LES PLUMES DE L’ÉTÉ 22 – LES TEXTES EN V !


Ça a été chaud pour faire ce billet ! Entre mon clavier cassé, les températures et le monde à la maison, hou, j’ai demandé une permission exceptionnelle pour le taper.

Voici les participants de cette semaine ! Comme toujours, par ordre d’arrivée des liens : Sharon, Violette Dame Mauve, Valentyne, Célestine, Marlaguette, Cériat, Pierrot Bâton.
Mais aussi : Eeguab, Chanone, Soène, Oncle Dan, Jean-Charles, El Canardo, Bettina. et sur le fil, NUNZI ! Et j’allais oublier une nouvelle participante : Arsinoé la crapaude (ça ne s’invente pas !^^) et ce dimanche, Catherine.

Les mots imposés étaient : vasque, vicissitudes, vacance, victoire, verveine, viaduc, vernaculaire, volubile, véto, vagabond, vice, vibration, valser, vampire, véloce, vinaigrette, vaste, voler (comme un  oiseau), victorieux, voluptueusement, verdure.

Après mon texte ci-dessous, celui de Jakline, sans blog fixe qui me l’a envoyé un peu tard… :

Jakline, désolée, j’ai remis ta vinaigrette au frigo mais je ne m’en suis pas servie…

LES REFLETS DES CHIMÈRES

Nous y étions enfin sur ces terres inconnues. Après un long voyage sous le soleil, nous avions bu à même les vasques des fontaines offertes aux pluies d’été. Autour de nous, les chimères s’étiraient voluptueusement, leurs ombres nous touchaient presque, mi-fleurs, mi-pensées, elles exhalaient du vice sous visage de vertu. Où étions nous ? Qui avait décidé d’arracher les roses, ces fleurs exotiques, venues d’un autre temps ? C’était oublier leur empreinte vernaculaire, leur ténacité absolue ; certaines repoussaient, ici et là, en rampant parfois entre les vieux murs de pierres. Elles dardaient alors leurs épines vers les mains innocentes qui s’approchaient.

Alors que les chimères…elles portaient si bien leur nom ! Elles se fondaient dans le décor de l’âme. Pourquoi en était-on arrivés là ?  Derrière le viaduc, au loin, très loin, notre ancienne vie nous attendait avec ses vicissitudes sans maquillage. Du béton, pas de verdure comme ici, des rêves en noir et blanc qui s’écrasent avec fracas sur le bitume. Pas l’endroit pour cultiver des chimères, pas le temps de les écouter émettre leurs vibrations victorieuses, mielleuses quand elles vous collent à la peau comme les dents d’un vampire dans un steak tartare. Nous n’avions qu’une verveine blanche en pot sur le rebord de la fenêtre, un vieux chat asthmatique toujours fourré chez le véto, notre amour immense et nous, posés au milieu.  Aujourd’hui, finis les trottoirs glissants, le gris et la suie sur les murs qui cachaient le vaste ciel et ses promesses de liberté. A toi le sourire de Gatsby, à moi l’évanescence d’Ariane.

Sommes-nous des vagabonds comblés ? Oubliés par le temps ? A l’heure vespérale, nous regardons les oiseaux voler lentement  vers le soleil immobile du couchant. Nous avons failli être heureux ! Nous ignorions qu’une chimère qui meurt en appelle déjà une autre, véloce, prête à emplir la vacance laissée par sa jumelle. Avant même que nous ayions pu être satisfaits, avant même cette respiration qui s’appelle contentement. A quoi bon alors les rechercher, les laisser nous polluer le cerveau ? Nous allons repartir au pays des roses et des épines. Celui-là seul laisse au coeur son dard vermillon, le goût du sang après l’épine, l’ivresse de la rose après l’amour. Elles sont réelles. Et finalement, peu importe le pays où nous nous aimons. Il est celui où nous rions. Des roses nous attendent pour nous regarder valser à nouveau, enlacés, de l’or dans nos yeux, l’or de la victoire qui passe sur nos sourires…

TEXTE DE JAKLINE :

(V) Valérie la chauve souris et le grand Génome.

