LES PLUMES DE L’ANNEE 11 – Les textes en K !


Pour cette avant-dernière session de l’année 2011, il y a eu confusion avec Olivia, bah oui, je fatigue en fin d’année et les vacances belges n’étant pas les mêmes, nous nous retrouvons avec deux textes, pour certains, à écrire coup sur coup. Les intempéries m’ayant privé de mon ordinateur de jeudi soir à vendredi matin 10 heures, j’ai donc fait un seul texte (un peu long je vous l’accorde 😉 pour pouvoir placer les 39 mots réunis pour cette double occasion !

Les mots en K à placer sont: kyrielle -képi -kaolin -kaki – koala -kangourou – kilomètre(s) -krill – kamikaze -kiwi -khôl -kimono.

Ceux de « Des mots, une histoire » chez Olivia sont : mécréant – certificat – douche – bises – givré – gluten – adresse – rafale – tendresse – excuse – bruire – catastrophe – autarcie – perce – vaporeux – rugby – découverte – ivresse – possible – carte – intimité – espiègle – pile – prière – page – licorne – aphrodisiaque.

Les participants, par ordre d’arrivée des liens sont Olivia, Jean-Charles, Mind the Gap, Valentyne, CériatAnne de L’âne de Bretagne,  Patricia qui publie chez Jeanne et à qui je souhaite la bienvenue ! Aymeline, Wens , Gwen de Moderne Solitude, Pierrot Bâton,   Ella, Zoë publiera dimanche en début d’après-midi (edit de 10 h 38) Et mon texte ci-dessous.

La PLUIE QUI COGNE…

L’horizon se repliait doucement au cœur de l’hiver, les espoirs du printemps se froissaient d’eux-mêmes sous les rafales du chagrin qui emplissait sa vie jusqu’au bord. Même le ciel baillait d’ennui aussi loin que le gris s’étendait.

Debout près de la baie vitrée, son kimono soyeux dont les manches vaporeuses ressemblaient à  un froissement de libellules écarlates glissa lentement le long de son corps finement ciselé. Après sa douche, elle finit sans y penser une biscotte sans gluten, laissant son regard cerné de khôl se noyer dans les gouttes de pluie qui roulaient sans cesse depuis le matin. Paul venait de lui téléphoner et elle ne savait pas encore à quelle catastrophe s’attendre si elle allait au rendez-vous qu’il venait de lui proposer. Une bise glaciale se faufilait dans son cœur et donnait un aspect givré à la réalité. Elle s’étira longuement, s’habilla et décida de prendre le premier train pour la Rochelle.

Alors que le TGV filait silencieusement dans la campagne morne et sombre, elle trouva étrange l’adresse où Paul voulait qu’ils se retrouvent : « 13, rue de la Licorne bleue, entre les docks et le vieux port, près du club de rugby régional ».  Qu’allaient-ils faire sur les docks à une heure pareille ? Les bateaux du port de plaisance voisin devaient valser ferme avec cette tempête qui  chahutait déjà. Ils étaient fous voire kamikazes de rester dehors pendant que le ciel menaçait de se disloquer au-dessus d’eux ! Le contrôleur, affublé d’un étrange képi, sorti tout droit d’un film des années 50 la regardait par en-dessous tout en faisant semblant de vérifier son billet. Sa seule présence, pleine de suffisance l’agaçait. Depuis quand avait-elle décidé de vivre en autarcie avec elle-même, indifférente aux autres, passagère clandestine de son propre destin ? Depuis…évidemment qu’elle savait, évidemment qu’elle ne voulait pas… mais encore plus évidemment, elle courait comme une baleine après un krill dès qu’IL l’appelait. Les aveux de Paul l’avaient brisée, même sa meilleure amie désespérait de la sortir du marasme où elle se consumait, tel le perce-neige refusant de braver le premier la froidure hivernale.

