INTÉRIEUR NORD de Marcus Malte

Une lecture commune (d’été) avec ma Comète préférée d’un auteur dont je vous rebats les oreilles régulièrement ( ICI, ENCORE ICI et LÀ). Voici quatre nouvelles, quatre petits bijoux ciselés et riches en émotions. Intérieur Nord pourrait être cette zone d’ombre qui se glace et se fige à jamais quelque part en nous, suite à une fatalité quelconque. Quand les morsures du froid conduisent à la folie ou pire, à l’indifférence.

La première, Musher, nous parle d’un jeune homme solitaire qui vit avec ses chiens de traineaux en montagne. Comme un petit animal, proche de la nature. Comment l’amour va lui tomber dessus dans un quiproquo, l’obligeant à un choix qui ne mène pas forcément au bonheur. Tendre et poignant.

La deuxième, Jardinier est l’histoire d’un couple qui perd un enfant. Passés les ravages que provoque un tel drame, comment continue-t-on de vivre ? Émouvant et sobre.

La troisième, L’Ange Pleureur (une de mes préférées) : un fils, d’une trentaine d’années rencontre enfin sa mère qui l’a abandonné à neuf mois. Entre dégoût pour ce qu’elle est devenue (et a sûrement toujours été) et espoir de lire en elle, un jour peut-être une forme de reconnaissance, sauf qu’elle, elle ne sait pas qu’il est son fils. Bouleversant et bluesy…

La quatrième, Jeanne, ma Jeanne (ma préférée) : un représentant de commerce insipide, invisible et hermétique aux sentiments (amour filial, amour tout court) tombe brutalement amoureux à 40 ans d’une jeune femme de 26 ans. Tordu et réaliste ! » Nous avons fait l’amour, beaucoup. Je n’avais jamais connu ça. Elle m’a appris des choses. Elle m’a appris ce qu’était le désir. Elle m’a appris que l’on pouvait souffrir à cause de quelques centimètres, seulement, ces quelques centimètres qui séparent deux corps. C’est encore trop. (…) Elle m’a appris qu’on pouvait pleurer de reconnaissance. (p. 118-119). »

Les voix mêlées de ces quatre destinées sont le point d’orgue d’un choeur d’hommes aux coeurs brisés et Marcus Malte en est le chef d’orchestre. Il n’est pas optimiste Marcus, il ne fait pas des chutes happy end sur commande, il suit son instinct, et il suit la vie des gens aux destins éclatés. Ici, nous trouvons des points de non-retour dont on ne revient pas vraiment à défaut d’en mourir. Il ne faut pas que l’amour se couche, quel qu’il soit, il faut aimer pour exister, aimer d’une façon ou d’une autre et aussi « à perdre la raison »…sinon :(…).  Les autres continuent. Peut-être est-cela qu’ils cherchent : de loin en loin un cairn solitaire fait de chair et d’os confits dans la glace, seuls points de repères sur leur chemin.  Les restes de ceux qui les ont précédés. Ce serait la sagesse même. Car, à bien y songer, toute autre trace paraît vaine.. Tout autre héritage. La route des morts est la seule qui tienne. » p.8. (Dans l’introduction de M.Malte).

Allez lire le billet de ma Comète dès qu’elle le publiera !

Ce livre a obtenu le Prix Rotary Club 2008. Une participation au challenge de Laure « Mon challenge à tous prix » ! (en instance ce challenge)

 

Publicité