Ma note est de 18/20..matchs price minister 2013

INTÉRIEUR NORD de Marcus Malte

Intérieur Nord de Marcus MalteUne lecture commune (d’été) avec ma Comète préférée d’un auteur dont je vous rebats les oreilles régulièrement ( ICI, ENCORE ICI et ). Voici quatre nouvelles, quatre petits bijoux ciselés et riches en émotions. Intérieur Nord pourrait être cette zone d’ombre qui se glace et se fige à jamais quelque part en nous, suite à une fatalité quelconque. Quand les morsures du froid conduisent à la folie ou pire, à l’indifférence.

La première, Musher, nous parle d’un jeune homme solitaire qui vit avec ses chiens de traineaux en montagne. Comme un petit animal, proche de la nature. Comment l’amour va lui tomber dessus dans un quiproquo, l’obligeant à un choix qui ne mène pas forcément au bonheur. Tendre et poignant. Lire la suite

Bilan de Juillet 2013 !

bilan du mois ana-rosa tumblrDéjà le 3 août, et mon bilan n’est pas paru ! Si juin fut tristounet et pauvre en lectures (2 livres), je me suis rattrapée en juillet, la faute à la chaleur qui pour moi est pire que la pluie puisque je reste cloîtrée sous mon ventilo, au bord du malaise, donc merci les livres de me tenir le haricot !!! J’exagère un peu, les jours de chaleur raisonnable, je vaque au jardin… En revanche, je n’ai pas fait tous me billets, mais avec les Plumes, vous me pardonnerez de n’être pas au four et au moulin (et je ne parle même pas de la cuisine)… Lire la suite

Bilan de janvier , chanson et résultats du concours ! !

Camondo-rmnJe n’ai pas fait de bilan depuis…je n’ose même pas le dire, aussi ai-je décidé de m’y tenir cette année, elle commence juste, c’est encore normal de suivre ses bonnes résolutions ! Ce n’est pas un grand cru, j’ai fait mieux, mais compte-tenu des circonstances, je ne suis pas mécontente et dans l’ensemble, j’ai aimé mes lectures, quoi d’autre de plus essentiel ? Lire la suite

Quinze jours dans l’imaginaire et un TAG !

logo quinzaine imaginaire ariestePour couper le sifflet aux sirènes énamourées et rose guimauve de la Saint-Valentin, Aymeline-Arieste nous propose de nous plonger pendant quinze jours (jusqu’au 14.02) dans des lectures issues de la littérature imaginaire : science-fiction, Fantasy, merveilleux tout sera bon pour nous enfuir loin des vitrines dégoulinantes de bons sentiments … Elle vous explique mieux que moi en quoi cela consiste, c’est PAR ICI. Et, pour nous interroger sur l’Imaginaire, elle nous offre un tag, histoire d’évaluer où nous en sommes et voir « notre rapport à ce genre de littérature » . Je me fais un plaisir d’y répondre ! Lire la suite

LECTURE COMMUNE de LE K de Dino Buzzati, on récapitule !

Lectures ensemble-James Jebusa ShannonNous étions trois au départ à vouloir lire ce livre, vivement conseillé par Eeguab-Modrone, avec Valentyne et en en parlant de ci, de là, en commentaires, puis avec les billets de Valentyne et Laure, il semble que nous soyons plus nombreux et c’est tant mieux !

Comme nos programmes étaient assez chargés avec les Fêtes, la date a été arrêtée au 31 janvier 2013, ce qui nous laisse un bon mois et demi ! Celles et ceux qui veulent nous rejoindre, levez le doigt et laissez le lien de votre blog en commentaires. J’inscrirai (mais vous aussi) les liens des participants, le jour de la parution de notre billet commun. Mais aussi dans ma Page Lectures Communes, sous la bannière.

Le K de Buzzatti

Et comme je trouve sympathique de parler d’un livre, pendant que nous le lisons, n’hésitez pas à communiquer entre vous et avec moi pendant cette lecture !!! 🙂 Si vous le souhaitez, bien entendu…

A ce jour j’ai noté mais j’ai dû en oublier : Valentyne, Eeguab, Laure, Jean-Charles et Morgouille ChroniquesLittéraires, Natiora, Noctenbule et ? Aidez-moi !!! J’en ai sous le béret mais je ne sais plus où donner de la tête !^^gif chat béret lylouanne tumblr

Les 60 bougies du Livre De Poche !

