LE CERCLE CELTIQUE de Björn Larsson


LarssonUn polar suédois qualifié de « polar culte », au départ c’est quelque chose qui fait tilt dans ma tête ! Oui, mais… C’est davantage un roman sur la mer avec un suspense soutenable, un mort par balle et pas de sang ! Un récit ralenti par les manoeuvres techniques nécessaires quand on entreprend un périple hauturier à bord d’un voilier. Aussi si vous ne différenciez pas un foc d’une grand-voile, si vous êtes incapable de mesurer l’importance du vent et qu’au moindre gîte ou roulis, vous avez le mal de mer , passez votre chemin, sinon, restez, le voyage est passionnant quand on est curieux de la culture celte et de l’Écosse ! D’ailleurs, j’ai lu que le périple du Rustica était effectué par des milliers de fans  en mal de sensations fortes.

Malgré quelques bémols dus au rythme du livre par rapport à ce que j’en attendais, globalement cette lecture restera un bon souvenir et un apprentissage sur la culture celte un peu plus développée quoique un peu tarabiscotée. Mais, le plus troublant quand on s’accroche à ce livre, c’est la part de vérité qui y est distillée, comme la part de fiction ! On sait dès le départ que l’auteur a fait la même expérience à la voile avec son bateau (nommé Rustica lui aussi) pendant 6 ans après avoir pris un congé. Ensuite, les lieux, ces points particuliers situés entre  Bretagne (pas vraiment alors qu’il en est question au début), Écosse, Irlande du Nord, Danemark, Norvège sur une mer du Nord d’hiver diaboliquement tempétueuse. Puis viennent se greffer certaines coutumes celtiques et druidiques assez hallucinantes, dont on se demande si elles existent encore aujourd’hui, si ça existe tout court !!! D’ailleurs ce point entre vérités, légendes, phrases sibyllines de l’auteur pour entretenir la brume est déstabilisant. Le livre n’a pas répondu à toutes mes questions, sa part de mystère en fait le charme principal. Mais comme le dit le « préfaceur » allemand, Heinrich Steinfest, on sait pourquoi, après avoir lu ce livre « pourquoi il ne faut jamais toucher le pain brûlé… »

 18 janvier 1990. Un homme, le narrateur, on saura plus tard qu’il s’appelle Ulf vit à bord de son voilier Le Rustica à Dragör au Danemark, c’est un frontalier qui travaille en Suède mais il est prêt à appareiller et à faire le grand voyage dont il a rêvé toute sa vie. Il a gagné ce bateau à la sueur de son front, il a « pointé » toute sa vie, ce qui a une connotation « humiliante » dans le cas présent. Cependant, il est fier du résultat et être retraité à à peine 40 ans ne m’a pas semblé être une épreuve  insurmontable…

Le livre s’ouvre sur sa rencontre avec un certain Mac Duff, écossais de passage au danemark et qui semble hanté par une femme, Mary, qui serait en mer avec un certain Pekka et il affirme qu’elle est en danger. Notre narrateur écoute l’histoire de Mac Duff avec attention mais sans plus.
Et puis, quelques jours après, un soir d’hiver et de mauvaise mer, quand les bateaux ne sortent pas, arrive au port tous feux éteints le dit Pekka qui a visiblement besoin d’aide. La police portuaire doit fouiller son bateau, il le sait, c’est la loi aussi s’empresse-t-il de façon un peu confuse, dans la hâte de remettre à Ulf venu l’aider à accoster, un cahier où il a tout écrit, et lui fait promettre d’en prendre soin et de ne pas en parler. Il a une femme à bord, Mary, les yeux vides, victime, poursuivie, amoureuse et pourquoi pas les trois à la fois…

Ulf commence  à lire ce journal de bord particulier où entre la météo marine, les zones traversées, il est question d’étranges rituels avec le feu sur de minuscules îles écossaises quasiment inacessible sans se fracasser sur les rochers. Il décrit les lieux dangereux où s’est aventuré Pekka, où il aurait du s’arrêter pourquoi il l’a fait ou pas fait car il n’y a pas que la mer qui soit hostile, certains hommes sont redoutables. Se tisse dès le départ la trame du voyage que va faire Ulf, fasciné, pour en savoir un peu plus. Il fait appel à son ami Torben   le seul qui soit prêt à partir dans l’heure s’il le faut avec plus de livres que de vêtements et qui « ne fait pas la différence entre la fiction et la réalité ». Ce dernier a a en effet de grandes connaissances en général et sur la Bretagne et l’Écosse en particulier à défaut de n’avoir pas le pied marin.

