DÉSIR D’HISTOIRES 25


photo d’un site que vous retrouvez

Voici ma participation au jeu d’Olivia Billington, qui consiste à écrire un texte à parir de mots imposés.  Voici les dix mots pour ce Désir d’histoires 25 : bonjour, poudrer, immobilisation, montagne, bourlinguer, cochon, louanges, périodique, balade, neige. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite.

DERRIÈRE LA VITRE

Magali entra avec fracas dans le café minuscule de la rue Bouffe-Tard et confuse, alla s’asseoir à une table isolée près de la baie vitrée. Elle posa ses deux sacs plein de livres, tout droit sortis du Salon du même nom dont elle venait de s’échapper, les pieds encore meurtris par le piétinement incessant dans les allées interminables.

– Bonjour Mademoiselle, vous désirez ? Le garçon de café la dévisageait sans gêne aucune et cela acheva ses nerfs tendus comme la corde stridente d’un violon désaccordé . – Un café ! aboya-t-elle. Le serveur rondouillard s’inclina, un sourire narquois sur sa face luisante avant de s’éclipser. Elle attendrait avant d’aller se poudrer le nez, elle ne tenait pas à recroiser ce regard humide de vieux cochon en mal d’amour… Elle pensait à ses amis Georges et William qu’elle avait quittés sans prévenir, profitant d’une séance de dédicaces que Georges attendait depuis la veille. Elle était sûre qu’il ne la chercherait pas avant une bonne heure. Et William, faisant tout comme Georges, elle voulait croire à ce moment de solitude bienvenu. Retrouver ce quartier qui l’enserrait de souvenirs heureux, même la chanson de la pluie qui battait contre la vitre lui parlait encore et toujours de Lucas. Cévenol comme elle, ils avaient grandi ensemble puis étaient montés faire leurs études à Paris, avaient vécu cinq ans  dans ce quartier proche des Facultés avant que l’appel de la montagne ne s’empare à nouveau de Lucas. Une montagne lointaine, inaccessible mais qui convenait à son sujet de thèse.  Il devait revenir six mois plus tard. Un an avait passé et elle n’avait plus de nouvelles. Enfin, si…un soir de décembre au retour d’une balade frileuse, un coup de téléphone  et des mots qui s’éloignaient au fur et à mesure que l’homme parlait : »Un terrible accident…neige trop molle…avalanche, on ne l’a pas encore retrouvé…gardez espoir… » Trois mois de silence venaient de passer, elle s’étourdissait, travaillait d’arrache-pied mais un vide insondable  l’habitait, un vertige qui l’empêchait de se pencher sur son avenir. Elle avait bourlingué entre-temps, rien n’y faisait ou plutôt ne défaisait cette histoire. Son portable vibra. Georges ! « Alors ma belle, mais où es-tu ? Nous te cherchons depuis une heure ! Tu as rencontré quelqu’un?… »  -Pas du tout, je ne suis pas loin, mentit-elle, attendez-moi près de la station de métro, j’arrive…Voui, voui, bisous bisous « .

En se levant, elle paya cher l’heure passée sans remuer un cil,  son immobilisation de statue grecque réveilla quelques raideurs ; elle trébucha et en s’accrochant à la table voisine elle y vit un périodique ouvert à une page où s’élançait une montagne immaculée de neige sous un soleil trop blanc et sous un ciel trop bleu. Elle lut rapidement l’article qui accompagnait la photo et s’écroula lourdement sur la chaise la plus proche. Les mots chahutaient sous ses yeux, c’était une farce : au Népal, la montagne venait de rendre un corps comme la mer capricieuse ramène les marins disparus les jours de tempête. Elle sortit en courant du café, oubliant ses précieux livres, héla un taxi et lança triomphante : « Roissy Charles-de-Gaulle,  s’il vous plaît ».

Elle préférait ne pas penser à ses amis qui allaient devoir l’attendre plus longtemps et ne chanteraient pas ses louanges ce soir… Elle songeait déjà à ce qu’elle allait bien pouvoir  leur dire…

20 réflexions au sujet de « DÉSIR D’HISTOIRES 25 »

  1. J’aime bien ce que tu as écrit. Il y a une vraie chute dans ta nouvelle, les éléments du récit sont bien ciblés, et puis avec la difficulté des mots imposés … franchement, je suis admirative ;o) Tu y as passé bp de temps ?

    • Merci^^, mais c’est un petit texte, pas une nouvelle !! J’y ai passé deux heures environ, sans compter la période de « germination » avant… Tes encouragements me vont droir au coeur !^^

  2. Ping : Des mots, une histoire 25 : Votre numéro a été tiré au sort « Désir d'histoires

  3. A mon tour de te demander une suite 🙂 l’ histoire a quelque chose d’accrocheur, on veut en savoir plus !
    Décidément, j’adore participer à ce petit jeu d’écriture, belle idée qu’a eu Olivia !

    • Aïe aïe une suite….lol !! Bon je vais céder à la pression générale en espérant que les mots de la semaine prochaine soient « mettables »…^^ Oui et très belle idée d’Olivia !!

  4. d’habitude je ne lis pas les comms mais là je suis d’accord avec tout le monde! une suite! tu écris bien,dis donc..et avec des mots pas si faciles que ça à agencer!super defi dont tu t’es tres tres bien sortie
    il faudrait que je songe à me relancer..

    • Rooh…décidemment ! Moi qui croyais m’en être sortie par une pirouette, raté !!^^ Merci de tes encouragements, je vais essayer en priant pour que les mots de la semaine prochaine « collent » du mieux qu’il puisse !!^^

    • Je suis en retard ce matin !! Je vais aller voir ça avec intérêt, moi je cogite mon texte de vendredi avec les mots déjà chez Livvy…et c’est une suite que je n’avais pas prévue !!^^

  5. Ma belle amie, tu trouveras ces mots à ton retour, en même temps qu’un énorme câlin. Qu’est-ce que j’aime ta plume si poétique. Rien que l’image du titre me parle énormément. On s’imagine cette vitre embuée, un peu diffuse, emplit de souvenirs et de nostalgie, qui porte en elle la chanson de la pluie, Lucas… Vient ensuite ce violon désaccordé, qui l’embrouille un peu plus. Effet boule de neige, c’est le chaos et son cœur s’effondre, même si l’espoir luit un tout petit peu encore. C’est d’une beauté…
    Je t’embrasse très fort

    • Nadine, mon retour ayant été plus agité que prévu avec ma panne de réseau mobile, mon changement de portable et ce que ça comporte comme désagréments pour se ré-adapter, etc, je ne réponds qu’aujourd’hui à ton adorable commentaire ! Ça me touche vraiment ce que tu dis ! 😉 D’autant que les textes sont rarement relus contrairement aux billets de lecture…
      Je te fais de gros bisous♥

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