Capture LDP 60 ans blogueurs

Dès février 2013, le Livre De Poche (LDP) fêtera ses soixante ans, déjà ! En 1953, on ne donnait pas cher de lui et surtout on s’éventait dans les salons, le livre sacro-saint, symbole d’une certaine culture bourgeoise se démocratisait sous une forme peu élégante pour les amoureux des Beaux-Livres et les têtes bien-pensantes de la culture… Merci Monsieur Filipacchi d’avoir bousculé les traditions  !

A cette occasion, Le Livre De Poche offre aux blogueurs une pleine page, reconnaissant ainsi l’intérêt de nos chroniques puisqu’il créée l’évènement : « Les 60 livres préférés des blogueurs ».
On nous demande juste de remplir un questionnaire et de citer nos cinq titres préférés figurant au Catalogue du LDP. Vous pouvez, auparavant, vérifier la liste des auteurs publiés, ICI ainsi que les titres car (pour tout vous dire),  j’étais persuadée avoir lu Clair de Femme de Romain Gary en Poche mais à ce jour, ils ne possèdent qu’un titre de cet auteur, donc attention à ne pas mélanger les Folio, Pocket, J’ai lu et assimilés… Et remplir le FORMULAIRE, ICI. Je tenais à souligner également que, les partenariats avec LDP sont très agréables, car depuis un an et demi, je n’ai aimé que trois livres, j’en ai même descendu un plutôt violemment et jamais il ne m’a été fait de remarques désobligeantes. Ce qui est appréciable pour bloguer sereinement !

N’hésitez pas non plus à aller lire l’historique, ICI,  de cette petite maison devenue grande, nous y apprenons les titres des tous premiers Poche, Koenigsmark de Pierre Benoît, le premier puis L’Ingénue Libertine de Colette, Pour qui sonne le glas d’Hemingway et aussi Un amour de Swann de Proust (vous imaginez, Proust en Poche ?) ainsi que Mémoires du Cardinal de Retz ; peut-être en avez-vous un datant de cette époque ? Le Poche est toujours celui que l’on emmène dans son sac, il est « nomade » et s’intéresse aussi bien aux classiques qu’aux contemporains en mélangeant allègrement les genres. Sans son éclectisme, beaucoup d’entre nous n’auraient jamais accédé à certains savoirs, ne l’oublions pas ! J’y ai aussi appris qu’après avoir « vivoté » quatre ans environ, les ventes de 1957-58 affichaient  8 millions d’exemplaires mais onze ans plus tard, quand les enfants du baby-boom ont eu la vingtaine, elles explosaient à 28 millions en 1969. On connaît la suite…

J’en ai pas mal d’exemplaires des années 60-70 mais j’en ai retrouvé un de 1953 ( L’invitation à la valse de Rosamond Lehmann), et un de 1954 (La Symphonie Pastorale d’André Gide avec Michèle Morgan en couverture). Il n’étaient pas à moi au départ, il serait temps que je les lise ! 🙂

ldp anciens 1

Quand une blogueuse nous interroge !

Vous êtes déjà nombreux à avoir répondu au questionnaire de notre chère Morgouille, qui en parlait ICI, mais il semble qu’elle ait encore besoin de réponses, donc je vous explique de quoi il s’agit afin, si c’est possible, d’en inciter certains à aller répondre au questionnaire !

Notre jeune Morgouille se prépare au beau métier de bibliothécaire-documentaliste et doit remettre bientôt son TFE (Truc Travail de Fin d’Etudes) qui porte sur la présence des bibliothèques belges (ou pas d’ailleurs) sur la blogosphère. Donc un sujet qui nous interpelle tous, nous les blogueurs lecteurs ! Pour ce faire, elle a mis en place, fin octobre un questionnaire très complet sur nos habitudes de lecteurs en rapport avec les bibliothèques, sur leur présence ou leur absence dans nos choix de lectures ! C’est PAR ICI qu’il faut aller pour l’aider à y voir plus clair ! Que vous viviez en France ou ailleurs n’a pas d’importance, bon d’accord beaucoup adoooorent la Belgique en ce moment, son plat pays, ses flamandes, ses moules-frites mais pas pour les bonnes raisons, là vous avez l’occasion de participer en live à un évènement important, ne le manquez pas ! Et merci pour elle !!! 🙂 N’hésitez pas à relayer sur FB pour ceux qui ont un mur !

LENDEMAIN DE R.A.T : des cernes et un bilan riquiqui !

