Une lecture que j’ai terminé il y a une dizaine de jours, 528 pages qui m’ont accompagnée du vendredi au mardi, mais il m’a tellement émue que j’ai attendu que la pression retombe avant d’écrire ce billet… De savoir que c’était le dernier livre de l’auteur décédée en 2008 d’un cancer foudroyant a donné une résonance et une portée aux mots de Nuala O’Faolain. Ce roman est une fiction certes, mais si proche de la vie et des interrogations que l’on a qu’il est difficile de rester insensible…
» Il faut du temps pour revenir quelque part » se dit Rosie, 56 ans, en remettant les pieds sur sa terre d’Irlande. Surtout pour s’occuper de Min, 70 ans, sa vieille tante qui lui a tenu lieu de mère. Min, en plus d’être dépressive est portée sur la bouteille… Le portrait de Min, durant les cinq parties du roman est magnifique, qu’elle se comporte en vieille dame odieuse ou petite fille sans enfance qui découvre la vie (et le monde) bien tard…
Rosie redécouvre ses amis d’enfance, peine à retrouver ses marques dans une maison qui n’est pas la sienne et dans laquelle elle n’a pas l’intention de s’installer.
Rosie assume de ne pas s’être mariée, un peu moins le fait de dormir seule et de vieillir, de ne plus être regardée par les hommes comme une femme… à part entière : » Puis j’étais entrée dans la quarantaine. Le jeu -le jeu de la séduction- occupait une place si centrale dans ma vie que j’avais de la peine à croire qu’il touchait à sa fin.. Et, à l’approche de la cinquantaine, ç’avait été comme si les gradins se vidaient et que je me retrouvais seule au milieu d’une arène déserte ». Cette réflexion ‘et tant d’autres) sur le temps qui passe, le temps qui ne fait pas de cadeau aux femmes est émouvante car malgré la difficulté d’admettre, malgré l’acceptation pas toujours facile, tout se fait sans aigreur mais avec quelques larmes bien compréhensibles.
Et puis, elle va retaper une maison qui lui parle du passé de sa mère morte à sa naissance. Il y a là des soirées d’été au bord de la mer absolument magnifiques, on perçoit toutes les notes déjà mélancoliques de cette ballade irlandaise. Mais elle s’ennuie déjà un peu, aussi lui vient l’idée d’écrire un fascicule de développement personnel sur le « bien vieillir » qu’elle écrira par mail à son meilleur ami resté en Amérique. Il y a beaucoup d’humour et de recul sur ces passages. Et un déchirement certain : » Oh, rendez-moi cela ! ai-je supplié à la pièce obscure et silencieuse. Oh, rendez-le moi ! Que je puisse revivre ma vie avec ce que je sais maintenant ! Rendez-moi un commencement ! ». Après une période dépressive dans sa nouvelle maison (qui n’est pas encore à elle), elle comprendra que le temps ne « repasse jamais par la jeunesse » et que les gens changent avec ce temps. Mais tant que l’amour, sous quelque forme qu’il soit est là, alors l’espoir ne meurt pas, tout est possible. On peut tout surmonter, et en retrouvant le sourire des bonheurs simples. En apaisant les tensions liées à sa filiation, en acceptant de ne plus être une nomade, en renonçant parfois mais en gagnant sur l’amour et l’amitié à long terme.
L’action se situe en 2003-2004 et le livre a été publié en 2007 en Irlande, puis en 2008 aux très belles Editions Sabine Wespieser. Nuala O’Faolain n’était pas encore malade, ne se savait pas condamnée, ce qui met en lumière de façon poignante certaines réflexions. J’ai beaucoup aimé cette lecture malgré les ombres qui descendent, inexorablement. Et comme dans la vraie vie, il est des petits miracles quotidiens qu’il faut saisir en mordant dans la vie à pleines dents ! Ce que j’ai fait avec ce livre et il me l’a bien rendu…
Une participation pour Anne à son challenge « Voisins, Voisines ».