Elle sortit de la gare et marcha rapidement, les mains serrant frileusement le col  de son manteau. Une kyrielle de guirlandes clignotaient stupidement dans les rues désertées à cette heure avancée. Une boutique de jouets attira son attention : un kangourou géant bondissait en cachant un koala dans sa poche ventrale, des kiwis impassibles, le bec traînant par terre semblaient la fixer de leurs yeux en verre couleur kaki lui arrachèrent un frisson. «  Quelle horreur », pensa-t-elle. Noël ne l’inspirait pas du tout, ce bolduc racoleur destiné à entretenir une frénésie commerciale lui donnait la nausée. La nuit sombre venait de s’ouvrir, béante sur le silence qui montait de la ville endormie. Près du port, les réverbères se reflétaient dans l’eau calme ou faisaient des flaques tristes sur le bitume glacé. Rien n’inspirait le bonheur, rien n’incitait à rester dehors. Paul, adossé contre le mur raviné d’une vieille bâtisse désaffectée l’attrapa par la taille. Elle hurla, terrifiée :
« Tu m’as fait peur imbécile ! » « Et oui je sais, je suis en retard »  souffla-t-elle sur un ton d’excuse.

Elle ne put s’empêcher de sourire face au regard espiègle qui venait à bout de sa raison et de ses arguments. Ce mécréant invoquait et remerciait les dieux sans vergogne de l’avoir rencontrée. « Ma prière a été entendue, l’infini des possibles s’ouvre enfin à nous ». Il ne vit pas son visage livide qui brillait dans la nuit comme celui d’un Pierrot de lune pleurant sous un masque de kaolin.
– Es-tu prête pour une surprise ?
– Non pas vraiment mais dis toujours !
-Tu vois le bateau en face, oui, le blanc illuminé qui est à quai ?
– Le rafiot tu veux dire ?

Vexé, il s’aperçut enfin de sa pâleur extrême et se radoucit immédiatement :
– Tu viens de parcourir des centaines de kilomètres, viens, montons dans notre bateau, nous serons au chaud !
– Notre ? Mais…
– Oui, je t’expliquerai, j’ai les certificats nécessaires, tout est prêt !
– De quoi  parles-tu ? Tu te maries après-demain avec une autre et tu m’emmènes sur « notre » bateau ?

Ils franchirent la passerelle qui tanguait sous les rafales de plus en plus violentes, Camille s’accrochait des deux mains aux cordes qui servaient de rampe et ne put s’empêcher de penser qu’il en avait toujours été ainsi, la vague les jetait inlassablement l’un contre l’autre, quels que soient les chemins détournés qu’ils avaient pris.
Dans la cabine lambrissée de teck, Paul s’était précipité dans le coin cuisine et préparait un Manhattan pour elle tout en sirotant son Mojito. L’ivresse les gagnait et l’atmosphère se détendit d’un coup. Camille venait de passer le kimono rouge qu’elle avait emmené avec elle, son parfum subtil envahissait l’habitacle et les breuvages aphrodisiaques dispersaient dans l’air une chaleur nouvelle…une intimité retrouvée où la tendresse bruissait comme une caresse sur leurs peaux prêtes à s’enflammer au premier frisson…

Il étala la carte marine sur le lit et posa son index sur un point minuscule. Son regard interrogatif le fit continuer :- C’est là que nous allons et demain nous serons mariés ! J’ai de faux certificats mais qu’importe, nous n’avons pas besoin d’eux pour savoir que nous sommes compatibles dit-il en riant.
Son kimono glissa de stupeur, le rouge lui monta aux joues en dessinant un coquelicot sur sa bouche muette de surprise en même temps que des larmes irrépressibles roulaient en silence sur son visage diaphane :
– Mais… je ne…comprends pas !
– On n’explique pas, on ne justifie pas l’amour, nous avons une immense page blanche devant nous et nous allons déchirer celles qui nous ont rendu malheureux !  Il remit  la carte sur une pîle de livres qui traînait au pied du lit,  l’attira doucement contre lui et ses mains sensuelles, insatiables de tendresse  faisaient écho aux mots qui parlaient de découvertes, d’avenir et de promesses s’accordant parfaitement avec la passion que le vent au-dehors déposait loin, très loin éloignant pour un temps les jours sombres qui fuyaient à reculons. La lampe à pétrole s’éteignit, soufflée par le vent laissant leurs corps embrasés illuminer la nuit furieuse qui grondait au-dehors.

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Désir d’histoires chez Olivia, c’est par là. et pour les règles du jeu, cliquez sur l’image !

