Voici ma deuxième participation au jeu d’Olivia Billington (Livvy) avec les mots imposés suivants : shampooing, libellule, théière, silence, soleil, unifier, olive, enthousiasme, excellence, attachement, lion, ville, acide, chantilly, in extremis. Quinze mots cette semaine , et je vous propose la suite et la fin du texte de la semaine dernière…
LES VALSES ANCIENNES (suite et fin)
Alors que ses pieds renouaient avec la terre ferme, les contours du visage se dessinaient, corolle offerte au soleil imperturbable et complice. Il l’aurait reconnu entre mille ! Hanna, sa muse, son amour inachevé, le versant heureux de son âme lui revenait. Ils avaient tant dansé sur la place du village… Hier ? Pourquoi avait-il jeté son éphéméride, seul repère qui lui restait dans ce monde désincarné ?
Il s’approcha des arbres à grandes enjambées, apaisé par le calme soudain. Il cueillit une olive au passage et la savoura en fermant les yeux. Une olive ? Etait-ce bien réel ? La couleur des yeux d’Hanna, l’olive verte et juteuse, les symboles se multipliaient. Il chuchota presque : « Hanna, c’est bien toi ? Tends tes mains vers moi, dis-moi que tu vas unifier les deux mondes… » Les feuilles argent de l’oliveraie frémirent et elle apparut enfin, rêve intact encore voilé par le silence immobile de ses lèvres closes. Il fut contre elle en un instant, violemment, tel un lion trop longtemps prisonnier de la cage inhumaine où gisaient ses blessures. Avec un sourire en coin, elle lui reprit la capeline et la remit sur sa longue chevelure rousse qui brûlait de lueurs vénitiennes. Une libellule égarée vint s’y poser, clin d’oeil heureux au désir qui renaissait. Leur long baiser décrocha les étoiles oubliées dans l’absence, rien que pour eux. « Yvo…pourquoi si longtemps…sans toi ? » Il ne put répondre, la serra plus fort contre lui et ils continuèrent à marcher ainsi, au-dessus du temps, en haut de la plaine qui s’assombrissait. Il comprit soudain qu’il avait basculé dans une folie acide et vaine depuis le départ inexpliqué d’Hanna. Le monde n’avait pas changé, lui seul le voyait ainsi à travers le prisme violent de son désespoir crépusculaire.
La nuit tombait sur la Toscane de leur enfance. Du haut du promontoire rocheux, ils virent s’allumer une à une les lumières de la ville voisine, danseuses fragiles de cette réalité encore incertaine…
Soudain, le sifflement de la bouilloire ramena Yvo à la réalité. Il se leva avec enthousiasme, arrachant gaiement la feuille qu’il venait de taper sur sa vieille machine à écrire. Il saisit in extremis la théière brûlante pour s’y réchauffer les mains, fit couler le liquide ambré dans sa tasse culottée par les ans, y ajouta un nuage de chantilly pour le plaisir. Il était temps d’aller prendre un bain, de savourer le shampooing familier aux odeurs de sauge et de lavande mêlées en écoutant la musique d’une valse ancienne…
Il jeta un dernier regard depuis la baie vitrée et se dit que non, décidémment, il aimait trop ces deux là, son attachement était viscéral et il lui faudrait finir leur histoire, il voulait l’excellence. Demain peut-être ? Il avait tout l’été devant lui…
De bien belles phrases et une jolie pirouette !
Merci Olivia, ça ne pouvait finir que comme ça !^^
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magnifique !!! quelle façon d’écrire délicieuse !!
Merci Cricket, je viens de rentrer et vais aller faire un tour et lire le tien !!^^
Que de découvertes dans ces textes avec des mots imposés. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire le tien
Tant mieux, c’est le but de faire plaisir en se faisant plaisir… Merci à toi ! 😉
Très beau texte et très intéressant. Donc défi superbement réussi!
Amicalement
Violette
Merci, c’est toujours un plaisir ce jeu !! Amitiés à toi également !!
Génial ce jeu, on dirait Des Papous dans la tête! 🙂
Je confirme, tu peux participer si ça t’intéresse !! Les consignes sont chez Olivia. C’est stimulant !!^^
belle écriture… j’ai beaucoup aimé
Merci beaucoup et merci de ta visite 😉
Les valses anciennes le ramènent assurément à de jolis souvenirs. Seigneurs, tes métaphores sont encore magnifiques (« marcher au-dessus du temps », « à travers le prisme violent de son désespoir crépusculaire », « danseuses fragiles de cette réalité encore incertaine ». Et puis j’en connais qui seraient morts ne serait-ce que pour entendre d’aussi beaux mots d’amour: « corolle offerte au soleil imperturbable », « Hanna, sa muse, son amour inachevé, le versant heureux de son âme ». Tu es poète ma belle Isa, que c’est beau! 😉
J’ai un petit Thomas à la maison avec moi aujourd’hui, avec de la fièvre, il fait dodo… Et si j’allais lui lire tes mots tout doux?…
Bisous et bonne soirée
Nadine, waouh ! Tu sais que c’est ma première participation à un atelier d’écriture ce texte, j’avais un trac pas possible !!! merci infiniment à toi de l’avoir lu et ton avis a beaucoup de sens à mes yeux !!! Je ne conçois pas la vie sans poésie, je pense poésie, j’écris de même…c’est une langue familière ! Tu crois que ces mots intéresseraient un enfant de sept ans ? J’aimerais ! Bises Nad, tu es trop chou ! J’ai eu ton mail mais je suis débordée avec le jeudi poésie, un billet pour demain et un billet récap de mon challenge, rien que ça ! :lol:, j’y réponds demain, au retour du dentiste, bouh ! 😦 Gros bisous 😉