A l’orée d’un âge qui s’enfonce déjà dans la nuit, ton visage s’est flouté avec les années. Pire que sur une photo jaunissante, le temps, méthodiquement s’est chargé d’en grignoter les contours comme les vagues gomment les bordures des falaises dentelées. Tu étais devenu mon confident éternel, tu m’avais emprisonnée à jamais dans un vêtement de deuil même si je m’habillais de blanc. Mon humeur alors versatile était devenue uniforme, recluse dans une forteresse capitonnée où les bruits de l’extérieur ne me faisaient ni bien ni mal. Surtout les stridences des sonnettes tirées par ceux qui se grisent d’amour. Ce sentiment mis à toutes les sauces du malmenage. Il reste une manne inépuisable pour les psys en tous genres ; il réanime à point nommé les manchettes ennuyées des journaux. Dès qu’arrive l’été, les pipoles de la planète s’habillent léger, suivi par de blondes hétaïres, gloussant sur commande avant de rouler sous la table, noyées de vodka-coke. Mais je m’égare mon amour. Reprenons. Le temps, ce petit salopard m’arrache jusqu’au souvenir du malheur ! Ce flou qui s’obstine n’est-il pas plus terrifiant que la netteté du cliché ? Il faut dire que l’odeur du bonheur est plus légère, plus volatile que celle des charniers.
Mais je n’ai pas voulu incarner la nostalgie à moi toute seule. Ressembler à ce courant d’air qui s’était engouffré pour balayer ce qui restait de nous et me surprendre à mâcher du vide. Rester béante à panser mes cloques. A en devenir démagogue pour m’arranger avec ma bonne conscience (la mauvaise a fait pschitt toute seule !). Ce n’était plus une saine occupation mais un délitement sans issue. Mes illusions brisées sur les murs froids du silence jamais ne reviendraient… Et quand j’aperçois encore ton regard qui s’éloigne, je sais que les yeux de l’absence auront toujours la couleur des tiens, coulés dans le bronze de ma peau.
Ce que j’ai fait n’est pas trahir je pense. Tant d’années ont passé. Tu comprends ? Lui… Il est autre. Il est présent. Il aime. Il est vivant…
C’était ma participation à l’atelier d‘Olivia, « des mots, une histoire ». Les mots imposés étaient : versatile – hétaïre – uniforme – vêtement – cloque – jaunissant – démagogue – manne – goguenard – tablette – illusion – forteresse – confident – griser – manchette – occupation – orée – sonnette.
Je n’ai pas utilisé tablette, désolée !
Je trouve sincèrement très beau ! Belle plume !
Merci Marlaguette ! J’ai fait ce que j’ai pu…
Comme toujours très belles lignes,un sillon tendre et âpre.J’aimerais que le temps ne soit qu’un petit salopard.C’est une belle ordure…A bientôt Aspho…
Merci Eeeguab, je suis restée polie ! 😉 A tout à l’heure !^^
Amère et belle mélodie. Bravo Aspho !
Merci Syl., j’ai repris un texte ancien que j’ai retravaillé, finalement avec les mots imposés c’est aussi difficile…♥
Bravo, très beau texte et le choix du tableau est raccord. Merci pour ce moment de poésie.
C’est toi que je remercie de ton passage ici ! 🙂
… C’est pourtant un texte à conserver dans tes « tablettes » 😉
Merci Oncle Dan, je l’avais déjà dans mes tablettes persos, je l’ai quand même beaucoup modifié…mais quand un mot « dénature » vraiment ou m’embarque dans autre chose, je préfère le laisser de côté ! Je n’ai rien contre les tablettes de chocolat bien sûr ! 😉
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Très belle participation ! Vraiment !
Merci Yuko…j’en bafouille… 🙂
Tu m’as fait pleurer.
Ho beu non ! 😉
Oh beu si !
🙂 tss tss…
Mais il est magnifique, ce texte !!!!!!!
(Comme dit chez Olivia, difficile en période d’exams de s’organiser et de prendre le temps de se pencher sur les mots imposés… 😦 Mais ce n’est que partie remise !)
