LA POÈSIE DU JEUDI avec Guillaume Apollinaire


Pour changer un peu de la citation, ou en alternance, j’avais envie de poésie. L’automne, comme le printemps s’y prête et ce chant d’automne de Guillaume Apollinaire ne me dira pas le contraire… Et pourquoi pas une rubrique consacrée à la poésie du jeudi ? Pour celles et ceux qui ne le font pas le dimanche. À voir…

Poésie d'automne

Poésie d’automne

AUTOMNE MALADE

Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule

GuillaumeApollinaire, Alcools, 1913

71 réflexions au sujet de « LA POÈSIE DU JEUDI avec Guillaume Apollinaire »

  1. Hello Miss Aspho,
    C’est une belle nouvelle idée.
    Tu fais mourir l’automne qui vient juste de commencer 😉 Tu as raison, vivement l’hiver et le printemps prochains 🙄 Tu sais pourquoi le temps presse pour moi !
    Le temps s’écoule… vraiment trop doucement pour moi. C’est paradoxal puisque je n’ai plus une minute à moi 😆
    J’ai adoré Apollinaire quand j’étais ado… Cette nostalgie poétique est géniale.
    Gros bisous pour ta fin de semaine
    Je ne serai pas trop présente… J’ai un tas de choses à faire et à voir 😉
    J’en reparlerai !

    • Soène, c’est une suggestion « la poésie du jeudi » ! Pour alterner avec les citations ! Comme beaucoup le font le dimanche, c’est juste pour moi et toi si tu veux, je vais faire un logo comme pour les balades !!! 😉
      Je sais que tu es impatiente d’être au printemps mais on vieillit trop vite, alors ne pas bousculer le temps est une façon de le faire passer moins vite !!! J’ai hâte d’être à Noël mais pour 2014, on verra quand on y sera !!! 😆
      Gros bisous et à bientôt ! 😀

      • D’accord, fais un logo 😆
        C’est vrai que ça se bouscule pas pour la balade du mercredi 🙄
        Pas grave, on jouera toutes les deux 😆
        Hâte d’être à Noël et une semaine après c’est 2014, c’est la même chose, hein 🙄 😆 :evil:♥♥♥

        • Soène, dès que j’ai une minute, j’ai du travail de frappe en ce moment ! Faut bien rendre service mais ça prend du temps !!! On y a arrive à 2014, on y arrive !!! 😆 Je voulais te faire patienter mais y’a pas moyen !!! 🙄

      • Et voilà ma contribution, puisqu’on peut déposer des poèmes chez toi, aujourd’hui 😉
        En plus ça fera un énorrrme plaisir à Antiblues !

        La promenade d’automne.
        Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,
        D’un jour d’automne et pâle et languissant ?
        Il semblait dire un adieu gémissant
        Aux bois qu’il attristait de sa mélancolie.
        Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l’espoir ;
        Une froide rosée enveloppait leurs ailes,
        Et, rappelant au nid leurs compagnes fidèles,
        Sur des rameaux sans fleurs ils attendaient le soir.

        Les troupeaux, à regret menés aux pâturages,
        N’y trouvaient plus que des herbes sauvages ;
        Et le pâtre, oubliant sa rustique chanson,
        Partageait le silence et le deuil du vallon.
        Rien ne charmait l’ennui de la nature.
        La feuille qui perdait sa riante couleur,
        Les coteaux dépouillés de leur verte parure,
        Tout demandait au ciel un rayon de chaleur.

        Seule, je m’éloignais d’une fête bruyante ;
        Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison :
        Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,
        À ma langueur secrète ajoutaient leur poison.
        Sans but et sans espoir suivant ma rêverie,
        Je portais au hasard un pas timide et lent ;
        L’Amour m’enveloppa de ton ombre chérie,
        Et, malgré la saison, l’air me parut brûlant.

        Je voulais, mais en vain, par un effort suprême,
        En me sauvant de toi, me sauver de moi-même ;
        Mon œil, voilé de pleurs, à la terre attaché,
        Par un charme invincible en fut comme arraché.
        À travers les brouillards, une image légère
        Fit palpiter mon sein de tendresse et d’effroi ;
        Le soleil reparaît, l’environne, l’éclaire,
        Il entr’ouvre les cieux…. Tu parus devant moi.
        Je n’osai te parler ; interdite, rêveuse,
        Enchaînée et soumise à ce trouble enchanteur,
        Je n’osai te parler : pourtant j’étais heureuse ;
        Je devinai ton âme, et j’entendis mon cœur.