Hannn ! Ça a l’air drôlement bien dis donc . Merci de ce chouette billet du samedi matin .
Galéa, ce livre m’a vraiment remuée… Une tranche et une leçon de vie !
Coucou Asphodele.
Ton billet donne envie de se précipiter pour lire ce livre (comme souvent avec tes avis)
les citations que tu retranscris me parlent …
Bonne journée 🙂
Coucou Val, moi aussi ce livre m’a parlé ! Mais il est lourd ! Bises 🙂
B’jour Aspho.J’ai aimé et chroniqué On s’est déjà vu quelque part et J’y suis presque.Tu peux les retrouver. Passionnants.Al’évidence,celui-ci aussi.A bientôt.
Claude, je pense que je ne vais pas en rester là ! Mais on ne peut pas dire qu’elle écrit « léger », je vais me remettre de celui-ci d’abord ! 😉 Je vais essayer de retrouver tes billets !
Les gradins qui se vident, c’est une bien belle et bien triste image…
Ys et ce n’est pas la seule, en 528 pages, j’avais des post-it partout,il a fallu choisir !
Il me semble que je l’ai en poche..
Clara c’est peut-être pas plus mal car il était si lourd que je devais le poser pour lire !
Un coup de coeur pour moi, à l’époque de sa sortie, et que j’aimerais le relire, que je l’ai aimé
Keisha, un coup de coeur pour moi aussi, je n’ai pas mis le logo car on me traite de coeur d’artichaut en ce moment !!! 😆 Mais j’ai vraiment envie de lire ses autres livres d’ici quelques temps…
Ce n’est pas bon de se voir vieillir ou alors, en étant bien entourée.
Bisous
Syl., je crois que même entourée, on ne peut empêcher certaines réflexions mais c’est mieux d’avoir des personnes à aimer que de se racornir dans son coin ! 😀
Bises♥
Il serait grand temps que je relise un roman de Nuala, j’ai plusieurs de ses romans dans ma PAL ça tombe bien !
George, malgré la lente mélancolie, c’est une auteure qui fait du bien ! Je n’en resterai pas là…
Encore un auteur que je n’ai jamais lu (la liste est toujours aussi longue, quoiqu’on fasse : c’est ça qui est bien !!!) mais que ton billet me donne envie de découvrir ! Je vais de ce pas creuser tout ça ^^ Raaaah j’adore écumer les blogs et trouver pleins de nouvelles inspirations ! Merci pour cette inspiration du samedi, Asphodèle :*
Lili, ne m’en parle pas ! Quand je vois tout ce que je note dans mon carnet, tout ce qui dort encore dans ma PAL, je désespère ! Mais c’est si bon de lire de petites pépites ! 🙂
Que je l’ai aimé, ce roman! Comme il m’a émue aussi! Infiniment! Que j’aurais aimé qu’elle puisse continuer à écrire! J’en ai un autre du même genre, lourd et beau, qui m’attend maintenant, celui de JC Oates: « J’ai réussi à rester en vie ». Mais je recule sans cesse sa lecture comme devant une émotion qu’on pressent qui sera trop forte!
Mango, c’est triste de savoir que c’était son dernier livre. Je ne m’attendais pas à une telle émotion ! Oates est aussi très forte en ce domaine ! 😉
ma lecture de ce roman avait été un peu hachée, je n’ai pas su l’apprécier totalement à sa juste valeur, même si j’y ai trouvé une écriture magnifique !
cet auteur est extraordinaire !
Valou, je l’ai lu d’une traite sans jamais m’ennuyer, je signe les yeux fermés pour le prochain ! 😀
Tellement contente que tu aies découvert et aimé ce roman de mon auteur fétiche 😉
Je t’envie de l’avoir découvert, elle est morte trop tôt et nous laisse bien dépourvues.
