MOURIR D’AIMER, Gabrielle Russier…et la Justice !


Parce que Justice et amour ne font pas toujours bon ménage…

Parce qu’il y a seulement 40 ans, une femme, agrégée de lettres se suicidait pour avoir aimé un jeune homme de seize ans, elle en avait trente-trois. Elle s’appelait Gabrielle Russier et lui Christian Rossi, son élève de seconde âgé de 17 ans. Séparés par les parents tout d’abord qui exilèrent leur fils en Allemagne avant de le faire enfermer en hôpital psychiatrique, et par la prison ensuite où elle a passé cinq semaines aux Baumettes à Marseille. En première instance elle avait écopé d’une peine d’un an avec sursis et 500 francs d’amende. Mais le jugement du 16 juillet 1969 a rendu sa peine non amnistiable. Plutôt que de retourner en prison, de subir la honte de l’opprobre sociale, Gabrielle s’est suicidée le 1er septembre 1969, juste avant la rentrée des classes et sans avoir revu son amant. Qui s’en souvient encore ? Les habitués du Père Lachaise où elle repose dans le caveau de famille (26ème allée) ? La justice a-t-elle été rendue ? C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai revu le film d’André Cayatte en cassette VHS ( une autre époque !)

André Cayatte en a fait un superbe film en 1970-71 avec Annie Girardot, film qui a fait polémique, encore, mais qui a comptabilisé 4.500 000 entrées… Serait-il possible encore aujourd’hui qu’une telle affaire se produise et surtout passe quasiment inaperçue ou sombre dans l’oubli et l’indifférence générale ? Car bien entendu, aucun des deux journaux du soir de l’ORTF de l’époque n’en a parlé, juste un entrefilet le lendemain dans les « faits divers »… EDIT DE 20 H 30 : Je rajoute un lien vers un très beau texte qu’avait écrit 32 Octobre en 2008 après avoir travaillé six mois sur ce dossier, je vous laisse apprécier, ICI

Charles Aznavour a très bien chanté cet amour maudit.

Paroles de la Chanson, ICI

Ma première participation au Challenge Justice de Yuko !

42 réflexions au sujet de « MOURIR D’AIMER, Gabrielle Russier…et la Justice ! »

  1. Les réactions et l’émotion seraient encore vivaces, peut-être différemment des années 60 toutes corsetées de principes.
    Je reverrais bien ce film si ce n’était la Girardot … Rien que le son de sa voix m’empêche d’entrer dans l’histoire !

  2. @ Antiblues : le son de sa voix ne me dérange pas et elle joue magnifiquement ! Je préfère sa voix a celle de B.B. ! Mais l’histoire, finalement, je ne sais pas si elle passerait mieux…

  3. Il y a peu de temps, un professeur de 40 ans a aimé son élève de 15 ans ; une jeune fille qui l’aimait aussi. Il n’a pas eu le sort de Gabrielle, heureusement ; il a seulement été renvoyé.

  4. Les faits choqueraient sans doute autant (j’avoue être très rétrograde sans doute sur l’affaire elle-même) mais les informations passant à la vitesse de l’éclair, elle serait oublié encore plus vite, je pense.

    • Ce que je trouve choquant c’est qu’une histoire d’amour puisse choquer et mener à ça ! Certes l’information est encore plus volatile aujourd’hui, mais à l’époque, on a jugé sans en parler vraiment…. Et choisir d’en mourir pour échapper à la curée me choque encore plus !

      • Je suis d’accord avec toi sur l’aspect choquant de la différence de traitement homme-femme, et je sais que cette histoire était une histoire d’amour, sans parler de ceux qui l’ont poussé à se suicider. Mais un enseignant a tout de même un ascendant sur ses élèves, et même s’il était consentant, il y a quelque chose de malsain dans cette situation. De là à enfermer à l’asile ou en prison, évidemment, c’est disproportionné, car comme tu le dis plus bas, un violeur a peu de sanction, comparativement.
        Mais n’y avait-il pas également une part d’influence sociale dans cette histoire ? mes souvenirs sont loin mais il me semble que les parents étaient de bon bourgeois influents, non ?

        • Je n’encourage pas les profs à tomber amoureux de leurs élèves, bien sûr mais je dis que quand ça arrive (et sûrement plus souvent qu’on le croit), inutile de s’offusquer et de mettre du « vice » là où il n’y en a jamais eu (il y en a aussi certainement pour certains !). Mais Gabrielle Russier, bien que divorcée, était aussi issue d’une famille bourgeoise influente, n’a pas un caveau de famille au Père Lachaize qui veut ! La pression sociale a été forte mais c’est surtout la dernière décision de justice qui a entraîné le suicide… La solitude aussi puisqu’on l’avait séparée de son amant et qu’elle s’est senti abandonnée dans tous les sens du terme .