Maintenant que les marathoniennes récupèrent de ce week-end endiablé photo parlante), Aymeline nous a demandé un bilan : temps passé à lire (oui, avouons que la Page Facebook tenue par les Cheerleaders déchaînées, la une , la deux et Bleue Violette (je n’ai pas ton lien de blog mais je vais y remédier^^), nous a un peu détournés de l’objectif) (mais on a tellement ri !)  !!! Sans oublier Nunzi, notre chatte préférée qui a elle aussi agité ses grelots !!!  En ce qui me concerne le bilan va être vite fait : Lire la suite

LE MARATHON DE LECTURE D’AUTOMNE, c’est parti !!!

Aymeline/Arieste a eu la bonne idée de reprendre en France le Read-A-Thon américain organisé chaque année par Dewey et nous sommes 35( j’attends les chiffres définitifs dans l’oreillette) à participer sur les deux jours ! Tant mieux, c’est le but ! Je vais donc lire de 10 h ce matin à 22 heures ce soir, soutenue par Syl., pom-pom girl adoubée de cette saison, en espérant que les copines des années passées vont venir lui prêter main-forte, Lystig  en sera, Soène passera, Nunzi notre minette préférée aussi ; quant à Somaja et Jeneen, mystère et boule de gomme, ce sera la surprise du jour ! ! Ce Marathon de lecture a également une page sur Facebook ! Participent également ce samedi de 10 h à 22 h : Aymeline (à partir de 14 h), Sharon, Natiora, Morgouille, L’Or des Chambres, Petit_Speculoos, Iluze Adalana (dimanche), EstelleCalim , Giny, voir chez Aymeline la liste complète car il y a beaucoup de tranches horaires « à la carte » pour ces deux jours, donc je n’ai pas tout suivi !!!! Lire la suite

Un point sur mes livres voyageurs, aller-retour !

Les livres voyagent, voyagent, tant et si bien que parfois on perd le fil des correspondances et on ne sait plus où ils sont ! Jeneen m’a indiqué quelques pistes, mais j’aimerais avoir une confirmation par celles qui sont en possession des livres que je vais vous citer. Ensuite je ferai un topo de ceux qui sont chez moi, comme je suis en général le terminus, personne ne les attend derrière mais j’aime aussi savoir à qui ils appartiennent et pour l’un d’entre eux, après enquête, c’est mystère et boule de gomme…

Les miens :

OH BOY ! de Marie Aude Murail  ;
LE BON, LA BRUTE, ETC. d’Estelle Nollet ;
L’AVANT-DERNIÈRE CHANCE de Caroline Vermalle.

Pour Été d’Edith Wharton, je sais qu’Aymeline l’a et elle peut prendre son temps. En revanche j’avais envoyé à Clara, Haute-Société de Vita Sackville-West, livre qui appartient à Somaja de surcroît et nous avons perdu sa trace !!! Merci Clara de nous éclairer !

Pour les cinq ou sept qui sont chez moi, Jeneen est au courant, nous avons fait le point hier mais je pensais que LES FEMMES DU BRACONNIER venait de chez elle eh bien non ! Il est arrivé avec Mort d’une garce (qui est bien à Jeneen).

Aymeline, pour info, j’ai toujours Jane Austen à Scargrove Manor et Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, ainsi que Béa de Capri (pour ce dernier je pense que je vais le renvoyer sans le lire).

Ayant eu une période « floue » l’hiver dernier (mémoire fluctuante à cause d’un traitement), merci de me dire si vous en voyez d’autres mais à priori j’ai bien regardé, concernant ceux que j’ai et je sais où les renvoyer !

BILAN D’ÉTÉ , bilan de santé, résultats du tirage au sort des Plumes !

Pour une fois que je ne suis pas  en retard, je fais mon bilan de juillet-août qui s’il n’est pas spectaculaire n’en reste pas moins honorable au vu des circonstances de lecture… Les Plumes de l’été me prennent toujours beaucoup de temps en cette période mais j’avoue que j’y prends autant de plaisir qu’à lire, on ne va pas s’en priver ! Et en plus j’ai aimé tous les livres lus pendant ces deux mois, à différents stades mais hormis le Sagan et Fils qui m’a laissée dubitative, j’ai eu beaucoup de plaisir, voire des coups de coeur ! En revanche, c’est coup de torchon sur les billets en retard, vous m’en excuserez, dès que Les Plumes seront finies (c’est-à-dire la semaine prochaine), je me mets à jour… Lire la suite