Mais c’est du boulot !!! J’y passe une partie du mercredi et en général mon jeudi après-midi !!! On t’attendra n’aie crainte hé hé !!!^^
Oui, je veux bien croire ! Mais tu t’appliques et ça donne de très très belles choses ! 🙂
Je ne m’applique pas toujours !!! 😆 On n’a pas toujours forcément le temps et souvent, les mots imposés nous emmènent là où on ne croyait pas aller !!! C’est intéressant comme démarche, je te la conseille !!! 🙂
Ahah, promis, je reviendrai me perdre bientôt dans les mots imposés ! 🙂
On t’attendra ! 🙂
Comment oses-tu faire pleurer Olivia? moi j’ai résisté! un mec ne doit pas pleurer…snif
Je n’ai pas fait exprès ! Petite chose, tiens je te prête mon kleenex déjà trempé ! 😆
Merci wens ! 😉
Toujours paternel et solidaire notre surineur au grand coeur !!!^^
Ton instantané ou ta photographie est vraiment touchante, vraiment forte et belle…que dire de plus, sinon que beaucoup de personnes doivent être touchées en lisant tes mots.
Si des personnes se reconnaissent, c’est déjà ça…
Bonsoir,
Belle plume, il n’y a pas à dire…Et mâcher le vide… quelle belle image.
bonne fin de semaine
@mitié
Merci Covix !^^ Ca ne t’est jamais arrivé de mâcher du vide ?^^
Le temps est assassin … Tu le dis si bien
J’aime beaucoup les « yeux de l’absence … »
Merci Val, et oui le temps… 🙂
C’ est bien de « revivre » et ça n’ enlève rien à l’ autre, s’ pas ??
Heureusement encore !!!^^
C’est beau, bien écrit, mais c’est vrai que pour caser tablette là-dedans…
Bon WE !
Il y a souvent un mot qui fait « tache » et ce n’est pas forcément le plus compliqué…
Je me demande souvent pourquoi tu es encore là à écrire sur un blog… Ta plume est tellement magique.
Conserves-tu tous tes textes ?…
Nos écrits évoluent forcément au fil du temps, mais c’est un exercice sympa avec la difficulté supplémentaire d’y glisser des mots imposés.
Bon we
Bonne Fête à toi et à ta Maman, pour demain (encore un marronnier commercial…)
Gros bisous d’O.
😳 Mais si je ferme mon blog tu vas pleurer !!! 😆 J’aviserai quand je le sentirai ! Bonne fête à toi aussi, on fait ça en famille avec barbecue (s’il ne pleut pas), mais j’ai toujours un plan B !!! Bises orageuses de BNZ ! ♥
Je n’aime pas forcément Dali mais j’adore ton choix 😆
Moi non plus je ne suis pas fan même si je reconnais le talent mais là, en cherchant une image sur le temps, celle-ci s’est imposée… 🙂
Hello Asphodèle
oui il y a des virages que l’on prend dans la vie qui ne sont pas toujours faciles à négocier: c’est dans ces moments là de doutes et d’interrogations que souvent notre sensibilité s’exprime au mieux.
Beau texte!
Antonio
Bonjour Antonio, on apprend à sortir du virage sans tomber dans le fossé à la longue… Merci et bonne journée à toi ! 🙂
Ton texte est magnifique et les mots sont époustouflants. 😀 Tu les manie avec brio et dextérité. J’adooore !!! 😀
Toouut ça ? Merci Cériat !!! 😀
Bel hommage au temps qui passe et qui sépare inélucatblement ceux qui s’aiment… Et qui ne laisse effectivement la priorité qu’aux vivants. Très beau ton texte
Coincoins vivants
Merci Canardo pour ces coincoins !!! 🙂
Mmm… Simplement délicieux et « rongeant » comme le temps qui grignote les souvenirs…
Merci Isa Lise ! Le temps nous bouffe tu veux dire…
Ah! la mauvaise conscience qui fait pschit… C’est vrai, parfois.
On occulte ce qui nous gêne, c’est bien connu !!!^^