RAY BRADBURY : CELUI QUI ATTEND et autres nouvelles


Voici huit nouvelles de cet immense auteur éditées dans les regrettées Editions Librio, toutes tirées d’autres recueils car le © général de Librio indiquait 1930, ce qui n’est pas le cas de toutes ces nouvelles mais il faut bien admettre que Ray Bradbury, dans ses écrits de science-fiction était visionnaire. Ce n’est pas de la science-fiction « technique » au sens propre du terme, je la trouve avant tout infiniment poétique et il s’en sert surtout pour nous parler de l’homme et de son sujet de prédilection : le Temps, qui est une sorte de fil rouge qui relie ces nouvelles, principal questionnement abordé sous des angles différents en fantastique comme en SF.

Ce sont 95 pages de pur bonheur, que ce soit sur le fond ET la forme, le style inimitable a le pouvoir de nous emmener dans des mondes imaginaires et/ou fantastiques, je vous les présente et je vous précise de quels autres recueils elles sont extraites :

CELUI QUI ATTEND :  Extrait de « Les machines à bonheur« ,  pas de © pour la date by Ray Bradbury, 1965 pour la traduction française chez Denoël. Premier coup de coeur. Des hommes débarquent sur Mars écrasée de chaleur. Ils sont irrésistiblement attirés par un puits et le reflet qu’ils y trouvent n’est jamais le même… Ce reflet est un piège où chaque membre de la mission va tomber et devenir « Celui qui attend » :   » Je vis dans un puits. Je vis comme une fumée dans un puits. Comme une haleine dans une gorge de pierre. Là-haut, j’aperçois les froides étoiles de la nuit, et celles du matin; j’aperçois aussi le soleil – et parfois je chante de vieux chants de ce monde au temps de sa jeunesse. Comment pourrais-je dire ce que je suis quand moi-même je l’ignore ?
J’attends – c’est tout. » Une de mes préférées, voire ma préférée en SF.

LA FUSÉE : Extrait de « l’Homme Illustré« , 1954 pour la traduction française chez Denoël. L’histoire tendre et triste d’un immigré italien, ferrailleur de son métier et pauvre de son état qui a un rêve. Mais la morale implicite est « n’impose pas  tes rêves de grandeur impossible à tes enfants sous peine qu’ils soient atteints du même désir qu’ils ne pourront réaliser ».  Il va user d’un subterfuge pour offrir malgré tout ce rêve à ses cinq enfants. Entre fantastique et réalité, la frontière est mince et le conte doux-amer… « (…) que Mars la rouge glisse sous la fusée, avec ses satellites  ; qu’il n’y ait pas de coupure dans les films en couleurs. Que les trois dimensions se maintiennent, que rien ne détériore les miroirs et les écrans cachés qui fabriquent le rêve. Que le temps s’écoule sans anicroche. »

LA PIERRE TOMBALE :  Extrait de « A l’ouest d’octobre » ©1988, 1990 pour la traduction française chez Denoël. Celle-ci est plutôt fantastique que SF, elle est surtout drôle et abracadabrante. L’histoire d’un couple de l’Oklahoma (les habitants de l’Oklahoma ont eu la réputation longtemps d’être des « ploucs », note de l’auteur) qui se retrouve avec une tombe sur les bras…

AOÛT 2002 RENCONTRE NOCTURNE : Extrait des Chroniques Martiennes © 1950 puis revue 1977, 1955 chez Denoël. Un aperçu de la vie sur Mars selon Bradbury, un bijou de fantaisie mais aussi et toujours de poésie. Et quand un terrien rencontre un martien sur cette terre que l’on imagine rouge que se passe-t-il ? A lire absolument ! « Une odeur de Temps flottait dans l’air ce soir là. Il sourit et retourna cette idée dans sa tête. Que pouvait bien sentir le Temps ? La poussière, les vieilles horloges et l’odeur des hommes. »

LE JOUR DE LA GRANDE EXHUMATION : Extrait de « Je chante le corps électrique » © 1948, 1951, 1952, 1964, 1965, 1966, 1967, 1969 by Ray Bradbury et 1971 pour la traduction française chez Denoël. Un de mes coups de coeur ! Plutôt fantastique. Une grand-mère de quatre-vingts ans se rappelle son amour de jeunesse enterré soixante ans plus tôt, il est resté intact sous la terre, il n’a pas vieilli alors qu’elle porte amèrement les stigmates du temps. Que faire pour qu’elle ne pète pas totalement les plombs ?   » Elle comprit alors, ce qu’elle aurait dû savoir depuis toujours, que les morts sont comme une cire que notre mémoire modèle à sa guise… » La chute est jubilatoire.