La douceur de cette chaude soirée d’août s’annonçait particulièrement compromise.
Viviane avait été insupportable toute la journée.
– Qu’est-ce qu’on fait maintenant, où on va, et pourquoi, et là c’est quoi ? Des gambas ? Oui, mais en beignet comme au restaurant chinois… ?
Ni le canoë, ni la natation n’avaient eu raison de l’énergie volubile de ses onze ans. Encore moins le pique- nique, le port du sac à dos, et le goûter .
Increvable la Vi-vi!
En ce moment elle était occupée à nettoyer le stock de galets boueux, ramassés la veille dans le ruisseau du viaduc ; elle les frottait vivement dans la vasque d’eau pure, destinée aux oiseaux du jardin, à l’aide d’une brosse à dents neuve, empruntée, je présume, dans le placard du lavabo….
Tant qu’à se cochonner, autant créer le maximum de désordres collatéraux ; et même pas par vice, juste par totale vacance du « sensé-raisonnable » ; vertu en théorie remise gracieusement, en grande cérémonie, aux alentours de l’âge de sept ans, à tout individu de modèle humain.
Prix décerné par le grand Génome lui-même en personne, accompagné par son double serpentin à chromosomes multicolores! En théorie, du moins….

– Vicissitudes du statut de tantine ! J’aurais peut-être pas dû proposer à sa mère de la garder quelques jours, histoire de changement d’air; j’ai plus 30 ans !…..songea Flora.
Elle contempla un instant le chien voluptueusement étendu sur la vaste méridienne, sous la verdure de la vieille vigne mauve, et l’envia.

– Viens voir, viens voir ! Viiiiiite ! c’était quoi ?
– Oui, j’arrive! Quoi, quoi ?
– Un truc en l’air qui m’a valsé sur la tête au dessus des cheveux, ça revient, là, vite, r’garde !
– C’est une pipistrelle véloce ! C’est tout gentil !
– Un papillon de nuit, véloce???
– Mais non, c’est une petite chauve souris ! Elle passe ici chaque soir à la même heure.
– Elle fait du vélo ?
– Bouh là là ! C’est son nom vernaculaire : « pipistrelle véloce » ! Elle vole en l’air, et elle ne fait pas du tout de vélo, jamais!
– C’est qui vermiculaire ? Il mange des vers ? C’est un hérisson ? Mais un hérisson volant ?
– A l’aide! Esprits de la terre, venez me secourir ! Invoqua-t-elle.

-Ca suffit, au lit ! D’abord va te débarbouiller ! Ensuite je te raconterai l’histoire du grand Génome, le vampire vagabond, qui a été sauvé par la petite chauve souris Valérie, l’amie du véto .!
Bien sur, je ne te propose pas de verveine ou de menthe poivrée ,…., plutôt un thé glacé au sirop de pêche !?
– Voui, un ice-tea ; pis aussi une grosse boule de vanille, avec ta vinaigrette secrète, coulis de framboise et chocolat tiède !
– Ok ! Ah, vraiment quelle vie, celle de Vivi! Va t’laver !

23 heures : que du silence ; victoire !
Minuscule vibration de la console de jeux, sous les draps, dans la chambre d’à coté….
Déjà dix minutes de calme, un grand zeste de relaxation en perspective ?
Plongée à nouveau dans ce bon Jules Vernes de notre enfance profonde.

Et c’est là que, victorieux vainqueur du silence, le téléphone en bakélite fit vrombir en vrilles son antique sonnerie….Vrîîîîînggg…..
– tantine, le téléphone !……t’veux qu’j’réponde !? J’dors pas !
– O temps ! Suspend ton vol !…..
– Quoi ?
– Dors, c’est un ordre ! Bonne nuit, à demain ! Je m’occupe moi-même du zouave du téléphone, et itou d’l’inviter à déjeuner : la vengeance est un plat qui se mange froid! Dodo !

A moins qu’un bouillon de onze heures ?…. Ca pourrait baigner….
Elle caressa songeusement sa bouche, et promena sa langue sur ses implants en céramique tout doux, tout neufs, avant de retourner finir sa nuit avec Jules.

74 réflexions au sujet de « LES PLUMES DE L’ÉTÉ 22 – LES TEXTES EN V ! »

  1. Hello Miss Aspho,
    Et bien, je préfère ta vraie vie bousculée de cet été à ton pays rempli de chimères ou celui des roses à épines…
    La poésie est au rendez-vous, même dans des conditions extrêmes d’écriture 😆
    Ca mérite une hola, allez on se lève tous pour Asphodèle 😆
    Bonne journée et bisous d’O.

    • Soène, du calme, les conditions étaient vraiment pas top et le résultat ne me convenait pas ! Mais bon… Tu es clémente 😆 Je t’embrasse et courage pour la journée annoncée !!!

      • Ne sois pas trop modeste, je ressens pour ma part une grande poésie dans ton billet
        Allez courage, le temps passe très vite et tu vas bientôt regretter cette agitation familiale et ta maison va te sembler bien vide… bises

  2. Bonjour Aspho.Tu es presque toujours la première que je visite.Et j’apprécie toujours autant.Le joli mot de chimères,tu en fais des phénix renaissant de leurs cendres.C’est une belle liberté.J’aime beaucoup le ton général.

