NOVECENTO : PIANISTE d’Alessandro Baricco


NovecentoEncore une petite pépite d’Alessandro Baricco qui m’avait émerveillée avec SOIE, (mon billet ICI). Je remercie cette petite coquine de Laure, de me l’avoir offert, je n’ai pas pu résister. J’ai voulu renouer avec la tradition des Jeudis de George et ce livre de 87 pages, dévoré en une heure et quart à peine, s’y prêtait à merveille !

L’histoire de Novecento commence sur le Virginian en 1900, paquebot transatlantique luxueux qui reliait l’Europe à l’Amérique. Un matin, un musicien noir trompettiste, Dany Boodman découvre sur le piano de la salle de bal des premières classes, dans un carton, un bébé d’une dizaine de jours. Fasciné, il décide de le garder et après tergiversations avec l’équipage et ses collègues musiciens ils décident d’appeler le bébé : Dany Boodman T.D. Lemon Novecento, cette dernière particule en référence au siècle qui vient de naître (mille neuf cent). L’enfant grandit, baigné de musique, celle que sa fabuleuse mémoire enregistre et celle qui n’appartient qu’à lui, on ne sait d’où elle vient  mais « la vérité vraie c’est que ce piano commença à glisser, sur le parquet de la salle de bal, et nous derrière lui, avec Novecento qui jouait, sans détacher son regard des touches, il avait l’air ailleurs et le piano suivait les vagues, il s’en allait d’un côté, revenait de l’autre, puis tournait sur lui-même et filait droit sur les baies vitrées (…), je veux dire c’est comme si l’Océan le berçait, et nous avec, moi j’y comprenais rien, et Novecento, lui il jouait, il continuait à jouer et c’était clair que ce piano, il se contentait pas de « jouer » dessus mais qu’il le « conduisait », vous comprenez ? (…) J’ai compris à ce moment là  que ce qu’on faisait, ce qu’on était entrain de faire, c’était danser avec l’Océan, nous et lui, des danseurs fous et parfaits, emportés dans une valse lente, sur le parquet doré de la nuit. Oh yes. »

Le narrateur a rencontré Novecento alors âgé de 27 ans, il était un génie mais n’avait jamais voulu quitter le bateau, le seul monde qui l’avait vu naître et où il se sentait vivre. « Le problème, c’était que Novecento, lui, ne jouait jamais dans les ports, et ne voulait pas y jouer. Un port, c’est déjà un peu la terre, et ça ne lui plaisait pas, à lui. » Même s’il peut sentir et raconter tous les endroits du monde. Il n’existe pas en dehors du Virginian et le Virginian a renoncé à le faire entrer dans la légalité.  Oui mais voilà, la guerre un jour se profile à l’horizon, que va-t-il devenir si le Virginian arrête de naviguer ? « C’est ça que j’ai appris, moi. La terre, c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage, une femme trop belle. » Même le découpage des paragraphes finaux ressemble à une partition !

L’histoire de Novecento ressemble à celle d’un ange aux ailes folles et bruissantes de musique, un ange abandonné par sa mère à la naissance mais qui choisit l’Océan pour renaître et s’inventer une vie symphonique libre, à l’image de sa démesure, de son esprit « ailleurs ». Ses mains ne ressemblent-elles pas à mille ailes déployées quand il joue une musique presque céleste, sortie d’un piano voguant sur l’Océan ? Un livre à la fois inclassable, magnifique par le style de Baricco et poignant. 84 pages trop courtes pour une heure qui se prolonge avec les mots et une musique imaginaire dans la tête …

paquebot VirginianIci, rare image du Virginian qui aurait été un navire proche lorsque le Titanic a coulé !

alessandro bariccoSi vous voulez en savoir plus sur Alessandro Baricco, né le 28 janvier 1958, et sur Novecento, je vous conseille vivement cet article sur le site des Voyages Imaginaires.