45 réflexions au sujet de « LES PLUMES DE L’ANNEE 11 – Les textes en K ! »

  1. ta lampe à pétrole soufflée par le vent au moment où on allait voir une sacrée scène…et pof dans le noir. Je viens visiter ton blog et je découvre que tu as mis les mots en K alors que je les attendais la semaine prochaine! je connais le coup de la fatigue! je vais pondre dans mon coin un petit quelque chose un en-cas.

    • Il m’a donné du fil à retordre ce texte car il y en avait deux au départ, puis la tempête m’ayant privé d’ordi, je l’ai remanié pour n’en faire qu’un, bref… Je te pardonne pour les crayons, je m’emmêLe assez souvent ces derniers temps 😉 Je rajoute ton lien de suite !

  2. J’adore la baleine qui cavale après le krill (elle aura toujours faim après, la pauvre ! ).
    Ainsi que les pages à déchirer.
    Et je veux, que dis-je, j’exige une suite ! 😉

    • C’est ça l’amour : ne jamais être tout à fait rassasiée pour continuer… Pour la suite je ne te promets rien ! Les deux semaines à venir vont être houleuses, mais promis, j’y pense ! 😉 Je serai moins chargée côté blog, alors qui sait ?

  3. Très pictural et imagé ton texte… J’aime le coquelicot, et la page blanche…
    Pas eu le temps cette semaine, en ce moment, je fais le lutin de Noël et fabrique des cadeaux, pas trop de mots à enfiler sur des colliers du coup ! Pour la prochaine édition peut être !

    • Oui …j’ai tendance à « imager »… Mais c’est bien aussi de savoir faire des choses de ses dix doigts ! Je t’envie, comme Syl. d’ailleurs d’être aussi adroite ! Moi je sévis en cuisine et les petits gâteaux et autres gourmandises vont commencer à remplir les boîtes en fer blanc !^^ Les deux semaines qui viennent vont être plus calmes en écriture et lecture… Je ne suis pas encore clonée 😉

    • Et bien prends ton temps Cériat, les textes ne vont pas bouger à moins qu’un horrible cataclysme détruise nos plates-formes ! 🙂 Il y a plus de chance que ce soit nos ordinateurs qui claquent avant… A demain ! 😀

  4. Hé bien quelle aventure, quelle romance…il est facile de s’identifier aux personnages. J’aime beaucoup la première phrase du dernier paragraphe…la possibilité d’une page blanche. Quand au kimono, il est rouge chez toi…
    Je t’embrasse.

  5. j’adore les histoires de rendez vous , l’attente , la peur et l’imprévu
    La je suis servie , quelle romance
    tu as fait fort avec les mots en K et les mots d’Olivia
    c’est fluide , c’est vraiment agréable de te lire
    j’aime aussi le port de la Rochelle
    bisous

    • Merci Jeanne 😳 C’était une histoire en deux parties au départ, il a fallu que je trime pour n’en faire qu’une ! Et La Rochelle n’étant pas loin de chez moi, c’est aussi la ville natale de ma maman, je connais bien ! Bises 😀

  6. Une histoire pleine de poésie qui nous emporte sur des vagues tourmentées avant de nous déposer à bon port, j’adore ! 😀 Tu pratique des très bon jeux de mots aussi, et j’aime la façon que tu as d’utiliser les objets et de leur donner une fonction active, comme le fameux « kimono qui glisse de stupeur ». 😀

  7. Pas grand chose de nouveau à dire tout a été écrit. Simplement un constat qui n’est qu’une évidence : la pivoine est une belle plume. 😛
    Une jolie histoire, un peu sensuelle, que je n’aurais sans doute pas écrit avec les mêmes images si tu vois ce que je veux dire. 😀 😳
    On y voit les mots en K ceux de la semaine aussi et on n’oublie pas la tempête au passage, mais peut-être que toute cette histoire n’est que ta réalité ?

    • Tsss Tsss c’est une enquête ? je n’avouerai rien même sous la torture !!! 🙂 Et la pivoine te remercie chaleureusement, elle en perd ses pétales ! (la tempête est passée et nous avons un soleil printanier malgré le froid !:^^)

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