JAYNE MANSFIELD 1967 de Simon Liberati


Le livre s’ouvre sur l’effroyable accident de voiture qui coûta la vie à la star et à son compagnon, laissant indemnes ses trois enfants, dont la petite Marischka Hargitay (vedette de la série NYPD deouis une quinzaine d’années). Accident qui est aussitôt qualifié de « most dreadful thing » qui soit arrivée depuis le début du XXème siècle ! La description minutieuse de l’évènement avec force détails techniques et médicaux sur la façon dont Jayne Mansfield a pu être décapitée est, disons-le, éprouvante pendant les quarante premières pages.

Puis, comme l’auteur le met en exergue du livre : « Jayne’s favorite word about herself was crescendo » M.S. Libérati l’a bien compris. Après la desincarcération, après avoir restitué l’ambiance délétère qui flotte autour des survivants choqués sur cette route de la Nouvelle-Oeléans, et leurs traumatismes futurs, il pose, crescendo son regard sur la vie de Jayne. De ses débuts à ce qu’elle était devenue en 1967. La génèse de l’accident y est racontée en parallèle. A peine âgée de trente-quatre ans, alourdie par cinq grossesses (de trois pères différents), bouffie par l’alcool, la drogue et psychologiquement fragilisée par les amphétamines qu’elle consommait comme des dragibus depuis les années cinquante, Jayne Mansfield était « un monstre de foire ». Elle ne méritait même plus son titre de « pin-up cheesecake« . Elle était la movie-star rescapée de l’apocalypse du cinéma hollywoodien , de la mort du star-system avec l’arrivée des cinéastes « intellos » européens tels que Godard, Fellini, Polanski la renvoyant aux navets qu’elle a tournés et à la médiocrité dont elle a fait preuve toute sa vie malgré un QI de 163.  C’était avant tout une fille de pub et, son énorme popularité la faisait « vendre » et elle-même se vendait très bien. Que ce soit pour l’inauguration d’un supermarché ou un lap-dance dans un bouge de Vegas, elle engrangeait des sommes colossales et avait un train de vie en conséquence. Car c’était surtout ça Jayne Mansfield, un pur produit fabriqué, un tiroir-caisse ripoliné rose girly et bleu poudré, une grosse voiture qui ne marchait pas encore au diesel, pas confortable à fréquenter, rapide sans limitateur de vitesse, bref une belle et bonne vieille Chevy de légende bien carossée qui fait rêver car on n’en fait plus ! Et que, vu l’air du temps, le retour à la décence et à l’économie, nous n’en verrons certainement plus. Dans l’explication possible de l’accident, l’auteur nous renvoie également à un gourou et au pseudo-mysticisme de la star (je ne vous en dis pas plus, pour que vous en en ayez à lire un peu)…

Si on la compare à ce qui se fait aujourd’hui dans le genre, ce serait une it-girl à la Paris Hilton (en plus excessive et charismatique). « (…) et en pionnière du kitsch new-yorkais, Jayne Mansfield  avait en 1967 une réputation atroce mais un indice de notoriété hors catégorie comparable seulement avec celui de Brigitte Bardot, des Beatles ou du Pape Paul VI. C’était la seule star internationale à accepter tout ce qu’on lui proposait. » p 47. Bien qu’elle fut devenue chauve à force d’abuser du péroxyde…ses perruques l’ont rendue tristement célèbre.

En revanche…oui… il fallait bien un bémol, je me pose la question : ce livre méritait-il le Prix Fémina ? Certes, il est bien écrit, avec quelques traits de style percutants, le « crescendo » est bien mené, nous ne lâchons pas le livre une fois commencé et tout en nous montrant le pire du pire de Jayne Mansfield, Simon Liberati réussit à nous la rendre sympathique, humaine, c’est tout juste si nous ne verserions pas une larme devant un tel gâchis (j’ai bien dit tout juste).  » L’oiseau de l’arbre poussiéreux devenait un rossignol et Jayne Mansfield devenait Jayne Mansfield. Elle arrivait à croire à elle-même comme un mauvais peintre qui se concentre trop longtemps sur sa toile finit par y voir des beautés qui n’y sont pas. » p 147.  Je n’ai pas la réponse à la question et je ne veux pas entrer dans la polémique (stérile) du copinage avec Beigbeder que l’auteur traîne comme des vieilles casseroles depuis l’arrestation cocaïnée (mains sur le capot) avec son pote… Après tout Fitzgerald a été LE pipole des années 20, il a écrit de la daube, des nouvelles alimentaires entre deux chefs d’oeuvre et ce sont eux qui sont passés à la postérité. Nous verrons dans trente ou cinquante ans ce qu’il en restera. En attendant je vous conseille la consommation de ce livre, sans modération. Ci-dessous des images de Jayne de ses débuts à 1967, son goût du kitschissime !

