Le printemps s’installe doucement et malgré les gros pamplemousses dorés qui se pavanent sur la carte de Météo France, il fait un peu frisquet et suffisamment doux pour reprendre le chemin du jardin, y planter un fauteuil en osier au soleil ou sous un arbre et pourquoi pas en compagnie d’Albert Camus, cet écrivain, poète et philosophe…pas si inabordable que certains pourraient le croire, au contraire !
Pas question de chroniquer ici un de ses livres, de Noces au Mythe de Sisyphe, en passant par l’Envers et l’Endroit, l’Homme révolté, Les Justes, La Peste, etc. Ni de vous faire un cours de philosophie, juste vous en parler un peu tel que je le garde en mémoire… Parce que c’était un homme avant tout, et qui traduisait sa pensée en fonction de ce qu’il vivait et non l’inverse, à l’inverse de beaucoup de philosophes…
Camus ressemblait aux terrasses orientales de son Algérie natale, un espace vaste, disponible, dépouillé de tout préjugé, prêt à s’éveiller à la conscience de la vie en laissant sa chance à l’instant initial, primitif, tels les premiers matins du monde dont il parle si bien dans Noces : « Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages tout nous paraît futile (…). C’est le grand libertinage de la nature et de la mer qui m’accapare tout entier. » La minéralité brute qui appelle à l’éveil de cette conscience de la vie, en étant au plus proche de l’authenticité chère à son coeur ; sa marque de fabrique, son empreinte indélébile et son regard unique : « Qu’est-ce que le bonheur, sinon l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène ? ».
Voilà pourquoi, il me semble, que sa philosophie est avant tout un humanisme de l’existence et non « existentiel » (tel que Sartre en a parlé).
Quand on lui remettra le Prix Nobel à Stockhölm en 1957 et que certains fâcheux objecteront sur son oeuvre, il répètera, inlassablement : « Je crois à la justice mais je défendrais toujours ma mère avant la justice ».
Et pour conclure brièvement, alors qu’il y a tant à développer, on peut dire sans trop se tromper que défendre l’homme prend chez Camus l’ampleur d’une vocation, un destin consacré à lutter contre les habitudes machinales vouées à l’absurde, puis à la révolte et pouvant mener au suicide et les nihilismes en général.
Cet avocat du diable et des hommes, disparu le 4 janvier 1960 au détour d’un virage absurde, contre un arbre non moins absurde, a laissé l’humanité orpheline d’un créateur forcené à la pensée claire et juste qui n’avait pas achevé son oeuvre, elle aussi orpheline d’une grande partie de l’Endroit de sa pensée alors qu’il nous en avait si bien démontré l’Envers…. Ou l’inverse pour d’autres…
Citation : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité « .
Alors, ce n’était pas si difficile la philosophie, avec Camus ?
Bel article, ça me donne envie de le relire aussi !!
J’ai toujours Noces à portée de main et pour le reste, des extraits de temps en temps, c’est bien !! Ca suffit…
Il y avait eu un challenge Albert Camus l’année dernière sur les blogs, ce qui m’avait permis de le relire et de découvrir de nouveaux titres.
Bah voilà, je suis arrivée trop tard ! Ce n’est pas très important, on peut se lancer ses propres challenges !^^
En plus d’avoir lu une partie de son œuvre, j’ai lu la biographie réussie d’Olivier Todd. Mais là plutôt de replonger dans Camus j’ai envie de découvrir la trilogie de Sartre « les chemins de la liberté » que je ne connais pas.
Juste parce que Sagan écrit dans Un certain sourire : « C’était un très beau livre de Sartre, l’Age de raison. Je m’y jetai avec bonheur »
J’ai envie de lui faire confiance,car elle était aussi une grande lectrice.
Effectivement, c’est un très bon argument ! Moi aussi, j’ai cherché (vainement) dans mes fameux cartons un seul livre de Sartre, j’avais Les Mots, j’en suis sûre, mais rien ! Je vais racheter car ceux-là sont des indispensables d’une bibliothèque qui se respecte ! Merci pour le titre de la trilogie, je le note. Simone de Beauvoir s’est perdue, elle aussi… Vive les déménagements !
je lisais bien un traité de philo juste avant d’accoucher de Grand Ange !!!
Qui c’est çuilà ?^^Il doit être saaage dis donc !! Moi ma chienne s’appelle Philo, c’est te dire mon goût pour la chose !
Grand Ange (7 ans) est mon fils aîné et Petit Ange (5 ans), le cadet.
J’adore Camus !
Moi itou !
Depuis la lecture récente d’un billet sur un de ses livres je me suis dit que je devrais vraiment (enfin) le lire!
Ouiii mais commence par Noces plutôt que l’Etranger, tu verras c’est magique !!^^
J’aime beaucoup les citations que tu as choisies, surtout la dernière 🙂
Oui, il avait le sens de la formule et…de la formule juste ! Certains feraient bien de le relire…
j’ai lu (il y a longtemps) l’étranger, la peste, caligula:j’avais aimé, mais je n’y suis plus revenue depuis. très abordable en effet, une langue claire toujours…un classique quoiqu’il en soit.
Plus abordable avec le recul en tout cas ! Et toujours un plaisir de lire certaines « vérités » toujours d’actualité, sinon plus !! 😉
Tu me diras, j’abandonne !