        Mais quand ta main pressa ma main tremblante,
        Quand un frisson léger fit tressaillir mon corps,
        Quand mon front se couvrit d’une rougeur brûlante,
        Dieu ! qu’est-ce donc que je sentis alors ?
        J’oubliai de te fuir, j’oubliai de te craindre ;
        Pour la première fois ta bouche osa se plaindre,
        Ma douleur à la tienne osa se révéler,
        Et mon âme vers toi fut près de s’exhaler.
        Il m’en souvient ! T’en souvient-il, ma vie,
        De ce tourment délicieux,
        De ces mots arrachés à ta mélancolie :
        « Ah ! si je souffre, on souffre aux cieux ! »

        Des bois nul autre aveu ne troubla le silence.
        Ce jour fut de nos jours le plus beau, le plus doux ;
        Prêt à s’éteindre, enfin il s’arrêta sur nous,
        Et sa fuite à mon cœur présagea ton absence :
        L’âme du monde éclaira notre amour ;
        Je vis ses derniers feux mourir sous un nuage ;
        Et dans nos cœurs brisés, désunis sans retour,
        Il n’en reste plus que l’image !

        Marceline Desbordes-Valmore.

  2. Coucou Miss Aspho et Miss So
    Hasard du calendrier, mon billet d’aujourd’hui pour « jeudi » citation est aussi un poème de Guillaume Apollinaire « Les Chevaux de Frise » http://lajumentverte.wordpress.com/2013/10/10/chevaux-de-frise-guillaume-apollinaire/http://lajumentverte.wordpress.com/2013/10/10/chevaux-de-frise-guillaume-apollinaire/

    Pour celui que tu cites, ma fille l’a appris en classe l’an dernier et j’entend sa voix en le lisant 😉
    je me rappelle avoir cherché dans le dico « nixes nicettes aux cheveux verts » et voilà que j’ai déjà oublié le sens de « nixes nicettes  » ;-(

    • Bianca, j’y ai pensé mais je n’avais pas le temps d’en parler !!! C’est un poète que j’aime beaucoup ! Oui un peu de poésie, une fois par semaine ne fait pas de mal, d’ailleurs je me régale des billets du dimanche de celles qui en mettent ce jour là ! 😉 Mais en milieu de semaine c’est bien aussi ! 😀

  3. Tiens c’est drôle, j’ai fait une poésie du jour aussi ce matin ! mais je ne veux pas le faire à jour fixe, seulement quand l’envie m’en prend. J’aime beaucoup la poésie d’Apollinaire (ah les lettres à Lou !)

    • Aifelle, en ce moment, je relis mes poètes : j’ai des petits fascicules scolaires que j’aime à ressortir ! Le jeudi c’est pour changer de la citation mais je ne le ferai pas systématiquement et chacun fait comme il sent, bien sûr ! 😀

    • Claude, oui les poètes, les vrais sont une espèce en voie de disparition ! Mettre à l’honneur ceux qui ont marqué les lettres françaises n’est pas superflu ! Bises♥

  4. Je ne résiste jamais longtemps à Apollinaire,que ce soit dimanche ou jeudi ou n’importe quel jour de la semaine. C’est si (beau, joli, nostalgique, tendre,,passionné et léger à la fois ) ce qu’il dit! Il est indéfinissable. Tiens, tu me donnes l’idée de publier quelques vers de lui aussi et sur l’automne! Je vais chercher.

    • Mango, je retourne à mes classiques en ce moment, et je vais m’atteler à publier de la poésie le jeudi quand je le pourrai ! J’aime lire celles toi et certaines publiez le dimanche, cela ressemble à une halte bienvenue… L’automne a fait couler beaucoup d’encre et de larmes !!! 🙂

  5. L’automne
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil,
    Embrase le coteau vermeil
    Que la vigne pare et festonne.

    Père, tu rempliras la tonne
    Qui nous verse le doux sommeil ;
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil.

    Déjà la Nymphe qui s’étonne,
    Blanche de la nuque à l’orteil,
    Rit aux chants ivres de soleil
    Que le gai vendangeur entonne.
    Sois le bienvenu, rouge Automne.

    Théodore de Banville, Les Cariatides

    • Béné, il est magnifique ! J’ai beaucoup étudié cet auteur sans compter les « récitations » au primaire que nous apprenions par coeur ! Avec Emile Verhaeren, il avait la palme !