SUR L’AUTEUR

Une petite vidéo ICI, lors de la sortie de son livre « Anthologie des apparitions » chez Ardisson, ça vaut le détour ! Et plus soft, sur Wikipedia, par là !

47 réflexions au sujet de « JAYNE MANSFIELD 1967 de Simon Liberati »

    • Philisine, oui c’est lui, il a du talent, certes mais de là à obtenir le Fémina … Moi aussi je reste sceptique quant à l’attribution de ces prix et n’ayant pas lu ceux qui étaient en compétition cette année là, je ne me permettrais pas de juger.

    • Yuko, je n’ai pas hésité quand je l’ai vu en librairie, conquise par le format court (150 pages) et passée la nausée des premières pages, il faut avouer qu’il se lit très bien qu’il est bien documenté, je te le conseille ! 🙂

    • Sharon, on verra ce qu’il en restera dans un an, mais il m’a quand même impressionnée, il faut dire que je suis impressionnable mais les détails au scalpel de l’accident (en fin de RAT en plus), j’étais pas bien du tout jusqu’à ce que je l’ai fini : une fois fini ça va mieux !

  1. Je la connaissais de nom mais sans plus, je ne savais pas qu’elle morte décapitée !!! Les destins brisés, tragiques, c’est peut-être malsain mais ce sont des histoires que j’aime lire. Tu m’as donné envie de rajouter ce titre à ma liste d’envies 🙂

    • Natiora, en même temps sa mort et les images de l’accident ont été diffusées très largement (comme Lady Di), mal interprétées aussi à cause de la perruque qu’elle portait, des bios « fumeuses » ont été écrites avec tout et son contraire, Libérati fait le point sur tout cela et c’est très bien fait ! Un livre qui devrait te plaire !!! 😉

    • Argali, il y a 1967 dans le titre et il s’est surtout concentré sur la fin de cette femme à mon avis, ce qu’elle était devenue et comment il était presque inéluctable qu’elle finisse ainsi, pour le reste il y a des biographies certainement plus fouillées !!! 😉

  2. Je l’avais repéré l’année dernière mais du coup j’hésite un peu…
    Et merci pour la minute people! Je ne savais pas que Miss NYPD était la fille de Jayne Mansfield! :O (futile, moi? jamais!)

  3. De Jayne Mansfield je ne connais que l’image de la pin-up à la poitrine plus que généreuse.
    Ce que je découvre en lisant ton article n’est guère réjouissant. La célébrité tue de toute manière si l’on est pas bien préparé ou bien dans sa tête.
    De l’auteur je ne connais rien si ce n’est effectivement l’anecdote avec Beigbeder que celui ci détaille dans  » un roman français » sans jamais citer « Libérati »

    • MTG, en fait dans mon esprit je la voyais plus vieille et je pensais qu’en 1967 elle était déjà morte !!! J’ai cru comprendre que Beigbeder appelait Liberati « le poète » !!! Il y a de ça…

  4. Et bien ! en lisant ton billet, je suis bien heureuse de ne pas avoir été une super strar dans ma jeunesse ! remarque, en y repensant, je crois bien que je n’avais pas le tour de poitrine nécessaire….;) bises ♥♥♥

    • Somaja, oui c’eût été dommage de disparaître si jeune et outre le fait de ne pas avoir les mensurations XXL de la dame, tu as encore assez de cheveux pour nous éviter les perruques choucroutes !!! Warf !! Bises belle plante !!! 😀

    • George, je te préviens que les 50 premières pages sont « coton » !!! Mais il arrive à nous la rendre sympathique et ça ce n’était pas gagné !!! Et tu le liras très vite…

  5. Mauvais manip… Je termine.
    Et dans ce domaine du toc même pas un peu chic sûr que Jayne Mansfield est palme d’or. En fait, moi qui aime tant le cinéma et qui en reconnais les tendances parfois menant au caprice, c’est tout ce que je déteste. Mais c’est un témoignage très intéressant. Souvent la téléréalité que j’abhorre me semble dans la droite ligne de cette horreur. Enfin sur le plan filmo on s’accorde pour dire que seules les deux comédies sympas La blonde et moi et La blonde explosive valent le coup.
    Pour le Prix Fémina j’avoue ne pas savoir. En tout cas entre paillettes défraîchies, alcool et le reste, chienchiens à sa mémère, une somme de vulgarité mais un océan de solitude. Finalement…triste à pleurer.
    Merci pour cette découverte.
    Bises.A ttds.

    • Claude, je savais qu’il t’intéresserait ce livre ! C’est tout à fait ça… Elle aurait été reine de RealTV si elle avait vécu à notre époque.Mais quel destin malgré tout ! En opposition, tu as bien vu cette tristesse qui s’en dégage, quand le rideau descend… Contente que tu aies passé un bon moment, c’est déjà ça ! 😉 Bises et à ttds♥