Et chante une rivière…Chez Eiluned


En bas de mon jardin d’enfance, entre deux murs de pierre à demi écroulés, coule une rivière où se penchent de vieux arbres aux feuilles qui se noient. Je m’y promène encore, je l’écoute chanter, me cascader parfois des secrets oubliés qui viennent se poser tout au bord de mes larmes.

Quand nous descendions sur ses rives, en riant, serrés dans notre amour, nous avions notre cachette derrière le mur, nous roulions ensemble sur la mousse et souvent, l’été nous glissions dans l’eau en nous déshabillant, jusqu’à ce mouvement qui nous happait et faisait s’emmêler nos corps et nos baisers. La rivière semblait se taire, ou peut-être qu’elle chantait plus fort encore mais le temps lui s’arrêtait. Que voulait dire le temps du haut de nos quinze ans triomphants ?

Octobre est revenu, je respire les parfums de feuilles et de vent qui ensanglantent nos reflets d’avant, le lierre s’enroule autour de mes jambes, statue figée depuis que tu n’es plus là.
Depuis que tu ne m’accompagnes plus dans ces détours où nous grimacions et jouions comme des enfants, les enfants que nous ne sommes plus.

La rivière ne change pas, elle, mais nous rappelle seulement que dans l’eau rien n’est gravé pour l’éternité, elle emmène avec elle nos regrets et nos sourires, là-bas, toujours plus loin vers d’autres collines et le son de ta voix lui aussi s’est perdu dans les replis du vent. A la surface on voit juste quelques rides avant qu’elle ne se ferme, pages envolées d’un livre toujours recommencé…

Ma participation à l’atelier d’Eiluned, « Rendez-vous avec un mot » et cette semaine le mot était rivière.

22 réflexions au sujet de « Et chante une rivière…Chez Eiluned »

    • Et elles sont si belles en Corse les rivières… J’ai une carte postale ramenée d’Ajaccio que je regarde toujours avec envie. Ma rivière avec les années s’est transformée en petit ru…un filet mignon, disons…

  1. C’est incroyable comme l’eau est un élément stimulant , émouvant et mélancolique à la fois.
    Le bruit de l’eau est celui que je préfère, qu’il s’agisse du ruisseau, du torrent, de la cascade ou de la mer.
    J’ai habité pendant 10 ans dans un immeuble aux pieds duquel coulait un tout petit ruisseau, parfois à sec l’été et il y avait une mini cascade de 40 cm juste en bas de mon balcon. J’adorais écouter ce son là, il m’apaisait. C’est ce souvenir là que m’a évoqué ton texte.

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