HOMO ERECTUS de Tonino Benacquista


Publié en juin 2011 chez Gallimard, Homo Erectus est le dernier roman de Tonino Benacquista.

Définitions trouvées sur Google de l’homo erectus : homme qui se tient droit. Première espèce d’humain à conquérir le monde. Taille d’un homme actuel. Premier homme à domestiquer le feu, il invente le biface (?).

L’HISTOIRE

Tous les jeudis à 19 heures, dans un cercle anonyme d’épluchures d’âmes mâles en peine, cercle itinérant et sans nom, qui tient à la fois de la loge franc-maçonne et des Addictifs anonymes (ça n’existe pas ?), des hommes de tous bords viennent s’épancher à tour de rôle et racontent ce qui va ou ne va pas dans leur vie. Ils n’ont droit qu’à un passage sur la scène et pas de juge ou de Grand-Maître pour leur donner un conseil, un avis ou même les juger. Vous aurez compris qu’ils y parlent de leurs ratés avec les femmes, uniques objets de leurs désirs mais aussi de leurs ressentiments. « D’autres, en mal de solidarité y voyaient le dernier refuge des grands blessés d’une guerre éternelle. (…) sans rien espérer en retour sinon qu’elle fasse écho à celle d’un auditeur anonyme venu, lui, en quête de réponses. » Alors l’écho va faire son boulot et trois Caliméro en détresse vont lier connaissance, se raconter leurs déboires autour d’un verre et nous allons suivre leur histoire tout au long du livre.

Il y a Philippe, sociologue de formation adoubé philosophe « compréhensible » par la sphère intellectuelle après la parution d’un livre à succès. En contact avec  la jet-set, il va vivre une histoire avec un top-model, Mya,  classée parmi les plus belles femmes du monde. Puis Denis, serveur chef de rang dans une brasserie, à la ramasse complète depuis qu’il vient d’avoir trente ans : il semble être devenu transparent pour les femmes et suspecte même un « complot » de ces femelles visant à l’anéantir. Et surtout visant à anéantir sa sacro-sainte virilité ! Jusqu’au jour où l’une d’elles, sans lui demander son avis ou son accord va s’installer chez lui. Quant à Yves, la quarantaine alerte,  parisien moyen, poseur de carreaux triplement efficaces décide de ne pas pardonner l’affront que lui a fait sa femme adorée en le trompant avec un gogo-dancer, un soir d’ivresse. Il décide de se venger en ne côtoyant QUE des prostituées, allant jusqu’à organiser un budget pour ces rencontres tarifées où il s’esquintera à  épuiser le plus large éventail de ses fantasmes. Un ami marié et bien renseigné lui a d’ailleurs dit : «  Tu sais, l’avantage d’une pute, c’est pas tant qu’elle fasse tout ce que tu veux, c’est qu’elle s’en aille juste après. » Entre autres, car nous avons quand même droit à des scènes de sexe particulièrement détaillées…  Le ton ironique, narquois de Benacquista est bien là, le livre est très bien écrit (trop bien ?), le postulat de départ qui va aller en déployant ses branches et leurs ramifications pour décortiquer les relations hommes-femmes, sans que jamais la balance ne sombre d’un côté plus que de l’autre est intéressant et bien amené. Trouveront-ils le bonheur nos trois compères, la voie qu’ils ont choisie sera-t-elle celle de la rédemption ou de l’enfer ? Trouveront-ils surtout « du sens au sens » qu’évoque Philippe face à Mya en réfléchissant à une question qu’elle vient de lui poser ?  » La débarrasser de l’idée de comprendre  pour se donner une chance de ressentir. Être à l’écoute d’elle-même et non des injonctions contradictoires des meneurs d’opinion (…). Lui démontrer que celui qui confesse n’avoir ni l’outil ni la matière a déjà tant de convictions, de vécu, d’intuitions, qu’il suffirait d’un simple déclic pour combiner entre elles ses propres expériences, et connaître une épiphanie, une de ces illuminations qui frappent si fort qu’elles éclairent à jamais le chemin qui reste à parcourir. » Les personnages qui sont aussi variés et variables qu’une géométrie bien contrôlée sont là pour qu’un maximum de personnes puissent se reconnaître en eux, certes, affûtés à la plume ironique de Tonino. Même la fin nous réserve une pirouette laissant  supposer un prochain roman (suite or not ?) qui pourrait s’intituler « Femmes, redressez-vous » (euh…j’extrapole). Homo Erectus ne signifie-t-il pas « Homme qui se tient debout » ou par extension « Restons dressés » au propre comme au figuré… Car il est aussi question de la reconquête d’une certaine dignité chez ces mâles à terre, la dignité que se doivent un homme et une femme quels que soient les rapports qu’ils entretiennent et quoi que nous pensions, nous sommes toujours à l’affût dans notre appréhension et notre compréhension du sexe opposé : « Heureusement, les femmes sont là pour créer un équilibre. La femme est à l’écoute de l’autre, parfois jusqu’à la complaisance. La femme observe, parfois jusqu’à l’indiscrétion. La femme formule, parfois jusqu’à la jacasserie. Est-ce que tu as ton compte d’idées reçues ou tu en veux d’autres ? »