      • C’est un souvenir de l’école, internet m’a aidé à combler mes trous de mémoire, Emile Verhaeren, je cherchais son nom depuis ce matin !!! Merci !!! Sinon moi, le jeudi c’est poésie, ça me dit bien, ou un autre jour d’ailleurs…

        • Béné, super, je vais faire un logo et à nous, quand on veut, de dénicher une poésie, si on le fait ensemble ce sera mieux, nous sommes trois, peut-être 4 avec Valentyne, faut un début à tout !!! Je te tiens au courant ! 🙂 Le jeudi ça m’arrange, c’est le milieu de semaine ! Quand je ferai « la balade du mercredi » peut-être pas, mais rien n’empêche les autres de le faire, je n’impose rien moi !!!! 😆

      • Très très fort Théo, un des poètes les plus célèbres de son temps, contre le romantisme, ami de Théo(phile) Gauthier et Victor Hugo, il a découvert Rimbaud, qu’il a hébergé, et qui a vivement critiqué sa conception de la poésie (ingrat cet Arthur, mais génial donc on lui pardonne!) Il a énormément écrit, même du théâtre…

          • Oui c’est vrai, sacrées études 😀 Et sans Google ou Lagarde et Michard 😉 J’ai eu une prof spécialiste de Théodore de Banville à la fac, on le ressortait à chaque fois !! Par contre je n’ai jamais lu de poésie spontanément, toujours parce que c’était au programme, ça m’arrive depuis peu de me replonger dans certains recueils pour relire certains passages que j’aime.
            Et la poésie du jeudi en alternance avec la citation, c’est parfait !!

            • Béné, les études sans Google je connais même si les miennes ont été plus courtes ! J’ai toujours aimé la poésie, petite déjà, et je m’y replonge souvent, je lis aussi des nouveaux auteurs quand j’en ai l’occasion ! 😉 Je n’ai toujours pas eu le temps de faire mon logo, je m’y colle pendant que rien ne me tombe sur la tête ! 😆

      • Mindounet : mais qu’as-tu appris à l’école ??? 🙄 Tu étais dans les buissons quand il y avait récitation !!! tsss, on va te refaire une culture poétique, tu verras ça pousse vite !!! 😀 Bises

        • L’école ne m’a rien appris en littérature et je persisterai toujours à dire que faire lire des classiques ou de la poésie à des ados ou des gamins est une connerie monumentale…c’est comme proposer un banquet à un anorexique. Et je le dis car je ne suis pas le seul à penser ça.
          Ceci dit, les romans et même les classiques m’attirent aujourd’hui mais pas la poésie. J’aimerais juste pouvoir lire et comprendre ceux d’ Emilie Brontë…mais c’est pas possible.
          Bisous.

          • Mindounet, chacun son point de vue sur la question : personnellement, heureusement que j’ai lu certaines choses quand j’étais au lycée, je n’en aurais jamais eu envie ! Ce qui n’empêche pas des relectures à l’âge adulte ! 😉 Pour la poésie, c’est pareil, heureusement que l’école a « traduit » ce langage particulier, c’est comme tout, quand on connaît la langue du pays, on apprécie davantage ! Il y a des poètes du XXème siècle, tout à fait compréhensibles, avec une Brontê, tu ne choisis pas la facilité !!! 😀 Bises

    • Mon Pierrot, merciiiiiiii, j’adore, il m’a fait monter les larmes au yeux ! C’est un très beau poème de Lamartine il me semble, La musique et la voix de Brassens ajoutent à la mélancolie triste ! Bises♥

    • Jean-Pierre, oui toutes les saisons ont leur charme mais l’automne a davantage inspiré les poètes, notamment en chants tristes qui comme l’a dit un célèbre « qu’ils étaient les plus beaux » ! 😉

    • L’or, c’est vrai que l’automne et l’hiver, fatalement nous font rentrer dans nos maisons et de nos bibliothèques bien remplies ! la poésie, je ne saurais m’en passer ! 🙂 Bises ^_^

  6. Pas pressée de voir le temps passer, alors je contemple l’automne et je l’apprécie.
    J’aime la poésie, et je n’en lis plus, sauf chez Anne le dimanche et maintenant chez toi… Merci !