Une première participation 2013 aux « Un jeudi, un livre » de George, une pour le Challenge « Des notes et des mots » d’Anne, pour celui d’Enna, Petit Bac, dans la catégorie chiffre (si elle accepte 1900 en italien), une autre pour IL Viagg

challenge il viaggio nathio de Nathalie.challenge-Des-notes-et-des-mots-4un-jeudi-un-livre3

logo petit bac 2013

65 réflexions au sujet de « NOVECENTO : PIANISTE d’Alessandro Baricco »

    • Yorlane, mais as-tu un blog ? Si ce n’est pas indiscret ? 😉 J’avais peur après Soie (que l’on m’a offert aussi avec les illustrations de Vanessa Dautremer) et franchement, encore un une belle surprise !

  1. Que je suis heureuse qu’il t’ait plu !! 😀
    Et alors j’ai aucun doute de l’aimer ! Déjà car j’adore la musique, elle a une puissance de résonance incroyable en moi et d’autre part ton avis me le crie haut et fort ! 😆
    bonne journée 🙂 bises

    • Anne, mais tu viens prendre les liens avant même que je n’ai eu le temps de venir ! 😆 Si tu veux, j’y vais et je fais la bise aux m****s en passant ! 😆 De toutes façons, j’ai un retard de lectures chez toi colosssssaaal ! Bises ma belge enmoinillée !!! 😀

  2. J’avais tellement aimé « soie » que j’ai lu après « océan mer » qui m’a considérablement déçue. Je pourrais peut-être refaire une tentative avec celui-ci.

  3. En lisant ton billet cela m’a fait pensé au film qui raconte la même histoire « La légende du pianiste sur l’océan ». Un film bouleversant et magnifique. Je te le conseil

    • Philisine c’est souvent le cas avec ces tout petits livres que l’on lit en une heure, c’est bien de les reprendre et de relire les passages « post-ités » !!! 😆 Bises

    • Eeguab, j’ai vu qu’elle était souvent lue et jouée et ça ne m’étonne pas, au départ Baricco l’a écrite pour ça ! Mais le livre est très bien !!! Bises et bonne fin de soirée !

  4. Je l’ai lu il y a quelques années, un cadeau de mon père (il avait été convié à l’inauguration d’une librairie, en tant que président de l’union commerciale. Le libraire a voulu lui offrir un livre de poche. Mon père a choisi celui-ci au hasard, et me l’a donné).

  5. Chablis a fait une sortie pleine de dignité. Sharon avait à peine refermé la porte qu’il hurlait pour rentrer. Depuis, il dort en hauteur, pour échapper à Lassie. Ce matin, nouvelle tentative : il est revenu après le petit déjeuner.

    • Et si Sharon lui mettait des petits chaussons pour protéger ses coussinets ? Pour Lassie, je ne vois pas de solutions ! Déjà il peut se percher c’est pas donné à tout le monde !!! 😆 J’espère qu’on pourra en voir une (de photo), le scoop !!!^^

  6. ça à l’air bien ce roman, mais cela me rappelle un film. Il n’y a pas eu d’adaptations cinématographique de ce livre? Tiens cela me fait penser que j’ai également plein de livres courts qui pourraient être lu en une journée. Je participerai bien occasionnellement au rendez-vous du jeudi de George. Je vais y jeter un oeil. Allez bises!

    • Missy, si si ! J’en ai trouvé une « La légende du pianiste sur l’Océan », je te mets le lien vers la B.A du film :
      C’est agréable de lire des livres courts de temps à autre, on a l’impression de lire plus que quand on stagne dans le même pavé mais j’avoue que j’aime stagner sur des pavés comme Jane Eyre par exemple, on voudrait que ça ne finisse jamais !!! 😆 Il y a des périodes… Bises et bon dimanche !

    • Lou, il n’entre pas dans mes « coups de coeur », pour cela je demande un petit supplément à un livre mais j’avoue qu’en 84 pages, Baricco fait très fort malgré tout !

  7. C’est ce qui s’appelle être touché par la grâce, enfin c’est ce que m’évoque le passage du livre que tu cites en premier.
    Cet auteur à l’air pour le moins singulier et à lire tes chroniques, j’en conclus que les plaisirs de lecture de ses romans sont multiples…
    Heureusement que c’était pas le Titanic, imagine qu’il ait croisé Céline Dion, là c’était le drame…littéraire je veux dire.