MON AVIS

Et bien je suis déçue, déçue, déçue ! Ça vous épate hein ? Après mon engouement pour Tonino et sa Boîte noire, après que je vous en ai rebattu les noreilles jusqu’à plus soif… Bon, j’émets des bémols sur cette déception : j’ai lu ce livre par à-coups, comme une obligation à aller vite (c’est un livre voyageur), ce n’est que mon deuxième Benacquista et j’en ai trois qui m’attendent (Quelqu’un d’autre, Malavita, Malavita encore). Que j’ai bien l’intention de lire au plus vite ! J’ai trouvé le ton, sous l’ironie et la gouaille, un tantinet sérieux et j’ai eu du mal à m’attacher à ces trois bonshommes pas vraiment représentatifs pour moi de la gent masculine (à chacun ses repères !) ou alors trop « cliché » dans leur genre. Et ce malgré une belle réflexion de fond, comme vous aurez pu le constater dans les extraits cités. Un livre en demi-teinte, je n’y ai pas retrouvé le Benacquista décapant que j’ai aimé, comme une  maîtresse dubitative lassée très vite de son nouvel amant ! Ce livre en bref m’a globalement ennuyée. Mais j’aime toujours Tonino, qu’on se le dise !! (Il a peut-être voulu en faire trop, à son âge !! La crise de la cinquantaine sûrement…)

SUR L’AUTEUR  (juste un peu…) (il est craquant non ?)

Né en 1961, Tonino Benacquista, comme son nom l’indique est issu d’une famille d’immigrés italiens installée en banlieue parisienne, Vitry-sur-Seine pour être exact, le jeune Tonino préfère la télé et sa série fétiche « Les Incorruptibles » (dont il parle largement dans Malavita) et abandonne bien vite ses études de littérature et de  cinéma. Les petits boulots qu’il va enchaîner seront une source d’inspiration pour ses livres à venir : accompagnateur de nuit aux Wagons-Lits (La Maldonne des sleepings, 1989.), parasite mondain (j’adore cette expression wikipédienne !)) lui inspirera en 1992 « Les morsures de l’aube ». Mais c’est grâce à La Commedia des ratés, 1991, qu’il se fera connaître du grand public en obtenant trois prix littéraires. Sa bio et sa biblio sont encore très longues, et voui, il est aussi scénariste, donc  je vous laisse à Wikipédia à qui j’ai emprunté (et arrangé) ces renseignements.

28 réflexions au sujet de « HOMO ERECTUS de Tonino Benacquista »

  1. Bonjour!

    Plutot déçue!! c’est vrais que ce n’est pas le meilleur..
    Tu as vu mon mail pour l’adresse de la suivante?
    Euh.. qu’est ce que cette pomme fait sur mon livre!! :-))

    Bises

    • Bah oui ! Après un bon départ, j’ai trouvé souvent longuet et cliché ! Et la pomme est une bougie, j’ai voulu y mettre le feu…pour te faire réagir, ça maaarche !! T’inquiètes, il est en bon état et si j’avais su que c’était George la suivante je me serais moins dépêchée !! Elle est en vacances la bougresse, Tu pouvais pas le dire plus tôt hein ?^^Si je l’avais lu moins vite, stressée en plus, je l’aurais peut-être mieux apprécié !! Grrr 😉

        • Je pense aussi mais je vais quand même lire les autres avant car passer du quasiment premier au dernier, c’était le grand écart ! Mais je n’ai pas dit que je n’avais pas aimé du tout non plus, il y a des passages savoureux ! Et je ne vais pas faire attendre encore George plus longtemps, non !! 😉 Je le relirai après les « Malavita » et « Quelqu’un d’autre » qui sont dans ma pile, là, tout près !! Plus Vasilsca qui attend lui aussi, une histoire de croque-mort, c’est bon mon été est presque bouclé : je m’octroie quelques plages pour lire ce qui me fera envie là tout de suite quand j’aurais fini les livres « prêtés » !! Mais merci à toi, je ne regrette absolument pas cette lecture ! Je l’aime toujours autant, ce n’était pas le bon moment, ni la bonne chronologie, c’est tout !! 😀 (Je t’envoie la pomme en retour ?)