    • Syl, moi non plus je ne suis pas pressée contrairement à Soène, ça passe déjà bien assez vite !!! Mango aussi poétise souvent le dimanche et quelques autres ! En milieu de semaine, ça coupe un peu et ne fait pas de mal ! 😀 Bises♥

  7. Bonjour Aspho…..
    Là tu me fais plaisir car c’ est un de mes poetes préférés
    Ca va ma gentille copine ?? vive ton retour pour un jeu………..
    dommage que tu n’en fasses pas un……………..bisous

    • Coucou Ghislaine, c’est gentil de passer une tête !!! Je n’ai vraiment pas le temps d’écrire en ce moment, j’ai du travail, plus la maison et la lecture mais je reviens aux vacances de la Toussaint, je vais essayer deux semaines si Livvy veut bien, sinon une semaine ! 😉 Bises^^

  8. Un poème que j’ai appris à l’école primaire (je crois) et dont je me souviens encore. Depuis, j’adore Apollinaire ! (et l’automne est une si jolie saison… Je pourrais dire que c’est ma préférée, mais il y a le printemps aussi, quand même !)

    • Coucou Mélanie, ça te change un peu des pâtisseries et l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire !!! Moi aussi j’en ai appris à l’école mais à force on finit par les oublier, c’est bien de se les rappeler de temps à autre !!! C’est une respiration ample la poésie ! 😉

    • c’est ma saison préférée aussi, une saison riche, où on ramasse et amasse plein de choses, une période lumineuse de couleurs et de senteurs où on prépare les fêtes et des réserves pour l’hiver, où on va prendre le temps de vivre

      • Patch , je peux dire aussi que c’est ma saison préférée même si je leur trouve un charme à toutes ! On a encore un bon mois pour commencer à penser aux fêtes mais ça vient vite…

  9. Ha bon moi aussi ça me rassure pour les nixes nicettes…en fait c’est un peu des fées ratatinées du cerveau et des sentiments??
    Apollinaire c’était pas l’ un poète maudit comme Verlaine, Rimbaud et aussi John Keats et Allan Poé? Des décadents, des mecs bien en somme, qui je crois se moquaient des conventions et qui comme Molière choquaient le bourgeois et la bourgeoise… Je n’ai lu que Keats car sa passion contrariée pour sa voisine Fanny, m’avait touchée. J’ai eu la chance de voir leurs deux maisons jumelles, dans un joli quartier de Londres…mais depuis leur séparation il parait que plus aucun rossignol n’est jamais venu dans leurs jardins…
    On manque de décadents au niveau artistique et du coup la société nous parait plus décadente alors que nous sommes seulement plus conformistes…mais que fait le joli vent d’automne??

    • Mindounet mais quelle verve aujourd’hui !!! Ca fait déjà quelques années que nous sommes en pleine décadence mais pour pallier cela on nous force à manger du « correct » aseptisé, ça commence à être roboratif !!! Tu as dû être british dans une vie antérieure, entre les Brontê et maintenant Keats, plus ton goût pour les couleurs flashy en vogue à Buckhingam (surtout les chapeaux), je me pose des questions !!! Il y a d’excellents poètes français dont la vie te parlerait…et ce qu’ils ont écrit bien sûr, ce n’est pas réservé aux écoles, heureusement !!! 😉

  10. Bonjour à tous
    joli, joli ce poème de GA, et il me semble qu’il a écrit des livres bien coquins ce GA;
    et bien moi-aussi je veux bien mettre ma poésie en clin d’oeil au temps qui change, ce sont même des paroles de chanson (rechantée par F Cabrel)
    Colchiques dans les prés
    Fleurissent, fleurissent
    Colchiques dans les prés
    C’est la fin de l’été
    La feuille d’automne
    Emportée par le vent
    En rondes monotones
    Tombant, tourbillonnant

    Nuage dans le ciel
    S’étire, s’étire
    Nuage dans le ciel
    S’étire comme une aile

    La feuille d’automne
    Emportée par le vent
    En rondes monotones
    Tombant, tourbillonnant

    Châtaignes dans les bois
    Se fendent, se fendent
    Châtaignes dans les bois
    Se fendent sous nos pas

    La feuille d’automne
    Emportée par le vent
    En rondes monotones
    Tombant, tourbillonnant

    Et ce chant dans mon coeur
    Murmure, murmure
    Et ce chant dans mon coeur
    Murmure le bonheur

    La feuille d’automne
    Emportée par le vent
    En rondes monotones
    Tombant, tourbillonnant

    La feuille d’automne
    Emportée par le vent
    En rondes monotones
    Tombant, tourbillonnant

    C’est vrai que l’été s’est sauvé bien vite!!
    belle soirée, au chaud

  11. Coucou Asphodèle, un très beau poème d’Apollinaire et presque réel, notre automne pourrait bien mourir très vite cette année !
    Merci du partage, je te souhaite un très bon week-end et te remercie de ta fidélité chez moi.
    Plein de bisous.
    Lylou