Ha oui Violette moi aussi je suis ravie de tout avoir à lire ! C’est une voix de femme extraordinaire ! Elle avait encore tant à écrire…
Eh bien, ton billet donne envie de le lire !
Lydia, chroniquer les 500 pages ne me disait rien, j’ai préféré parler de ce que j’avais ressenti, c’est un livre qui habite… J’en ai lu quatre depuis dont deux polars, rien à faire, il reste…
Je l’ai lu ce livre grâce à un billet de Mango. Et ça a été un vrai coup de coeur. Depuis, je recherche tous les romans de cet auteur …
Justement, Yorlane, je commence un autre de ses livres: L’histoire de Chicago May ». J’espère qu’il sera aussi bien!
Haaa Mango, c’est le prochain que je veux lire !!! Il est prévu pour mai (dans la liste d’achats 😉 )…
Yorlane, Mango sait très bien y faire pour mettre l’eau à la bouche ! Je pense lire l’histoire de Chicago May par la suite, je n’avais que ce livre dans ma PAL…
Et hop un titre de plus à lire!!Merci pour toutes ces découvertes.
Quenotte c’est faste en ce moment, que des coups de coeur ou presque !!!
Ah quel beau roman, quel bon souvenir de lecture… Il est noté !
Anne, tu es un chou !!! Je l’avais vu sur beaucoup de blog aux débuts du mien, j’avais attendu d’oublier ce que j’avais lu pour le sortir…. Et je ne regrette pas !
Mais quel article magnifique qui dépeint avec beauté ton émouvante lecture ! On sent tes mots choisis et pesés avec attention (même si ils coulent de source souvent, toujours chez toi 😉 ) pour rendre le meilleur de ce livre, l’application (naturelle) que tu as à nous donnés ton ressenti. J’adore et forcément ça me donne envie de découvrir cet ouvrage. Merci ma douce 😀
Bonne journée bisous 😀
Merci Laure ! 😀 Tu me fais plaisir car ce billet m’a donné du mal, je l’ai recommencé trois fois et j’ai décidé de faire simple en parlant très peu de l’histoire. Un livre bouleversant à bien des égards !
Bonne fin de soirée et bises 🙂
Ton billet me donnerait presque envie de me replonger dedans !! J’ai voulu le lire en juin dernier, mais j’ai traîné sur plusieurs semaines avant d’abandonner aux trois quarts. Je n’ai malheureusement ressenti aucune empathie pour cette femme et je me suis éloignée d’elle au fur et à mesure que le roman avançait. Je suis frustrée, j’ai l’impression d’avoir raté un arc-en-ciel que tout le monde aurait vu !…
Eliza, peut-être parce que ce n’est pas une héroïne victorienne ??? 😆 Je plaisante ! Le propos du livre est quand même axé sur la cinquantaine, sur le temps qui passe, il faut se sentir un minimum concerné, tu es trop jeune, je ne vois que ça !!! 😀 Et puis, il y a des livres qui se font désirer, ce n’était pas le bon moment !^^
Je pense en effet que l’âge y est pour quelque chose, je n’osais pas le dire 😉
Eliza, il faut le dire !!! C’est très important dans ce livre, je peux comprendre que tu ne te sois pas sentie concernée et donc que tu n’aies pu rentrer dans le livre !!! 🙂 Je suis une vieille dame compréhensive ! 😉
un livre émouvant à ce que je lis
et comme tu dis une éditrice, venue d’Actes Sud, de qualité exceptionnelle
Denis, très émouvant ! Sabine Wespieser a publié les 5 livres de Nuala O’Faolain, l’école Hubert Nyssen…du nez et du talent !
J’avais beaucoup aimé ce livre ! Il est très beau, de très belles réflexions sur l’être humain et le passage du temps. J’essaierai bien de lire d’autres livres d’elle plus tard.
