CHABADABADA avec Gwen en ce dimanche !


L’atelier d’écriture de Gwen-Skriban nous propose un thème le dimanche matin et nous devons rendre notre copie dans la journée ! Inutile de vous dire que le peaufinage est un peu laissé de côté… Ce dimanche c’était chabadabada : un homme, une femme et la photo ci-dessous qui est une vue de la Plage des Dames à Noirmoutier… En mille mots (429 pour moi)…

plage des dames gwen

OUBLIÉE SUR LE SABLE…

Cornélia regardait sa maison sur la plage aux murs décrépits par le sel et les tempêtes des grandes marées. En montant les trois marches posées sur le sable, son cœur s’accéléra. Dès qu’elle ouvrit la porte, une odeur de moisi et d’algues lui sauta au visage mêlée à de vieux relents de crème solaire. Soudain, elle entendit les voix qui riaient, chantaient lors des étés où ils étaient nombreux à vivre ici. Elle était née là, à l’ombre d’un pin parasol penché sur les reflets argent de la mer au soleil de midi.

Et puis, Alphonse était entré dans sa vie, les bras grand ouverts comme le ciel qui se perd dans les crépuscules tourmentés. Quand on parlait de lui au village, les yeux se baissaient, les voix se faisaient murmures ou sanglot, celles des Dames se voilaient d’une buée rauque. Alphonse, ha ça oui qu’il était beau ! Des boucles brunes, un regard sombre qui vous passait partout en vous déshabillant. La tête gonflée de rêves comme les voiles d’un trois-mâts. Mais c’est sur elle, Cornélia qu’il avait jeté son dévolu, c’est elle qu’il avait emmenée dans les dunes derrière la plage, ils s’étaient aimés à la lumière émue des premiers matins, buvant, insatiables le sel de la joie  et les larmes de l’amour, pour que jamais elles ne roulent sur leur plage et sur leurs visages.

Mais les rêves d’Alphonse étaient trop grands, il voulait partir derrière l’horizon, il disait que les miroitements de la mer s’impriment à jamais dans le regard de ceux qui vivent au-dessus de l’océan, que dans les replis des vagues se balance l’insolente éternité, là-bas seulement elle vous rentre dans l’âme.

Cornélia l’avait laissé partir, le corps raide, debout jour et nuit derrière la fenêtre, oubliant de repeindre la maison. L’attente s’était installée et le vent qui soufflait parfois du large n’amenait jamais de réponses.

Dix ans avaient passé. Un jour en lisant le journal, dans la rubrique mondaine, elle avait appris qu’Alphonse s’était marié à Valparaiso avec une riche héritière. Elle en aurait ri si elle en avait eu le temps. Un voile noir venait de l’envelopper ; elle descendit sur la plage, courut jusqu’à la mer devenue sombre, marcha un peu dans l’eau glacée avant de se laisser emporter par le courant. Là-bas, là-bas derrière l’horizon, elle savait qu’Alphonse l’attendait… Derrière elle, une dernière fois, elle entendit la maison respirer au rythme de leurs souffles quand ils s’aimaient l’après-midi, dans la chambre où seul le froissement des voilages gémissait, abandonnés au temps qui jaunirait les photos, les hortensias et jusqu’à leur souvenir…

 

22 réflexions au sujet de « CHABADABADA avec Gwen en ce dimanche ! »

    • Mind, à l’époque des Alphonse, dans un autre espace-temps, quand on aimait c’était souvent pour la vie !!! 😀 Cela reste une fiction totale, ça m’est venu entre le petit déjeuner et avant la sieste !! Faut être indulgent ! 😉

      • Hum, à l’époque des Alphonse, savaient-ils ce que aimer voulait dire ? 🙄
        La femme dépendait de son mari, n’avait pas le droit à la parole et n’avait pas de vie…
        C’était quoi le défi ? une broderie de mots sur un homme-une femme-une plage de sable fin ?
        En 1 000 mots… mission impossible pour SO’N 😆
        J’ai une hallucination : il me semble que le temps s’éclaircit et que le soleil est derrière les nuages 😆
        Bisous et bon ap♥♥♥

        • So’N, quel pessimisme !!! 😆 Les mariages d’amour existaient malgré tout, bien que, je te l’accorde, les convenances avaient la vie belle et les femmes un peu moins ! 1000 mots maximum, c’est déjà beaucoup, le double du texte que j’ai fait, alors tu en es parfaitement capable, hein, ne fais pas ta petite souris qui se cache !!! 😆
          Bises et bonne fin de soirée ! ♥

  1. Punaise ! Moi, l’Alphonse, après l’avoir pleuré une décennie pour l’avoir cru avalé par l’océan, je l’aurais zigouillé… A la nage, que je serais allée à Valparaiso et je l’aurais étouffé dans son chili con carne.

    • Syl. warf !!! 😆 Je reconnais bien là ton tempérament de fuego !!! C’est une fiction, je te rassure, je l’aurais pendu par où tu sais bien avant d’attendre dix ans !!! 😀

  2. C’est splendide ! que j’aime ta plume et j’adore ton style. Mêler le sublime à la noirceur j’aime tellement. J’ai vraiment envie de lire un de tes romans, récits (peu importe le nom) un jour. Je serais vraiment triste de ne pas en avoir la chance…
    grosses bises ♥

    • Laure tu vas me faire rougir !!!! Merci pour cette appréciation qui me redonne du courage !!! 😀 Le jour où j’écrirai quelque chose dont je me sentirais fière, tu seras une des premières à le lire ! Mais il faut du temps pour écrire « totalement », il me faudra choisir entre le blog et l’écriture, pour l’instant je ne peux mener les deux de front ! 😉
      Bises♥

  3. Réalité ou fiction, sable mouvant sur une dune ondulée, laissez place à la conjugaison de l’amour dans la tourmente de la vie de Cornélia…
    Belle écriture Asphodèle

    • Merci « Des mots sans maux » ! J’ai du relire mon texte pour savoir de quoi vous parliez !!! Je l’avais oublié celui-ci… C’est de la pure fiction, je vous rassure ! 🙂 merci du compliment !