Ma participation au jeu initié par Olivia Billington que vous retrouvez ici et qui consiste à écrire un texte en y insérant des mots imposés, ils sont 15 cette semaine : trésor – pleure – archiduc – chaton – – tonnerre – nénuphar – fantôme – un emprunt – brocante – muscles – libido – panne – désirable – jalouse – horloger.
Quand souffle le vent d’ouest en rafales, Mademoiselle remonte le col de son chandail et s’en va errer sur les docks, le visage tourné vers l’océan gris et sale, guettant au loin le tonnerre qui ricane, son chaton frileux serré tout contre elle, à l’abri sous son blouson de cuir. Elle rêve que les bateaux qui croisent au large reviennent des Indes ou du Timor oriental, les flancs chargés d’épices et de trésors insoupçonnés. Elle aime sauter dans les flaques sombres, nénuphars sans joie du bitume qui la serre et l’oppresse. Vite, vite, elle court sous la pluie, elle vient d’apercevoir le bonnet bleu de Julien derrière une palette qui glisse vers le ventre d’un cargo.
Elle s’accroche à son cou en riant pendant que Chaton miaule et s’enfuit, exclu de cette étreinte trop vive. Mademoiselle oublie la pluie dans les bras tout en muscles de son homme, des soleils trop blancs éclatent dans ses veines et se nichent dans le creux de son ventre. La voix soudain rauque de Julien la fait frissonner, sa libido s’enflamme et elle le couvre de baisers. Elle se fait désirable et petite dans ces bras là, oubliant un instant les souvenirs qui l’attendent dans sa vieille maison à la brocante, perchée sur la lande où la misère s’est attardée. Les verres sont ébréchés d’avoir trop trinqué, des clous rouillés fixent les planches clouées aux vitres brisées depuis longtemps, ouvertes à tous les diables. Une maison en panne de vie et de tendresse ; alors, la nuit venue, ils se serrent fort l’un contre l’autre pour se réchauffer, laissant Chaton jaloux griffer les pieds du lit mangés aux termites. Ils dessinent leurs rêves sur les murs décrépits qui suintent encore de cris et de larmes d’un passé qui n’est plus : il joue à l’archiduc du navire en partance et elle se fait princesse d’un royaume au soleil bleu, là-bas, loin derrière l’horizon.
Ils ont repris Chaton et courent vers la lande, ils le savent qu’ils partiront un jour, ils feront un emprunt sans rendu pour rejoindre le Timor oriental, ou les Indes, là où le bateau ira… Ils font confiance au grand Horloger là-haut qui saura trouver l’heure, les prendra dans son orbe et leur dira : » Allez les enfants, il est temps maintenant de laisser vos fantômes derrière, il est temps de cesser de pleurer, cueillez la vague qui arrive et suivez-la jusqu’au bout, jusqu’à ce que l’écume vous dépose sur le rivage ami qui vous attend… »
Mademoiselle croit au grand Horloger qui lui parle quand le vent d’ouest se meurt dans une dernière bourrasque et, comme au temps fugace d’un baiser, elle oublie qu’il fait froid là-haut sur la lande, elle oublie que Julien n’est jamais revenu du Timor oriental, mais elle l’attend sur les docks chaque jour en serrant fort Chaton contre son coeur…
Très joli et très émouvant.
Merci Lili !! J’avais fait une fin heureuse et non, décidémment, je n’y arrive pas !! Plus court que d’habitude, tu sais pourquoi… 😉
Cette brièveté ne nuit pas l’ensemble, au contraire !!
Merci, on s’ennuie moins longtemps hein c’est ça ???^^
Pffff !
Oui, c’est émouvant et très beau.
Biz
Merci Syl. ! La semaine prochaine, j’essaierai quelque chose de drôle si les mots s’y prêtent… Bises
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Oooh, la fin !
Un beau texte, comme d’habitude !
Merci Olivia ! T’as vu ? Je n’arrive pas à faire dans le happy end…
Un texte sensible et très poétique. J’aime particulièrement l’image des « flaques sombres, nénuphars sans joie du bitume ». Bravo!
Merci Gwen ! Comme quoi les mots imposés « imposent » parfois des images qui ne seraient pas là… Il va falloir que je saute le pas chez toi, mais le dimanche pas facile pour moi !! 😉
Très beau récit, et ce n’est pas évident de faire une fin heureuse, cette histoire finit très bien ainsi je trouve. Sinon, rien à voir, mais j’ai vu que des inédits de Fitzgerald viennent de sortir pour la première fois en français ! Bonne journée 😀
Hou tu m’intéresses dis-donc !! Tu as vu ça où sans indiscrétion ??^^
Dans le nouveau Télérama, mais ne t’embête pas à l’acheter je t’enverrais l’article avec tes livres la semaine prochaine 🙂
C’est gentil ça ! Je t’enverrais aussi le livre que la semaine prochaine car j’avais Bacalao à faire suivre qui n’est pas à moi !! Sorry…L’enveloppe est déjà prête !
Très émouvant ! J’aime beaucoup : » Ils dessinent leurs rêves sur les murs décrépis qui suintent encore de cris et de larmes d’un passé qui n’est plus ». C’est triste et beau à la fois !
Merci Sév, avec les mots imposés, on suit l’inspiration comme elle vient et…comme on peut…. (ça y est Bacalao et Sagan sont partis ce matin) !!^^
Tu fais un texte toutes les semaines ?
(merci c’est super !)
Oui, toutes les semaines !! C’est un jeu chez Livvy (Olivia), tu as le lien en haut du texte et tu peux participer ou laisser un mot, comme tu veux, tu verras c’est amusant, on commence à se creuser les méninges dès le mardi…;)
très poétique
superbe. J’aime beaucoup.
christelle
Merci Cricket !
bravo! très joli texte, j’aime beaucoup cette ambiance que tu as créée!
Merci !! Les mots ont totalement pris le dessus et c’est vraiment de l’improvisation cette fois !!^^
Mélancolique mais pas triste, une incursion émouvante dans la vie de Mademoiselle tout en poésie, j’aime beaucoup…
Amicalement, Muriel
Merci Muriel !! Avec les mots imposés, on ne sait jamais où ça nous mène !! Un peu débordée en ce moment !! Toutes mes amitiés.^^
Bravo ! Défi relevé et texte émouvant. : )
Merci ! Il faut déjà se pencher sur celui pour vendredi, oïe !! 😉
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