Nath, la réflexion est universelle mais j’aurais cru qu’il fallait avoir atteint un « certain âge » pour ne pas dire un âge certain pour l’apprécier !!!! Ravie que la jeune fille que tu es l’ait apprécié ! 😉 Je vais me procurer « Chicago May » dès que je peux…
M’enfin ? Je veux bien croire qu’on lit différemment selon les âges, la maturité et l’expérience de la vie mais pour ce qui est d’apprécier, c’est différent. Je n’ai peut-être pas aimé les mêmes choses que toi dans ce livre mais justement je trouve qu’elle parle du temps qui passe avec réalisme et douceur à la fois.
Nath, je ne dis pas ça pour toi, la maturité et l’appréciation sont deux choses différentes mais pas incompatibles je te l’accorde ! Il semble qu’il soit moins apprécié par les plus jeunes qui l’ont lu… Elle en parle avec réalisme (du temps qui passe) mais avec beaucoup de désenchantement et de renoncement ! C’est l’acceptation de la « chose » qui lui donne la pêche… Bref, je pourrais t’en parler des heures, et toi aussi, ne rougis pas !!! 😆
Un livre superbe, que j’ai beaucoup aimé. Tu en parles très bien.
Merci Sharon, je n’arrivais pas à faire mon billet et puis, finalement après décantation, c’est venu ! Quel livre émouvant et quelle écriture !
J’ai au moins trois livres de cette auteure encore dans ma PAL, dont celui ci… Faut vraiment que je m’y mettes… En plus, j’aime beaucoup son style, son écriture me touche énormément
L’Or, tu es impardonnable !!! 🙂 Je te le conseille VRAIMENT !
Autre sujet : as-tu reçu mon mail avec la play-list des Harmoniques ? Mon Yahoo bugue parfois donc je préfère demander ! 🙂
Je n’avais pas accroché à cette lecture. Un abandon.
Alex, je pense que ce livre ne touche pas de la même façon en fonction de notre âge mais l’écriture est belle ! 😉
Ben non, tu me donnes encore un livre à lire…. tu grossis ma PAL….
Je ne sais pas si celui-ci te plairait, il parle du temps qui passe, je pense qu’il faut être bien mûre pour l’apprécier !!! 😆 Mais pourquoi pas ?
original…
Lystig, un peu mieux qu’original !!! 🙂
à 22h34, j’ai sommeil, donc très laconique !!!!!
Lystig, moi à 22 h 34, si je ne suis pas en train de rédiger un billet, je dors ou je lis, mais l’ordi est éteint, je fais de moins en moins nocturne !!! 😆
J’avais oublié de commenter ici… J’ai lu ce livre l’année dernière, je ne l’ai pas chroniqué à l’époque mais il fait parti de ceux qui m’ont permis de renouer avec la lecture. Je viens de finir J’y suis presque, la suite de On s’est déjà vu quelque part. Cette femme était décidément exceptionnelle. Une très grande voix. C’est Violette qui nous l’a fait découvrir avec le club, c’est son auteur fétiche malgré son jeune âge, je crois que ce qu’elle a su dire est assez universel.
Delphine, contente de te voir ici plus souvent ! 🙂 J’ai eu un coup de foudre pour Nuala, je pense lire tous ses livres (je m’accorde des pauses entre), comme tu le dis, elle touche à l’universel en parlant d’elle et c’est très fort ! Il y a aussi une mélancolie douloureuse qui m’a complètement séduite…
J’en ai lu 3, il m’en reste 3… dont Chimères son plus gros roman que j’ai dans ma bibliothèque
Veinarde ! Je n’ai plus rien d’elle dans ma PAL mais ça viendra, je descends un peu ladite PAL avant d’en racheter, ce serait vraiment n’importe quoi ! Ou alors une envie irrépressible, ce n’est pas impossible ! J’espère que tu en parleras cette fois, si tu as le temps bien sûr ! 😉
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