ICARE MONTGOLFIER WRIGHT : Extrait de « Un remède à la mélancolie » pas de date de © mais 1961 by Editions Denoël. Le rêve d’Icare qui va croiser Montgolfier et Wright, premier homme à effectuer un vol en aéroplane le 17 décembre 1903 en Amérique. Un seul et même homme au-delà des temps pour incarner ces trois là, unis par le même désir de voler (et d’y réussir). « Il était couché et le vent qui entrait par la fenêtre ouverte (…). On eût dit le porte-parole du Temps, érodant les cavernes de Delphes pour dévoiler le Passé, éclairer le Présent et prédire l’Avenir. Une voix s’élevait, très lointaine, puis deux, puis trois (…) Une nation tout entière d’hommes criait par sa bouche. »

LE PETIT ASSASSIN : Extrait de « Le pays d’octobre »  pas de © by Bradbury mais 1957 pour la traduction française chez Denoël. Coup de coeur absolu pour celle-ci, je fais un billet à part ! Je vous en reparle très vite !

UN COUP DE TONNERRE : Extrait de « Les pommes d’or du soleil » © 1953, revue en 1981 by Ray Bradbury, 1956 by Editions Denoël. L’idée d’une machine à remonter le temps pour explorer la chasse à travers les époques. « On entendait un crépitement pareil à un feu de joie brûlant le Temps lui-même, les heures empilées et jetées au feu. » D’un papillon à une étoile, au dinosaure… Que s’est-il passé ? Histoire passionnante.

Aymeline m’avait prêté ce petit recueil quand elle était venue me voir à Nantes, à l’hôpital. J’avoue ne pas avoir été réceptive à cette époque (début mars), étant sous substances licites mais néanmoins perturbatrices… Il m’a fallu les relire pour les apprécier à leur juste valeur. Pardon de les avoir gardées aussi longtemps mais je me serais privée d’un vrai bon moment de lecture !

Lecture dans le cadre du Challenge Hommage à Ray Bradbury qui nous a quitté le 5 juin dernier et organisé par Aymeline. Mais aussi pour Le Challenge « Les Mondes Imaginaires« , encore Aymeline, notre charmante challengeuse…

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33 réflexions au sujet de « RAY BRADBURY : CELUI QUI ATTEND et autres nouvelles »

    • Le petit assassin traite de la maternité et franchement à déconseiller si on est enceinte ou jeune accouchée ! L’histoire est terriblement bien menée ! 🙂 Je vais préparer mon billet pour la semaine prochaine !

      • Oh, ça me fait penser à une nouvelle de Catherine Dufour « L’immaculée conception » dans le recueil « L’accroissement mathématique du plaisir ». L’histoire n’est sans doute pas la même mais je la déconseille au même public 😀

    • Alors fais ton ménage de printemps (euh…d’automne), tu devrais en retrouver !!! A relire car quand on voit le copyright de certaines, c’est incroyable de modernité ! Intemporel pour certaines… 😉

  1. Je me souviens très bien de « UN COUP DE TONNERRE : Extrait de “Les pommes d’or du soleil” »
    ma préférée de Bradbury 😉

    • J’ai adoré aussi et ensuite Le petit assassin m’a tourné les sangs !!! 🙂 (mais heureusement que je les ai relues car sous m****e j’avais capté à moitié 😦 )

  2. C’est bizarre, il y en a dont de ne me souviens plus du tout ! Il faudrait que je relise ces nouvelles. J’avais le même exemplaire Librio et je ne remets plus la main dessus..pourtant je suis la reine du rangement ! 😉

    • Même les reines sont faillibles ma pôvre ! 🙂 Mais je ne doute pas que tu les retrouve et il y en a de plus marquantes que d’autres ! J’ai adoré La grande exhumation, Celui qui attend et Un petit assasin pour laquelle je vais faire un billet à part (dans la veine de Rosemary’s Baby…). Je me rappelle avoir lu en quelques jours « La ligne verte » de Stephen King, j’achetais un exemplaire dans le métro tous le jours et je le finissais dans la journée, bon en même temps entre deux et quatre heures de transport ça aide … Bises♥

  3. Ping : LE PETIT ASSASSIN de Ray Bradbury (nouvelle) |

  4. Oooooooooooh j’adore, je suis sous le charme, je suis conquise, je… Cette histoire de puits… et cette citation : “Une odeur de Temps flottait dans l’air ce soir là. Il sourit et retourna cette idée dans sa tête. Que pouvait bien sentir le Temps ? La poussière, les vieilles horloges et l’odeur des hommes.”
    Je retrouve toute la magie que Bradbury peut mettre dans si peu de mots ! Je file lire ton billet sur Le petit assassin ! 🙂

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