Vont s’ensuivre une suite de rebondissements relativement « attendus », on les voit venir de loin mais la balade est magnifique ! En revanche, munissez-vous d’une carte pour vous y retrouver (à moins que vous ne connaissiez ces lieux, petite citation qui vous donnera un aperçu :  » Je pris ma longue règle et traçai une longue ligne de Thyborøn à Rattray Head. Je n’avais même pas besoin de mesurer le cap avec le rapporteur : à vue d’oeil, il était clair que le bon cap était presque plein ouest au 275. À cela, il fallait ajouter une déclinaison ouest pour obtenir le cap que nous suivrions au compas. Le problème, c’était que la déclinaison était de 3°  sur la côte du Jutland et de 8° quand nous nous rapprochions de l’Écosse. » (page 121). Quand je vous dis que c’est un peu technique…mais j’insiste : les descriptions de l’épopée sont magnifiques ! Et le livre se termine ainsi, je ne spoile pas, loin de là mais pour expliquer pourquoi le mystère ne s’est pas dissous autour des brumes d’Avalon malgré les pouvoirs druidiques de certains protagonistes :  » Les points qui restent obscurs le sont aussi pour moi. je prie mes lecteurs de m’excuser de partager avec eux la menace qui pèse sur moi, mais je n’ai pas trouvé une autre solution ». (page 455) « à bord du Rustica, août 1990 ».

Une lecture très intéressante, exigeante quant au vocabulaire maritime qui en fait l’essence. Une écriture lente parfois mais belle, un livre qui se savoure doucement. J’en ai beaucoup aimé l’ambiance malgré les longueurs sus-citées.

Le Cercle celtique, Folio policier thriller , © Editions Gallimard, 2014, 455 pages. ©1992 pour la traduction française de Christine Hammarstrand chez Denoël, même traductrice pour cette édition.

Je remercie les Éditions Folio-Gallimard et Lise en particulier pour ce partenariat en les priant de m’excuser pour le léger retard apporté à cette chronique  dont il a été difficile de faire une synthèse de part la multiplicité des thèmes à traiter.

32 réflexions au sujet de « LE CERCLE CELTIQUE de Björn Larsson »

    • Aifelle, j’avoue que par moments ça casse un peu le rythme et c’est dommage pour les néophytes car il n’est pas mal du tout ! Je comprends pourquoi il est « culte », surtout pour ce périple maritime et druidique ! Avec un peu moins de détails techniques il eût été parfait ! 🙂

    • Marie et Anne, pour vous qui aimez cette culture un peu mystérieuse (hé hé les sorcières), il est très intéressant et en plus il n’élude pas TOUS les mystères, certains disent qu’il a extrapolé, moi je ne sais pas, je n’y connais rien en druides, je n’ai pas fait Celte en 3ème langue ! 😆 Bises

    • Laurent, excellent choix ! Je suis tombée dessus à l’oral du Bac français et quand on te demande des explications grammaticales dessus, eh bien… je n’en garde pas un bon souvenir même si j’adore ce poème ! 😉

    • Lydia, je suis aussi faible que toi avec les couvertures et je peux avouer maintenant que quand ils m’ont proposé leur liste (Folio), j’ai craqué pour 1) suédois, 2) Polar culte et 3) la couverture a achevé de me convaincre ! Moi j’aime la mer, surtout quand elle est démontée, ça corse le récit, j’aime les lieux du périple où il nous emmène et la pincée fantastique de la culture druidique m’a plu aussi ! Juste le rythme, cassé par la technique un peu trop souvent mais au final c’est un léger bémol !

  1. Moi aussi je passe, Miss Aspho, il faut que je reprenne BDS 😆
    Les histoires de marine avec les cartes ça me donne le mal de mer, c’est ma « culture basse » 😆
    J’adore l’expression ! J’aurai au retenu ça !
    Mais j’aime toujours autant la façon dont tu chroniques.
    Pour le reste, on en parle ailleurs 😉
    Bises en attendant l’heure

    • So’N, tu me fais rire avec ta culture de bas en haut, t’as essayé le saut à l’élastique comme ça tu remonteras plus vite ! 😆 merci pour ma chronique, il faut remercier mon insomnie productive !!! 🙂 Bises et à tout de suite !!! 😉

  2. C’est tarabiscoté… Tu sais que j’ai le mal de mer ? Une horreur… Je ne vais pas le noter car j’ai ma petite tonne de polars-thrillers qui m’attend.

    • Syl. si t’as le mal de mer, je ne te le conseille pas, pourtant tu aimerais la balade écossaise et druidique ! Mais sur ce dernier point, il y a des choses pas claires qui m’ont fait tourner les pages plus vite et au final : ha bon ? Juste ça … J’en garde un bon souvenir quand même ! 🙂 Bises

  3. Hé on Georges Pernoud : sors de ce corps s’il te plait, laisse miss Aspho tranquille…
    La vie est mal faite, tu aurais attendu pour lire ce roman, tu résolvais tes problèmes d’insomnie de manière ludique et naturelle..

    PS : récupère la longue règle dont tu parles dans ta chronique pour me taper sur la tête…en plus je suis sur qu’en 1990 ils avaient déjà des pilotages automatiques dans les voiliers , moi je dis qu’il fait pas d’effort Mr Larsson ( c’est le frère de William ??)