    • Merci Keisha de me consoler de cette demi-déception ! Et la pomme, ah ah !! C’est en rapport avec la tentation et le titre, mais c’était surtout pour faire bouillir Martial, visiblement ça marche !! 😀

      • J’avais bien compris le rapport pomme/tentation, même si on peut remarquer que ce n’était pas une pomme, au départ…Mais là on se lance dans une autre histoire…

        • Ah ! Si tu savais, Martial et ses livres, tout un programme !! Mais dans Homo Erectus ils sont quand même obsédés par leur virilité nos trois compères, donc l’un dans l’autre… 😉

    • J’avais beaucoup aimé La boîte noire et autres nouvelles ! C’était souvent décalé, naïf et…naturel Là je l’ai senti « empesé » malgré la fluidité du style, bon ! une demi déception ! « Saga » est bien aussi paraît-il, mais « Malavita » m’attend, j’espère rectifier le tir ! 😉

    • Ce que je disais à Martial : j’ai fait le grand écart entre La boîte noire et son dernier ! J’ai Quelqu’un d’autre et les deux Malavita en prêt (pas voyageurs ceux-là !), et ce n’est qu’une demi déception, pas un flop non plus ! D’ailleurs tu me fais penser que je devrais mettre ma PAL (encore) à jour avec tous ces envois !! 😉

  2. Saga, mouais, sur le monde de la télé, faut s’y intéresser. Malavita, oui, Trois carrés noir sur fonds rouge, encore plus oui. J’avais aussi aimé les morsures de l’aube et j’en ai un là, impossible de savoir si lu ou pas (la commedia des ratés). Par contre, quelqu’un d’autre, jamais terminé… Finalement, ce que je préfère, je crois ce sont ses films….

    • Boooon ! Je dois avoir eu de la chance avec La Boîte noire et autres nouvelles alors, mais j’avais tellement aimé que je ne peux pas croire que tous ses livres soient « ratés » et puis comme tous les écrivains prolixes, il y en a de moins bons, c’est sûr, même chez les meilleurs si tu vois à qui je pense et à quel livre dont tu m’avais dit qu’il t’avait moyennement plu ! Bah plus j’avance, plus je suis déçue également ! Mais heureusement on ne juge pas que sur un livre !! 😉 Et Homo Erectus, malgré le thème qui lasse un peu, est très très bien écrit ! Je ne l’ai pas lu dans de bonnes conditions non plus.

    • YES ! ils t’on laissé l’ordi à ce que je vois !! Youhou !! J’en apprends des choses aujourd’hui avec toi ! J’ai vu Saga et la Commedia des ratés dans sa biblio mais j’en ai 3 de lui qui attendent dont les deux Malavita, donc je ne vais pas non plus lire que lui !! Et je regrette d’avoir lu celui-ci maintenant, mais bon je le relirai certainement plus tard… Merci LiliWiki ! 😀

    • Moi aussi, j’avais eu un coup de foudre même ! Mais comme je l’ai déjà dit, lu dans de mauvaises conditions, mon avis est partagé et il sera plus tranché après avoir lu les Malavita 😉

  3. Coucou, les Malavaita, aaaaaahhhh…ça va te réconcilier avec Tonino ! (si besoin était…!) Bon, je file, aujourd’hui, pas beaucoup de temps. A demain ou lundi…

  4. Oh làlà, tu m’as tellement donné envie de le lire que je me suis arrêtée à la fin du premier paragraphe pour ne rien me dévoiler de l’intrigue te j’ai noté ton lien dans mes tablettes pour y revenir quand je l’aurai lu ! En attendant je fonce l’inscrire dans ma PAL ^^

    • oh je ne dévoile pas la fin sinon je mets « attention spoiler » ! Et le livre m’a déçue, tu devrais lire pourquoi ! Mais ce n’était pas dans de bonnes conditions… Commence par d’autres plus anciens avant !!^^

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