    • Keisha, merci ! Mon clavier (de l’ordi fixe) ne marche pas le matin, c’est quand même bizarre et il n’a que 6 mois !!! Je crois que je vais réinvestir, c’est vraiment pénible…

  3. Très joli texte, poétique. Pour l’avoir écrit sous la pression et dans l’urgence, félicitations.
    Ne crains-tu pas que cela ne dure que « l’espace d’un matin » ? 🙂

  4. Que de mélancolie amoureuse Aspho… le bonheur comme un pays impossible à atteindre…bouhhh ouhhhh! Non, franchement, il faut que je te donne des cours de bonheur! 🙂
    L’amour commence par l’amour de soi… première leçon. Après, l’autre vient tout seul te roucouler dans les bras… crois-moi! (bon d’accord, des fois il te vole dans les voiles, mais bon, faut pas trop lui en vouloir, il ne sait pas s’aimer lui-même…)
    Et puis Jaklin, ne gardez pas trop les enfants de votre soeur, ça fatigue vraiment, même à 30 ans (faut dire qu’à 30 ans, la nuit, on fait la fête… alors )
    🙂 pour vous deux, bises
    Bettina

  5. Coucou Aspho, le lien de Soène ne marche pas, je n’ai pas pu aller lire… Dis-donc, y a du laisser-aller on dirait !!! 🙂 ça chauffe là où tu es?Dans le sud-ouest? faudra que je passe te voir un jour dis-donc parce que chez nous, c’est 6 mois d’hiver!

    • Dis donc Bettina, je ne suis pas en vacances moi et je jongle, je jongle, alors si en plus un lien ne marche pas hein !!! Et on a canicule, je ne reçois plus personne pendant un mois à partir de mercredi, dès que tout le monde est parti, je n’en peux plus !!!! Tu pourras venir en octobre, il y a de belles journées ! 🙂 Et la Vendée, c’est l’Ouest, juste en dessous de Nantes…

  6. je suis encore sous le charme de ton écriture si poétique et toujours cette belle pointe d’espoir et de fatalisme positif sur la fin que j’adore ! merci ! bisous 🙂
    alors as tu changé ton clavier du fixe ? lol

  7. Bon! J’ vais pas te faire de compliments, t’ en as déjà eu plein , alors hein !!!! Par contre, ton vampire: c’ est un vieux de chez vieux qu’ il peut pas mordre dans un bon vieux steak tout cru ???

  8. @ Jakline : ton texte est frais et cette petite Vi-vi pleine de vie est amusante. J’aime beaucoup ton histoire et le rapport entre tes personnage est réaliste. 😀

  9. Ping : Conclure ? | elcanard@ne

  10. Toujours un peu trop dure avec ta propre persone (ou peut être est ce de la modestie) j’ai beaucoup aimé ton texte « 1er jet ».. Un soupçon de spontanéité supplémentaire ? Quoiqu’il en soit merci pour ce poême à deux 😀

    Coincoins fans

    • Canardo : nan nan ce n’est pas de la fausse modestie comme on dit ! Je n’étais vraiment pas satisfaite mais les conditions étaient vraiment « extrêmes » ! Je vais redevenir plus tendre avec moi-même ! 😀 Bises

  11. Petit message pour Jakline : je me suis bien amusé à lire les péripéties et pirouettes de la petite Vi-vi.. cela m’a rappelé de bons souvenirs de ma propre enfance…. Quelle vie dans tes mots !

    Coincoins enfantins !

  12. J’en reviens encore et toujours à la phrase de Begbeider :  » le bonheur n’existe pas , l’amour est impossible ». Dans tes textes, il y a cette petite musique interne de l’écrivain, ces pans de vie dilués dans dans la fiction…le fameux style de l’écrivain.
    Je ne sais pas si tu as lu les premiers livres de Philippe Djian ( Zone érogène, bleu comme l’enfer, maudit manège…) ils racontent tous la même histoire mais on s’en fiche car on écoute cette petite musique de l’écrivain. Que te manque t’il ?? Soit un peu d’acrobatie pour en partant de rien arriver à construire une histoire soit d’imaginer une histoire avant et de l’écrire ensuite…
    Un concours d’écriture permet de s’exercer à cela, d’aller au bout…

    • MTG, c’est bon !!!! 😆 J’ai compris le message que tu as insidieusement glissé dans ce comm, je viens de dormir 10 heures d’affilée, je crois qu je suis remontée comme un coucou après ça !!!! 🙂 Bises