    Aie j’aggrave mon cas, là c’est carrément le compas que tu vas me planter dans les fesses.

    PPS : je promets d’être sage et consensuel sur tes 2 prochains articles…

    • Mindounet, franchement tu me flattes là !!!! 🙄 Thalassa m’endort systématiquement, ce livre ne m’a pas du tout endormie, une grosse différence ! En même temps si je me mets à chroniquer Thalassa, mes amis vont croire que je suis tombée sur la tête ! 😆 Non l’auteur a fait son voyage « à l’ancienne », je l’ai lu quelque part mais à 2 h du mat’, je n’avais pas envie de faire un « sur l’auteur », donc j’en parle un peu dans mon billet, et si tu veux en savoir plus, arpente le Net mon Trésoooor ! Mouhaha ! Ne deviens pas sage, je ne pourrais plus te taper sur les doigts, quelle horreur !!! 😀 Bises et bonne soirée (on vient d’avoir uen coupure EDF de deux heures, arrrrgh !!!) C’est depuis que la Korriganne est repassée hier, elle a dû m’en piquer, y z’en ont pas assez en Korriganie reculée !!! Warf ! J’espère que mes liens n’ont pas sauté sinon c’est moi qui vais sauter par la fenêtre !!!! 😀

  4. Malgré mes origines bretonnes, je suis une piètre « marine » (pas de féminin à marin il me semble). J’ai le mal de mer au bout de 10mn et je ne connais pas grand chose en matière de navigation, mais c’est tout de même un milieu qui m’attire. Depuis que je suis petite, nous allons voir le départ des grandes courses de St Malo par exemple, alors ce livre me parle, d’autant plus qu’il est écrit par un suédois !

    • Touloulou c’est un bon livre ! Moi j’ai fait de la voile quand je vivais à Nouméa, je sais barrer, tirer des bords (bonjour les biceps le soir) et je connais un peu ce langage mais j’imagine que pour des néophytes ça puisse ralentir la lecture. mais je te le conseille ! Je vais le mettre en lice dans un prochain tirage au sort, je ne sais pas si ce sera pour les 3 ans de mon blog le 9 mars ou pour le Challenge à tous prix … on verra ! 😉

  5. Une découverte pour moi, tu imagines.
    Mais si ton ressenti au final me semble positif et qu’en tant que Bretonne, la mer j’aime, ce livre un peu moins !
    Je l’envoie le lien de mon billet Poésie, ce soir, promis.
    Très belle soirée, gros bisous.
    Lylou

    • LylouAnne c’est un livre que des millions de bretons ont lus, ils ont même refait le parcours du bateau du livre ! C’est un peu technique mais très intéressant ! 🙂
      J’attends ton lien, tu me donneras aussi le nom du poète et le titre du poème, merci ! Je suis contente que tu participes, je n’y aurais jamais cru il y a un an quand j’ai commencé à aller sur ton Tumblr ! Comme quoi ! 😀

  6. Je n’avais pas tout aimé mais le voyage en mer est passionnant; c’est ce qui m’avait le plus plu dans ce roman. Incroyable, moi qui n’ai pas le pied marin et qui suis si frileuse, ce que j’aime les livres où l’on affronte de monstrueuses tempêtes en mer et où l’on meurt de froid dans l’Arctique sous le blizzard!

  7. Qu’est-ce que je me suis ennuyée à la lecture de ce livre ! Pourtant, je suis preneuse de culture celte et d’Eccosse, mais là, toute cette mer, je n’en pouvais plus…

    • Sandrine, pareil pour moi et pourtant j’aime la mer mais là trop de techniques, d’angles, de compas, c’est un livre pour les marins par pour les bipèdes à deux pattes qui marchent sur le plancher des vaches ! 😉 Je ne me suis pas ennuyée au sens où je suis quand même allée au bout, je voulais savoir pour le pain brûlé mais je l’ai lu très très lentement ! 😉

  8. ♫Tiens bon la barre et tiens bon le vent ♪
    Je note ce polar pour le cas où je me retrouverais à court de livre 🙄 Sinon, je pense que je prendrai pas le risque de faire gîter ma PAL à bâbord ou à tribord… Oui, je connais un peu du langage de la mer, j’aurais aimé naviguer et être sur un voilier qui bouge beaucoup ne me fait pas peur, au-delà, je ne sais pas 😀

    Merci pour ta chronique 😉

  9. Je ne suis pas tentée, ces aventures marines me laissent de marbre.
    Et puis un voilier qui s’appelle Rustica !!! Une brouette, oui ! ou à la rigueur une binette, mais un voilier !!!

    • So, ho oui, quand j’ai vu le nom du bateau j’ai pensé au magazine du même nom avec un poireau en couverture ! Comme l’auteur est francophile, il a dû croire que ce nom était un must !!!! 😆 Une brouette, ha ha ! Morte de rire ! 😀