La citation du jeudi avec Laurent Gaudé et LA PORTE DES ENFERS !

un cauchemar impalpable...

un cauchemar impalpable…

Voilà ça me reprend ma « Gaudémania » ! Il faut dire que ça faisait longtemps. Aussi, dès que j’ai eu tourné la dernière page de mon SP en cours, j’ai filé vers l’étagère Very Important Books de ma non-bibliothèque (oui c’est le bazar total) et comme par hasard, c’est La Porte des Enfers  qui m’a ouvert les bras. Commencé à 22 h hier soir, donc fin de journée, j’ai quand même lu jusqu’à minuit tant cet auteur sait s’y prendre avec moi (pas que moi, je sais) (c’est pour dire). Je ne peux résister à partager un petit paragraphe de la page 10 (quand je vous dis qu’un bon auteur doit savoir nous retenir dès le départ)…

« Je n’ai pas peur. Je reviens des Enfers.  Qu’y a-t-il à craindre de plus que cela ? La seule chose qui puisse venir à bout de moi, ce sont mes propres cauchemars. La nuit, tout se peuple à nouveau de cris de goules et de bruissements d’agonie. Je sens l’odeur nauséeuse du soufre. La forêt des âmes m’encercle. La nuit, je redeviens un enfant et je supplie le monde de ne pas m’avaler. La nuit, je tremble de tout mon corps et j’en appelle à mon père. Je crie, je renifle, je pleure. Les autres appellent cela cauchemar, mais je sais, moi, qu’il n’en est rien. Je n’aurais rien à craindre de rêves ou de visions. Je sais que tout cela est vrai. Je viens de là. Il n’y a pas de peur autre que celle-là en moi. Tant que je ne dors pas, je ne redoute rien. »

Inquiétant, fascinant et addictif…

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LA CITATION DU JEUDI avec Philippe Claudel

caroussel n&b dans la brume vanishingintoclouds tumblrEnfin, j’ai pu lire Les âmes grises, que dis-je, je l’ai dévoré en deux fois. C’est vraiment un auteur-doudou ! Comme j’aime la musique de ses mots, cette citation si vraie…

 » On tue beaucoup dans une journée, sans même s’en rendre compte vraiment, en pensée et en mots. Il n’y a vraiment que dans les guerres que l’équilibre se fait entre nos désirs avariés et le réel absolu. »

Les âmes grises de Philippe Claudel, page 147.

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La citation du jeudi avec Christian Bobin

germaine bouret chez soène« La gone : c’est comme ça qu’ils t’appellent dans ta famille, c’est un mot lyonnais pour dire celle qui réjouit le coeur, la benjamine, le bout de chou, la tard venue, quatrième et dernière des enfants. La place du dernier dans une famille est la place souveraine. On « passe » tout à la gone. On veille sur elle, sans jamais l’arrêter dans ses folies. On sent bien que c’est la dernière, qu’après il n’y en aura plus d’autres, alors on brûle pour elle tout l’or du temps, on fait comme si un tel amour était inépuisable, d’ailleurs c’est ce qu’il est. (…)

La gone est à deux mois ce qu’elle sera à vingt ans et à quarante, inespérée, comblée, on lui passera tout, ses bêtises, ses amours, ses maris (…) – petite Ghislaine assise sur la terrasse de La Tour-du-Pin, pieds-nus dans le jardin de Saint-Ondras, tu sais à peine marcher, tu as déjà compris le monde et que l’amour y manque même quand il est bien là, alors tu remplis ta mission de gone, tu occupes ta place de dernière, tu donnes l’amour qu’on t’a donné et tu le donnes au centuple. »

Christian Bobin, La plus que vive. Citation dédiée à une gone lyonnaise que je connais bien ! D’ailleurs le portrait de Germaine Bouret qui illustre ce billet vient de chez elle !

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La citation du jeudi avec Wuthering Heights…

Hé oui mon exemplaire de 1947 porte le titre anglais, le traducteur de l’époque, Jacques Marcireau ayant jugé que ce dernier était devenu mondialement connu, donc il était inutile  (voire ridicule) de reprendre Les Hauts de Hurlevent. Quand on sait que pas un(e) de mes ancêtres ne parlait un mot d’anglais, ça laisse rêveur quant à l’appartenance de cette édition… ! Je tiens à préciser (c’est assez rare pour être souligné) que cette traduction est très bien. J’en suis au milieu et la tension monte, les esprits s’échauffent, la violence n’est jamais loin… Ci-contre, une photo du film de 1939 avec Laurence Olivier et Merle Oberon, un film de Samuel Goldwyn (production).

« J’étais inexplicablement oppressée rien que de le savoir à Wuthering Heights. Il me semblait que la brebis égarée était abandonnée à ses dérèglements, sans aucun frein, entre elle et le bercail, guettant le moment de se jeter sur elle… » p 115.

La citation du jeudi, sur une idée de Chiffonnette

LA CITATION DU JEUDI avec les livres !