  8. Je ne connais pas ce récit…je note, j’aime cet auteur. Je me garde à relire pour un jour prochain un superbe cadeau : Soie mais cette fois illustré par B. Lacombe. J’avais aussi adoré la musique dans ce roman et dans Le Violon noir, lu il y a longtemps. Je crois que j’en ai un autre de lui quelque part, mais cette PAL semble avoir une vie bien à elle et je ne retrouve pas toujours ce que je cherche. Pourtant, ici, tout est très, très bien rangé, ça y’a pas à dire ! 😉

    • So, moi aussi j’ai eu Soie en cadeau mais c’est illustré par Rébecca Dautremer pas par B. Lacombe ??? Enfin, c’est magnifique ! Baricco est aussi musicologue et ça perce dans ses écrits, je te le conseille, court, donc tout à fait ce qu’il te faut ! Ici tout est très mal rangé mais je m’y retrouve, il n’y a que moi d’ailleurs !!! 😆 Bises

    • Alex, Soie reste Soie mais celui-ci ne m’a pas déçue (j’avais un peu peur justement), je te le conseille les yeux fermés (enfin pas tout à fait non plus hein !!!^^)…

    • Haaaa Violette, ton commentaire me va droit au coeur !!! Je dis toujours ce que je pense d’un livre donc celles et ceux qui me lisent savent à peu près s’ils aimeront ou pas tel ou tel livre ! D’ailleurs même les avis négatifs comptent car ce que je n’aime pas en séduit d’autres… L’essentiel étant que tu t’y retrouves en te faisant plaisir ! 😉 Bises 🙂

    • Morgouille, pour Soie tu n’as plus d’excuses, il se lit également en une heure !!! 🙂 J’ai peur d’en lire un troisième et d’être déçue maintenant après ces deux là, je vais attendre comme je fais après un coup de coeur, c’est mieux ! Biiiiises 😀

  9. Quelle nouvelle, quel auteur! Pour moi aussi ce fut un grand coup de foudre. J’avais d’ailleurs dans mes valises pour le Mexique un Barrico (Emmaüs). Celui-ci, dont tu fais la critique ici, est le premier que j’avais commenté sur mon blog. Pffff à ce moment là, je débutais et mes critiques étaient écourtées! Je peux même me permettre de la mettre ici tant elle est courte (mdr) :

    “Un vrai petit bijou de livre d’à peine 84 pages, qui se lit d’une traite, sans pouvoir le poser avant le dernier souffle. Écrit sous forme de monologue, avec des mots qui coulent au gré des pages, ce roman poétique est d’une musicalité déconcertante. Barrico a lui-même fait des études en musique et ça se sent, ça se vit.
    Les mots sont rythmés, ils dansent au fil des vagues, fluides et empreints de magie.
    Émouvant, touchant, riche et sensible, ce roman épouse l’océan et la musique avec art. Il est magnifique… »

    Bisous ma belle amie xx

    • Nadine, ha oui, tu faisais court, journalistique quasiment ! Mais je trouve que tu y avais mis l’essentiel, moi c’est l’inverse, j’ai appris à raccourcir mes billets : au début je faisais de loooongues dissertations !!! 😆 Je suis plus concise ! Le premier de Baricco que j’ai lu est Soie et un coup de foudre total, une petite merveille, pareil, format très court, écriture musicale bien que le thème ne le soit pas mais un auteur génial disons le ! Emmaüs est dans ma ligne de mire ainsi que d’autres, plus anciens et que l’on m’a conseillés, les titres ne me reviennent pas (^Ô ma mémoire depuis que je prends des substances bizarres 😀 )… En revanche, je l’ai vu à La Grande Librairie (pour son dernier livre) et franchement il n’était pas très sympathique… mais bon, on ne peut pas tout leur demander à ces pauvres auteurs qui ne demandent qu’à écrire, pas forcément à parler de ce qu’ils écrivent…