  5. Je ne pense pas qu’en France ou en Belgique, cela prendrait des proportions identiques aujourd’hui. (Aux USA, oui ) Il y aurait certes sanction mais la pression populaire ne serait plus la même et le jeune n’irait plus en milieu psychiatrique.

    • j’ose l’espérer, surtout quand on voit dans l’actualité des « violeurs » potentiels s’en sortir avec le sourire, alors que dire quand il s’agit d’une histoire d’amour consentie entre adultes consentants, même si l’un des deux avait tout juste atteint la majorité « légale »… Mais quand la pression populaire mène au suicide, ce n’est pas anodin !

  6. Triste affaire qui ferait encore la une des journaux sûrement , ainsi que des émissions à sensation (presque toutes désormais!) mais qui serait vite oubliée aussi. On « psychiatriserait » davantage le cas je pense, non par l’enfermement mais par l’obligation de se faire « suivre »!

    • Ce que je trouve étrange c’est que quand il s’agit d’hommes, qui « violent même parfois, non seulement la justice est plus clémente et on ne leur demande pas d’aller se faire soigner ! De même que la différence d’âge dans l’autre sens n’implique pas cette injonction psychiatrique… La morale judéo-chrétienne a encore de beaux jours devant elle ! 😉

    • Oh oui Argali, j’ai parfois la sinistre impression que certains combats du passé se sont perdus aujourd’hui dans une cacophonie inaudible et que la parité n’existera jamais dans certains domaines…

  7. La différence homme-femme est encore très présente, je pense que les faits choqueraient encore aujourd’hui. Je n’ai pas vu le film, mais ai lu un docu édité chez point qui relatait le procès c’était assez édifiant.

    • C’est bien ce que je crains, je me demande même si les associations bien-pensantes ne crieraient pas « au loup » encore plus fort ! J’ai suivi cette affaire en son temps mais j’étais un peu jeune pour tout comprendre, le film m’a réveillée ! La chanson a certainement fait beaucoup pour son succès d’ailleurs ! Car sur les 4 millions qui ont vu le film à l’époque, où étaient ceux qui auraient pu prendre sa défense avant qu’elle ne se suicide ? On regarde mais on ne se « commet » pas !

  8. Cela me fait penser à Mary-Kay Letourneau, la prof d’une trentaine d’années qui sortait avec son élève de 13 ans, elle lui a fait un bébé je pense, s’est retrouvée en prison (en 1997). Ils sont toujours ensemble et se sont mariés. C’était aux USA.

    • J’y ai pensé aussi mais la justice étant différente là-bas, quoique sur ce genre de problème, pas tellement de différences ! Comme quoi l’amour peut triompher de bien des a priori ! Et la maturité n’attend pas forcément le nombre des années : j’avais lu que Christian Rossi qui allait sur ses 17 ans avait dit « qu’il ne s’agissait pas d’une passion car la passion n’est pas lucide, or leur amour était lucide ». . Certes, il a refait ou plutôt fait sa vie, a deux enfants et vit discrètement mais peut-on jamais être totalement heureux quand on a ça sur la conscience, même si sa faute à lui est d’être tombé amoureux de la « mauvaise » personne ?

      • C’est vrai, même si dans l’absolu, je t’avoue que 13 ans ! ça me sidère. C’est tellement inhabituel, une telle maturité sentimentale à cet âge-là qu’on part du principe que c’est impossible. On ne peut pas s’empêcher de penser pédophilie, même si, dans ce cas bien précis, les faits contredisent cela.
        Il y a deux points sensibles : le fait que l’un soit mineur et la différence d’âge. Si le premier se comprend légalement, le second ne devrait même pas donner à discussion : qu’est-ce qu’on s’en fiche ! Mais une femme plus âgée, ça dérange… même parfois celles qui le vivent. 😉

        • Oui treize ans ça peut sembler très jeune, mais replaçons les choses dans le contexte, nous ne sommes pas égaux face à la maturité ! Et les femmes qui « fautent » ne sont plus brûlées vives sur des bûchers mais c’est tout comme… 😉 Quant à se sentir coupable, de vieux restes d’éducation judéo-chrétienne…

  9. Je me souviens bien de l’histoire car cela concernait des professeurs de l’université où je faisais mes études! Dans les années 60, la majorité était à 21 ans or le jeune homme avait seize ans. Ceci dit à l’époque c’est surtout parce que l’aînée du couple était une femme que cela choquait! Mais maintenant , homme ou femme, ils seraient tous deux traités de pédophiles! Ce qui ferait la différence dans le traitement de la justice, c’est si l’un était riche et puissant, homme politique, grand patron, et l’autre pas!