Hier je vous ai parlé de Virginia et de Vita de Christine Orban. Restait une pensée qui m’a interpellée et que l’auteure prête à Léonard Woolf, le mari de Virginia, imprimeur et éditeur de son état, pensée qui a trait aux livres…

 » Il redoutait toujours les conséquences de l’ordre. Les livres mouraient, rangés derrière les grilles d’une bibliothèque.. Au château de Knole les livres étaient tous morts, sauf quelques sonnets de Shakespeare que Vita déclamait souvent en se promenant. »

Vous aussi, pensez-vous que les livres meurent d’une certaine façon quand ils sont trop bien rangés ?

Sur une idée de Chiffonnette

La Citation d’un demi jeudi…

Je m’explique : un demi jeudi car cet après-midi,  je vous présenterai le petit livre « Lire est le propre de l’homme » que m’a adressée L’école des loisirs , que l’on peut se procurer gratuitement,  ICI, et qui est un collectif de témoignages et réflexions de plusieurs auteurs sur la lecture. Extrait : Lire la suite

LA CITATION DU JEUDI avec Olivier Adam.

Le coeur régulier, d’Olivier Adam,  est un titre qui me convenait parfaitement ces temps-ci. Mais je n’ai pas tout à fait fini, je vous laisse un extrait, une femme partie au Japon à la recherche…d’un temps perdu :

 » Puis marcher, s’asseoir et se laisser envahir. Par la lumière, les bruits les parfums, sentir sa peau et tout ce qui la touche, l’effleure, la caresse. Respirer. (…) Je sais que c’est ce dont j’ai besoin. Me délester, sentir. M’oublier, m’ouvrir. Recueillir. Laisser le soleil chauffer ma peau, l’air pénétrer mes poumons, l’eau me diluer. Sentir battre en moi un coeur régulier. (…) Même si je n’y parviens pas toujours. Trop souvent ça bourdonne, et le sang bout, je me sens frénétique et vibrer pour rien, une guêpe piégée par le verre à l’envers. »

C’est fou ce qu’on peut se reconnaître parfois dans les livres !

sous l’égide de Chiffonnette :

LE JEUDI, C’EST CITATION avec Romain Gary (encore !)

On ne s’en lasse pas, avouons-le et puisqu’il y a challenge officiel chez Delphine, on ne va pas se cacher non plus. Et il y a aussi lecture commune pour le 14 juillet (je vous mettrais les noms dans mon billet), donc c’est normal d’avoir envie de citer notre lecture en cours, m’enfin ! Il s’agit de  » Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable ». Non, ce n’est pas du « teasing » comme on me l’a déjà fait remarquer lors de précédentes citations juste avant le billet, c’est simplement que j’ai déjà envie de parler de ce livre, pas trop non plus, bien sûr, on attend le 14 juillet et les feux d’artifices !! (photo qui correspond relativement  bien au livre ) :

« Je sors de l’eau et commence à rôder dans l’appartement qui se vide de plus en plus à chaque minute qui passe. Il y a quatre fauteuils, un divan dans le salon et ils ont l’air béants ; chaque bibelot est touché d’absence. Tout autour de moi est moitié. Les objets les plus familiers sont devenus les vestiges d’une vie trompeuse qui aurait peut-ête réussi à faire illusion jusqu’au bout, si je ne t’avais pas connue. Sans toi, Laura, je ne me serais même pas aperçu que je n’étais pas là. On dit tant de bêtises sur la naissance ! Il ne suffit pas de venir au monde pour être né. « Vivre », ce n’est ni respirer, ni souffrir, ni même être heureux, vivre est un secret que l’on ne peut découvrir qu’à deux. Le bonheur est un travail d’équipe. Je laisse passer les secondes et les minutes et cette lente caravane est chargée de sel de bonheur, car elle va vers toi. » 

Sur une idée de Chiffonnette

La citation du Jeudi avec Tonino !

Sous l’égide de Chiffonnette.

 Je ne vous présenterais pas comme on aurait pu s’y attendre une citation de La délicatesse de David Foenkinos mais un extrait d’Homo Erectus de mon cher Tonino Benacquista !

« Un léger vent de stupeur courut dans les rangs ; ceux qui fréquentaient depuis longtemps les rendez-vous du jeudi avaient entendu toutes sortes d’élucubrations (…).

– Chaque fois que l’un de vous, Messieurs, se rend coupable de sexisme, de discrimination, de muflerie, de harcèlement, de misogynie,  de tyrannie domestique, de brutalité , c’est moi qui en subis les conséquences.

Elles ne contentaient pas de l’ignorer,  elles se vengeaient. Pour tout ce que les hommes leur avaient fait endurer depuis la nuit des temps, Denis payait, et seul.   Elles s’étaient passé le mot pour lui rappeler  qu’il avait plus besoin d’elles qu’elles n’avaient besoin de lui, et qu’il pouvait se carrer sa belle virilité où bon lui semblait ».

Jubilatoire…