    • Oui mais je crois (je ne suis pas sûre) que la majorité « légale » (âge où l’on peut être émancipé) était déjà à 16 ans ! Pour le reste je suis tout à fait d’accord avec toi ! En ce qui les concerne, le milieu social bourgeois dont ils étaient issus tous les deux a été source de justice « morale » plutôt que de justice tout court… Je ne pense pas que l’argent aurait changé quelque chose, hélas !

  10. Là tu entres dans un sujet tres sensible pour moi..j’ai toujours trouvé choquant cette hypocrisie qui consiste à accepter qu’un homme plus agé soit l’amant d’une jeune fille (si c’est un prof une simple amende ou une mutation) mais que l’inverse soit rejeté…la sacro sainte image de la femme Mere!! Pffff!!! Certes il n’etait pas mineur mais Roger Hanin a prouvé qu’une histoire d’amour avec une difference d’age importante par rapport à la femme etait possible!
    De nos jours je ne sais pas si les mentalités ont evolué. il y a aussi cette histoire americaine où le garçon n’avait que 13 ans …je crois que maintenant ils sont mariés.Oui je confirme que 13 ans ou 14 ans ..peut etre un age où on est mur(e) sentimentalement…c’est sans doute rare mais avant de condamner et de dire que c’est impossible, écoutons les protagonistes..ne brisons pas des histoires d’amour extraordinaires …et empêchons que ça tourne à la tragédie.
    Magnifique film que je ne peux voir sans pleurer…alors pas la peine actuellement..
    bonne journée Asphodele

    • Je suis bien d’accord ! Le problème c’est qu’on en fait des films et des chansons qui font pleurer dans les chaumières APRES, mais qui soutient les « victimes » au moment des faits ? Si être victime de l’amour peut se concevoir ainsi… Bonne soirée à toi et gros bisous 🙂

  11. Quelle plus belle façon de commencer ce challenge qu’en mêlant Justice et Amour. Une belle réflexion, toujours vivace, sur le lien ténu entre morale et justice… Tu honores de la plus belle façon le challenge ! Merci de ce partage, je note ce film précieusement !

  12. La chanson d’Aznavour prend au tripes
    Je me souviens d’avoir vu ce film il y a très longtemps , sombre histoire , tragique fin
    Annie Girardot était parfaite de le rôle de Gabrielle

    la justice a tout de même fait de grandes avancées depuis les années 70 , il est bon de rappeler que les services psychiatriques accueillaient des innocents , et dans quelles conditions … effroyable
    merci de nous redire cette histoire là vraiment proche

    • Je dois dire que c’est la chanson qui m’a fait découvrir le film, je connaissais mal l’histoire à l’époque. Je trouve que la justice a évolué en supprimant la peine de mort mais pour le reste quand on regarde l’actualité récente, franchement…. il vaut mieux être blindé de tunes ! 😉

    • Moi je vivais au Maroc à l’époque et j’ai découvert dans les années 1975-80, je n’ai pas le souvenir qu’on en ait parlé dans ma famille ! Ca devait être sacrément tabou !

  13. Une de mes collègues de 32 ans est tombée amoureuse d’un de ses élèves. Ils ont lutté un an contre leurs sentiments. Mais quand il a eu 18 ans et fini ses études, ils se sont installés ensemble. Ils ont un fils qui a aujourd’hui 19 ans. Ils ont été discrets, c’est vrai, mais personne n’a jamais remis leur amour en cause et personne ne les a jamais poursuivis pour quoi que ce soit. Tout dépend de l’ouverture d’esprit des gens de l’entourage.

    • Ca fait plaisir d’entendre ça ! Comme quoi, dépasser les préjugés est une nécessité qui ne fait pas encore loi, mais qui sait ? 😉 Le milieu social est souvent impitoyable !

  14. comme cette histoire aux états-unis, entre une prof et son élève… après la prison (pour elle), ils se sont retrouvés et ont un ou plusieurs enfants (je ne me souviens plus)

    • Oui l’histoire de Marie-Kay Letourneau et il n’avait que 13 ans ! On a du mal à s’imaginer une maturité amoureuse, la preuve que ça existe, nos hormones ne sont pas toutes semblables ! Pour Gabrielle Russier c’était encore différent et ne méritait pas d’en mourir surtout…

    • Moi aussi j’étais trop jeune, mais on en a parlé longtemps après et cette chanson+le film en témoignent… C’est vrai que c’est retombé dans l’oubli aujourd’hui, note bien !

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